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Mexique: l'armée continuera de lutter contre le crime organisé

(Belga) Le Parlement mexicain a approuvé vendredi une loi polémique qui pérennise la présence de militaires dans les rues du pays afin de combattre le crime organisé, en dépit des protestations de défenseurs des droits de l'Homme.

Après avoir été validée par le Sénat quelques heures plus tôt, la Chambre des députés a ratifié vendredi la "loi de sécurité intérieure" par 262 voix contre 25. Elle devra être à présent promulguée par le président Enrique Peña Nieto. Le texte vise à combler un vide juridique de plus de 10 années, provoqué par la décision du gouvernement mexicain de Felipe Calderon de lancer fin 2006 une offensive militaire controversée contre le narcotrafic, qui a abouti à confier à l'armée certaines tâches relevant de la police. Loin de sécuriser le pays, l'offensive militaire a provoqué une vague de violence sans précédent dans le pays, avec plus de 196.000 homicides et 30.000 disparitions depuis 2007, selon des chiffres officiels, sans que l'on sache toutefois dans quelle proportion ces crimes sont directement liés au narcotrafic. Les opposants à cette loi estiment que la loi perpétue une mesure d'exception qui a contribué à dégrader fortement la situation des droits de l'Homme dans le pays et tend à faire passer au second plan le nécessaire renforcement de la police. La sénatrice du parti révolutionnaire institutionnel (PRI), Cristina Diaz, a contesté que l'intention du gouvernement "soit de militariser le pays", ainsi que l'idée que les forces armées effectueront ces tâches de sécurité de façon permanente. Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, l'Ombudsman mexicain et la commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) avaient appelé cette semaine le pouvoir législatif mexicain à rejeter en l'état actuel cette loi. Des professeurs, des membres de l'opposition et des membres de la société civile, parmi lesquels l'acteur mexicain Diego Luna, ont manifesté contre le texte et exprimé leurs craintes que la loi n'augmente les violences qui touchent le pays. Ces opposants au texte s'inquiètent notamment que la loi donne au président le pouvoir de recourir à l'armée en cas de grave danger pour l'intégrité des personnes ou pour le fonctionnement des institutions. L'Ombudsman mexicain devrait déposer un recours contre cette loi devant la Cour suprême. (Belga)

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