Accueil Actu

Mexique: des normes antisismiques renforcées mais pas toujours respectées

Sergio Lopez, expert mandaté par les autorités, inspecte les bâtiments à Mexico qui menacent de s'effondrer après le séisme de mardi. Il n'arrive pas à se faire à l'idée que l'école où une vingtaine d'enfants sont morts se soit écroulée comme un château de cartes.

"Elle aurait dû résister. N'aurait pas dû s'effondrer", lâche cet homme en colère qui connaît sur le bout des doigts les normes actuelles, mises en place après le tremblement de terre historique de 1985, où 10.000 personnes avaient trouvé la mort.

"Le règlement a beaucoup changé. En 1985, il faisait 80 pages et maintenant, c'est un pavé de quelque 600 pages", explique Lopez, 55 ans, en conduisant vers un immeuble affecté.

Une quarantaine de constructions se sont effondrées et la structure de quelque 600 bâtiments doit être inspectée, selon le maire de la capitale Miguel Angel Mancera.

Parmi les changements imposés par les autorités depuis ce funeste 19 septembre 1985, qui avait dévasté cette mégalopole de 20 millions d'habitants, figure l'usage du béton armé et la répartition du poids. A cela, s'ajoutent les issues de secours qui doivent équiper les bâtiments.

"Avant, on construisait en montant les murs et sur ces murs on posait des dalles (toit). Maintenant, il est obligatoire de répartir les charges", déclare à l'AFP Jonathan Uraga, un ingénieur de 30 ans qui passe également au crible les édifices endommagés.

- Mise à jour -

Sergio Lopez souligne que c'est grâce à ces nouvelles normes qu'une tragédie comparable à celle de 1985 a pu être évitée.

Il estime néanmoins que les bâtiments qui sont tombés, "datent soit d'avant 1985, soit ils ont été mal construits, comme celui de l'école".

Les quartiers les plus touchés par la secousse de mardi sont ceux de Roma et Condesa, deux zones branchées, célèbres pour leurs constructions de la première moitié du XXe siècle.

Malgré un bilan de près de 300 morts, Christian Ledezma, professeur en ingénierie des structures à l'université catholique du Chili, juge que les dommages sur les bâtiments ont été limités.

"Le pourcentage d'immeubles qui se sont effondrés par rapport à la quantité totale d'immeubles à Mexico n'est pas très élevé", explique-t-il à l'AFP.

A l'instar de Mexico, le Chili a durci sa législation antisismique après 1985. Plusieurs séismes -dont un de magnitude 8,8 en 2010 suivi d'un tsunami qui avait fait plus de 500 morts- ont permis depuis au Chili de mettre à jour ses normes. La dernière version date de 2011.

Côté mexicain, "le niveau d’exigence (des normes) a augmenté, elles se sont adaptées à la réalité du tremblement de terre" de 1985, résume Paulina Gonzalez, ingénieure spécialisée en constructions antisismiques de l'université de Santiago.

"Cela nous arrive beaucoup dans les pays à forte activité sismique: les normes sont une réponse aux séismes endurés", abonde le Chilien Christian Ledezma.

- Altérer la structure -

Pour illustrer cela, Arturo Ramirez, ingénieur civil de l'université autonome métropolitaine à Mexico, explique que "cette année, devait être publié un nouveau règlement de la ville de Mexico. Mais ce qui vient de se passer soulève des interrogations. Le plus sûr, c'est que le règlement (...) soit publié en 2018. Il sera le plus restrictif du monde", anticipe-t-il.

Pour les experts mexicains, le problème vient aussi du fait que les habitants modifient leurs logements sans prendre en compte les normes en vigueur ou les règles de répartition du poids.

C'est arrivé dans un bâtiment d'habitation inspecté par Sergio Lopez au lendemain du séisme. En voulant gagner de l'espace, des murs porteurs avaient été retirés, entrainant d'importantes fissures.

"Les gens renouvellent (leur logement) eux-mêmes et modifient les choses sans contrôle. Ils réalisent des changements pour avoir plus de place, mais ils oublient qu'ils altèrent la structure", conclut l'expert.

À la une

Sélectionné pour vous