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Macron fête avec les protestants, "vigie de la République", les 500 ans de la Réforme

Très minoritaires en France mais plus visibles et pluriels que jamais, les protestants ont fêté vendredi à Paris les 500 ans de la Réforme en présence d'Emmanuel Macron, qui les a appelés à "rester la vigie de la République".

Ancien assistant éditorial du philosophe protestant Paul Ricoeur comme il l'a rappelé, le chef de l'Etat a prononcé un discours fleuve lors d'un colloque à l'hôtel de ville, en présence de représentants des différents cultes, à l'invitation de la Fédération protestante de France (FPF).

Outre ce colloque historique, la FPF a prévu un grand rassemblement "Protestants en fête" à Strasbourg, haut lieu de la diffusion des idées de Martin Luther, du 27 au 29 octobre. Soit 500 ans après la publication par le prédicateur allemand de ses "95 thèses" le 31 octobre 1517, point de départ d'une "Réformation" au retentissement européen puis mondial.

"Cinq cents ans après Luther, l'esprit de la Réforme souffle encore sur les Eglises protestantes et sur notre société", a dit le président de la République, saluant "l'esprit d'indépendance, la liberté intellectuelle, le souci de l'homme qui ont construit l'histoire du protestantisme".

"Le sang du protestantisme coule dans les veines de la France", a encore dit Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat avait été interpellé un peu plus tôt par le président de la FPF, François Clavairoly, qui a appelé les responsables politiques à "tenir la promesse républicaine". "Nous sommes en attente sur la question des étrangers en France", a dit sans détours le pasteur réformé, allusion à un accueil des migrants jugé très insuffisant.

"Nous avons (...) besoin que vous restiez la vigie de la République, son avant-garde dans les combats philosophiques, moraux, politiques qui sont ceux de notre temps, et ils sont nombreux", a dit à ses hôtes Emmanuel Macron, citant "l'éducation, la justice sociale" et évidemment "l'accueil des migrants".

S'adressant cette fois à l'ensemble des responsables des cultes, le président de la République a temporisé au sujet des questions éthiques, notamment en ce qui concerne l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, célibataires ou en couple.

"La manière que j'aurai d'aborder ces débats ne sera en rien de dire que le politique a une prééminence sur vous et qu'une loi pourrait trancher ou fermer un débat qui n'est pas mûr", a-t-il assuré.

"J'ai sur certains de ces sujets pris des engagements durant la campagne présidentielle. J'ai aussi pris des engagements de méthode et je ne souhaite pas que la société française se divise", a-t-il poursuivi, disant attendre "beaucoup" du "dialogue entre les religions comme du dialogue avec les différentes philosophies pour éclairer ce débat, pour le faire vivre".

- "Ne cédez rien!" -

Victime des guerres de religion puis de l'intolérance dans la France catholique d'avant la Révolution, le protestantisme demeure très minoritaire dans un pays aujourd'hui en voie de sécularisation avancée, avec entre 1,3 et 1,7 million de fidèles selon les estimations. Soit à peine plus de 2% de la population.

Selon le pasteur Clavairoly cependant, "il n'y a jamais eu autant de protestants" en France "et le protestantisme y est devenu pluriculturel, multicolore".

Au côté de la communion luthéro-réformée historique, la mouvance évangélique, qui se targue d'ouvrir une église tous les dix jours en France, est indéniablement en progression. Ce christianisme de conversion, moins libéral sur les questions sociétales, s'implante dans les quartiers populaires, auprès de populations d'origine africaine, caribéenne, asiatique mais pas seulement.

Les évangéliques, héritiers de la Réforme radicale (anabaptistes, mennonites...) et des réveils piétistes, représentent numériquement un tiers du protestantisme français, mais déjà trois quarts de ses pratiquants réguliers, selon le Conseil national des évangéliques de France (Cnef).

"J'aime que vous démontriez que vos origines si diverses, vos traditions si variées, vos intonations parfois éloignées soient la source d'une fraternité retrouvée, et non de division", a dit Emmanuel Macron aux luthéro-réformés comme aux évangéliques (baptistes, pentecôtistes...).

"Pour les 500 prochaines années, en tout cas les cinq ans à venir, ne cédez rien!", a-t-il déclaré.

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