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Algérie: 1er hommage d'un ministre français 70 ans après le massacre de Sétif

Le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants a rendu dimanche un hommage aux victimes algériennes du massacre de Sétif qui avait fait des milliers de morts il y a 70 ans.

Premier responsable gouvernemental français à se rendre à Sétif, à 300 km à l'est d'Alger, Jean-Marc Todeschini a déposé une gerbe de fleurs devant le Mausolée de la première victime de la répression du 8 mai 1945, Saal Bouzid.

Cette visite s'inscrit "dans une démarche d’amitié, de respect et dans le souci de continuer à appréhender notre mémoire commune de manière apaisée", a déclaré M. Todeschini.

Ce massacre reste l'une des pages les plus sombres de l'Algérie française: alors que la France célébrait la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, les festivités tournèrent au drame à Sétif, Guelma et Kheratta, dans l'est de l'Algérie, où des nationalistes défilèrent, drapeaux algériens à la main.

La répression des manifestations, considérées comme les prémices de la guerre d'indépendance (1954/62), fit plusieurs milliers de morts parmi les Algériens - jusqu'à 45.000 selon la mémoire collective algérienne - victimes de la police, de l'armée ou de milices de colons. Une centaine d'Européens, pris à partie par des nationalistes algériens, furent également tués.

Accompagné de son homologue algérien Tayeb Zitouni, Jean-Marc Todeschini a expliqué avoir débuté son "voyage mémoriel Algérie par Sétif, en cette année du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, au nom de l’amitié franco-algérienne".

Il a indiqué que "ce geste est la traduction des propos tenus par le président de la République (François Hollande) devant le Parlement algérien en décembre 2012".

Après Sétif où il s'est promené dans les rues, buvant quelques gorgées d'eau à la fontaine Ain-el-Fouara emblématique de la ville, M. Todeschini devait se rendre à Mers El-Kébir, dans le golfe d'Oran (ouest), pour commémorer le 75e anniversaire de l'attaque de la Marine française par la Marine britannique, en juillet 1940, peu après la signature de l'armistice franco-allemand avec le Troisième Reich.

Le voyage est intervenu avant le 8 mai non pour éluder les commémorations officielles algériennes mais pour des raisons d'agenda, la France célébrant de son côté le 8 mai le 70e anniversaire de la fin de la guerre de 1939-1945, selon l'entourage du ministre.

"Une reconnaissance forte par la France de ses méfaits, massacres coloniaux et autres crimes de guerre ne pourrait que faciliter psychologiquement l'acceptation du dialogue et de la coopération avec ses anciennes colonies", a jugé l'historien Hassan Remaoun à l'agence APS. "C'est l'honneur des Français qui est en jeu et non pas le nôtre", a-t-il estimé.

La visite de M. Todeschni est un "signe de bonne volonté" dont le but est de "contribuer au moins à apurer un passif colonial certainement lourd", selon lui.

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