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Macron en chef de guerre pour frapper le régime syrien

Le président Emmanuel Macron a pour la première fois ordonné une opération militaire d'envergure en décidant de mener des frappes, avec Washington et Londres, contre le régime syrien de Bachar al-Assad, une opération qui a, selon lui, atteint ses "objectifs".

"Nous ne pouvons tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques", a annoncé le chef de l'Etat peu avant 03H30, une demi-heure après l'annonce de fortes explosions dans la capitale syrienne, Damas.

Ces derniers jours, le président avait déployé une intense activité diplomatique, multipliant les entretiens téléphoniques, notamment avec ses homologues américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine.

Pour le chef de l'Etat, "les faits et la responsabilité du régime syrien ne font aucun doute" concernant la mort "de dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants" dans une attaque "à l'arme chimique" le 7 avril à Douma.

"La ligne rouge fixée par la France en mai 2017 a été franchie. J'ai donc ordonné aux forces armées françaises d'intervenir cette nuit, dans le cadre d'une opération internationale (...) dirigée contre l'arsenal chimique clandestin du régime syrien", a-t-il précisé dans un communiqué diffusé dans la nuit.

Samedi en fin de journée, il a estimé que les frappes avaient atteint leurs "objectifs" et qu'il revenait désormais au Conseil de sécurité de l'ONU de reprendre "l'initiative sur les plans politique, chimique et humanitaire".

- Une opération "légitime" -

Il s'était auparavant entretenu par téléphone avec Donald Trump et la Première ministre britannique Theresa May, et avait présidé un conseil restreint de défense, en présence d'Edouard Philippe, Florence Parly, ministre des Armées, et de ses principaux conseillers diplomatiques et militaires.

Il aura l'opportunité d'expliquer sa décision au cours d'une interview programmée dimanche soir sur les chaînes BFMTV, RMC et le site d'information Mediapart.

En attendant, c'est le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian qui a fait une déclaration pour justifier une opération "légitime", "proportionnée et ciblée". Malgré l'absence d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour autoriser ces frappes.

S'exprimant à ses côtés, Mme Parly a indiqué que la France avait mobilisé à la fois des frégates multimissions en Méditerranée et des avions de chasse pour frapper. Les 12 missiles tirés par la frégate engagée et les avions ont visé un site de production et un site de stockage d'armes chimiques dans la région de Homs, selon l'Elysée.

Le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, a rejeté les allégations russes selon lesquelles 71 missiles sur les 103 tirés par les Occidentaux avaient été interceptés par les forces syriennes équipées par Moscou.

La ministre des Armées devait dans la foulée se rendre sur la base aérienne française de Saint-Dizier, d'où ont décollé des Rafale participant à l'opération.

Près d'un an après son élection, Emmanuel Macron endosse ainsi pour la première fois ses habits de chef de guerre pour ordonner une opération, après avoir hérité de celles contre les jihadistes au Levant (Chammal) et au Sahel (Barkhane).

Il n'avait guère laisser planer de doutes sur ses intentions de réagir militairement après l'attaque du 7 avril qui correspondait, selon lui, à la "ligne rouge" qu'il avait fixée, à savoir une attaque chimique présentant un caractère "létal" et pour laquelle la responsabilité du régime était "avérée".

Pas d'union sacrée -

Après une précédente attaque chimique attribuée au régime en septembre 2013, la France, sous la présidence de François Hollande, avait déjà souhaité intervenir en Syrie, avant de renoncer, en raison d'une volte-face du président américain Barack Obama.

M. Macron doit se rendre dans les prochaines semaines aux Etats-Unis, puis en Russie.

Le Premier ministre Edouard Philippe recevra pour sa part dimanche matin les principaux responsables parlementaires, avant la tenue, probablement mardi, d'un débat sans vote au Parlement sur cette opération.

Cette séance au Parlement s'annonce tendue: ces frappes n'ont pas suscité d'union sacrée au sein de la classe politique.

Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs du parti Les Républicains (LR, droite) s'est ainsi déclaré "inquiet" des frappes, car "ajouter la guerre à la guerre n'a jamais fait avancer la paix".

Marine Le Pen, présidente du Front national (FN, extrême droite), a estimé qu'avec les frappes, la France perdait "une occasion d'apparaître sur la scène internationale comme une puissance indépendante".

"Les frappes contre la Syrie se font sans preuve, sans mandat de l'ONU et contre elle, sans accord européen et sans vote du Parlement français", s'est emporté Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France Insoumise (extrême gauche).

Mais pour Christophe Castaner, patron du parti macronien La République en marche (LREM) "la France ne pouvait se tenir aveugle et muette face à cette barbarie".

Alain Juppé, ancien Premier ministre, et Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, ont également apporté leur soutien à cette opération.

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