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Macron au Qatar: moisson de contrats et lutte contre le terrorisme

Le président français Emmanuel Macron a engrangé jeudi à Doha pour plus de 11 milliards d'euros de contrats et accentué la pression contre ceux qui financent des structures soutenant le "terrorisme", en exigeant du Qatar comme de ses autres partenaires "un engagement très clair" sur le sujet.

En présence du jeune émir, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, le Qatar a signé une série de contrats d'armement et industriels.

Ils concernent l'achat de 12 avions de combat Rafale --avec une option sur 36 autres-- (contrat de 1,1 milliard) et de 50 Airbus A321 --avec option sur 30 autres-- (5,5 milliards), mais aussi l'exploitation du métro de Doha et du tramway de Lusail confiée à un consortium SNCF/RATP (3 milliards) et une lettre d'intention pour 490 véhicules blindés Nexter (1,5 milliard).

Déjà, en 2015, le Qatar avait acquis 24 Rafale pour 6,3 milliards d'euros.

Aucun autre détail n'a toutefois été donné jeudi sur cette série de contrats.

Cette visite de M. Macron conclut une tournée qui, en un mois, l'a mené aux Emirats arabes unis, en Arabie Saoudite, dans trois pays d'Afrique puis à Alger mercredi.

Un périple au cours duquel il a demandé à tous ses partenaires de lutter contre le financement du terrorisme, sujet sur lequel il organisera en avril une conférence internationale à Paris.

Le Qatar, riche émirat gazier soumis depuis six mois à un boycott de Ryad et de ses alliés qui l'accusent de soutenir des groupes "terroristes" et lui reprochent d'être trop proche de l'Iran, a reçu le président français à bras ouverts.

En quête de soutiens extérieurs face au boycott, le Qatar a multiplié ces derniers mois les gros contrats d'armement avec des pays occidentaux.

A Doha, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de ne plus financer de structures soutenant le "terrorisme", un sujet délicat abordé lors d'une conférence de presse avec son hôte.

- "Y compris en France" -

Le dossier est d'autant plus délicat que, le 31 août, dans un entretien à l'hebdomadaire Le Point, le président français avait accusé "le Qatar et l'Arabie saoudite (d'avoir) financé des groupements qui n'étaient pas les mêmes, mais qui ont de fait contribué au terrorisme".

"Je n'accuse personne, mais je veux une méthode professionnelle et simple. Faisons pays par pays des listes de structures que nous pensons liées au terrorisme, nous les partagerons avec nos partenaires", a-t-il lancé jeudi.

"Nous demandons un engagement très clair sur leur financement et nous nous donnons les moyens de vérifier ensemble. Et je le fais aussi pour toutes les structures en France dont j'ai la connaissance et qui pourraient être liées à ces activités", a ajouté le président.

L'émir a assuré que le Qatar menait lui aussi la lutte contre le financement du terrorisme qui frappe d'abord les pays musulmans.

L'Elysée a plus tard précisé que des "réunions de suivi" auraient lieu tous les six mois, alternativement à Paris et à Doha, sur la lutte contre le financement du terrorisme.

Lors de sa tournée en Afrique, Emmanuel Macron s'était targué d'avoir obtenu du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane l'engagement de ne plus financer de fondations ou d'écoles qui encouragent la radicalisation.

Le chef de l'Etat français a par ailleurs profité de sa visite à Doha pour aller saluer le contingent français d'une trentaine d'hommes stationné sur la base américaine d'Al-Udeid, la plus grande de la région, qui abrite le commandement américain de la coalition antijihadistes.

Après un briefing des autorités américaines, il a affirmé que "d'ici à la mi-décembre, le Premier ministre irakien annoncerait la libération totale de l'Irak" de l'emprise du groupe Etat islamique (EI) et a tablé sur une victoire finale contre ces jihadistes "dans les prochains mois dans la zone irako-syrienne".

M. Macron est enfin revenu sur la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et de transférer l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv vers cette ville, décision qu'il avait jugée "regrettable" dès mercredi.

Avec des mots mesurés, il a redit "désapprouver" cette décision et indiqué qu'il réaffirmerait la position de la France --une solution à deux Etats, avec chacun Jérusalem pour capitale-- lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU prévue vendredi à New York.

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