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Hollande promet de démanteler la "Jungle" de Calais "avant la fin de l'année"

Face aux polémiques sur l'accueil des migrants qui fleurissent à l'approche des élections, François Hollande a promis lundi à Calais que le campement de la "Jungle" serait démantelé "avant la fin de l'année", et qu'il reviendrait ensuite avec le gouvernement.

Le chef de l'État, qui effectuait la première visite de son quinquennat à Calais, a martelé sa détermination à démanteler "entièrement, rapidement, c'est-à-dire d'ici la fin de l'année", ce campement insalubre où s'entassent "au moins 7.000 personnes".

"Je reviendrai avec le gouvernement après le démantèlement complet du camp de Calais pour qu'il n'y ait pas de doutes", a-t-il affirmé lors d'un discours à l'occasion la pose de la première pierre de l'extension du port de Calais, un projet pesant 650 millions pour doubler ses capacités.

Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a, lui, précisé que l'évacuation comprendrait bien le Centre d'accueil provisoire (CAP), qui propose 1.500 places, et le centre d'accueil de jour Jules-Ferry. La maire de Calais Natacha Bouchart (LR) s'est de son côté dite "pleine d'espoir" après l'annonce du démantèlement "sinon, dans 6 mois, il y aurait 20.000 migrants et ça, c'est insupportable".

Alors que l'accueil des migrants de Calais est devenu un nouveau terrain d'affrontement politique, François Hollande, qui ne s'est pas rendu dans la "Jungle", avait dénoncé à la gendarmerie dans la matinée les "instrumentalisations" et les "polémiques" qui "tournent le dos aux principes des valeurs de la République", visant sans la citer la droite.

- Interrogation sur les "réfractaires" -

Agitant le chiffon de "mini-Calais" ou de "mini-campements", la fraction la plus droitière des Républicains, emmenée par Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez, refuse ce plan gouvernemental. D'autres, comme Natacha Bouchart, privilégient la rapidité du démantèlement de ce campement où s'entassent entre 7.000 (autorités) et 10.000 personnes (associations).

Samedi déjà, François Hollande avait affirmé sa volonté de "démanteler Calais entièrement" et assuré que la France ne serait "pas un pays de campements", en visitant à Tours l'un des 164 centres d'accueil et d'orientation (CAO), accueillant les migrants évacués de Calais et de Paris. L'État cherche à créer 9.000 nouvelles places en CAO d'ici la fin de l'année.

Mercredi, en déplacement à Calais, M. Sarkozy, avait insisté sur "le rétablissement systématique des contrôles à toutes les frontières" du pays, pour que la France ne soit pas "submergée" par les migrants -- ce à quoi le gouvernement réplique que les contrôles ont été rétablis en novembre, après les attentats de Paris.

Les associations, qui avaient appelé dimanche François Hollande à "sortir d'une logique gestionnaire", ont été reçues par le président accompagné des ministres de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et du Logement Emmanuelle Cosse.

Saluant une "politique ambitieuse" d'envoi en CAO, le chef de mission de Médecins sans Frontières (MSF) à Calais Franck Esnée s'est toutefois inquiété pour les réfractaires: "Si 2.000 personnes fuient le démantèlement, que se passe-t-il? On n'a pas envie de voir ressurgir des mini-campements dans le Calaisis", a-t-il affirmé à l'AFP.

- "Effort humanitaire" britannique -

Pas question de donner la protection de la France à l'ensemble des migrants entrés en France, a également souligné François Hollande, délivrant un double message "d'humanité" et de "fermeté", "indissociablement liées": "Ceux qui relèvent de l'asile doivent être accueillis. Ceux qui n'en relèvent pas doivent être raccompagnés" chez eux.

Le chef de l'État a aussi demandé aux Britanniques de "prendre leur part dans l'effort humanitaire que la France accomplit" et "continuera à accomplir" pour évacuer le campement, une allusion notamment aux mineurs isolés ayant de la famille en Grande-Bretagne, qui a déjà accepté 70 dossiers au titre de la réunification familiale.

"Ce n'est pas parce que le Royaume-Uni a pris une décision souveraine qu'(il) est dégagé de ses obligations par rapport à la France", a-t-il ajouté, en référence à la sortie annoncée de l'UE. Cette décision alimente, en France, les appels à réviser l'accord du Touquet signé en 2003 et situant la frontière britannique côté français.

L'accord est en permanence "discuté" et "précisé" mais "ce serait trop simple de dire: ceux qui sont à Calais, qu'ils aillent au Royaume Uni. Ce serait ouvrir largement les flux vers le Royaume-Uni" et dans ce cas "ce ne seraient pas des milliers qui viendraient", a-t-il mis en garde.

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