Accueil Actu

Mexique: des proches des narcos présumés dénoncent un "massacre"

Des proches de plusieurs des 42 narcotrafiquants présumés tués vendredi au cours d'une opération anti-drogues dans l'ouest du Mexique ont mis en doute dimanche la version officielle des faits et accusé les autorités d'avoir commis un "massacre".

"On ne peut pas parler d'un affrontement, il s'agit d'un massacre", a déclaré à l'AFP Victor Hugo Reynoso, le frère de Luis Alberto, l'un des 42 civils tués vendredi lors de l'opération menée par les forces fédérales dans un ranch à Tanhuato, dans l'Etat de Michoacan, au cours de laquelle un policier fédéral a également été tué.

Comme 70 autres proches de personnes tuées dans l'opération, M. Reynoso attendait dimanche devant le Service médico-légal de Morelia, la capitale du Michoacan, pour que lui soit remis le corps de son frère.

Il a expliqué se baser sur des photos de l'opération publiées dans les principaux journaux du Mexique, sur lesquelles figurent des corps "mutilés, calcinés", selon lui, certains torse nu ou pieds nus et ayant des armes à leur côté.

L'opération, l'une des plus meurtrières qu'ait connue le Mexique depuis le lancement fin 2006 d'une vaste offensive militaire contre les narcotrafiquants, était dirigée contre le cartel Jalisco Nueva Generacion (Jalisco Nouvelle Génération), à qui sont attribuées de récentes flambées de violence dans la région et plusieurs attaques armées contre les forces fédérales.

L'Etat de Jalisco est voisin de celui de Michoacan, et le ranch où se sont déroulés les faits se trouve à la limite entre les deux Etats.

Pour Erika Eunice Hurtado, la soeur d'un autre tué, les armes qui figurent sur les photos diffusées dans les médias ont été placées près des corps après coup.

Elle dit avoir reconnu son frère sur un cliché. "Personne ne portait de chaussures, lui non plus. Beaucoup étaient vêtus de leurs seuls sous-vêtements, il y a de nombreuses indices montrant qu'ils ont été attrapés ainsi, dans un massacre", a-t-elle dit à l'AFP.

Le commissaire national à la Sécurité, Monte Alejandro Rubido, a déclaré vendredi que les lourdes pertes subies du côté des narcotrafiquants présumés s'expliquaient par la qualité de la formation et des équipements des forces fédérales. Mais ce lourd bilan a suscité des interrogations chez des experts.

Alejandro Hope, ancien agent des services de renseignement mexicains, a déclaré que le gouvernement devait montrer qu'il ne s'agissait pas d'une nouvelle affaire d'exécution arbitraire de civils, comme ce fut le cas il y a moins d'un an à Tlatlaya.

L'armée est accusée d'avoir tué des criminels présumés dans cette localité après leur reddition, au cours d'une opération d'abord présentée comme un affrontement semblable à celui de vendredi.

À la une

Sélectionné pour vous