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Migrants à Paris: Collomb annonce une évacuation des campements "à bref délai"

Le ministre de l'Intérieur a annoncé mercredi l'évacuation, "à bref délai", des quelque 2.300 migrants vivant sur des campements à Paris, en rappelant sèchement la Ville à ses responsabilités sur ce dossier qui oppose le gouvernement à la maire Anne Hidalgo.

Face aux enjeux humanitaires "qui ne sont plus supportables pour les Parisiens", Gérard Collomb indique dans un communiqué avoir demandé au préfet de Paris et au préfet de région de préparer "une opération d'évacuation", qui concilierait "les exigences de mise à l'abri et de l'application du droit des étrangers" -- en clair, un contrôle du droit au séjour pouvant déboucher sur une procédure d'éloignement.

S'il ne donne pas de date exacte ni de détails sur le nombre de campements concernés, le ministre indique que cette opération sera à "mener à bref délai", une précision inédite alors que les autorités ont auparavant fait preuve de la plus grande discrétion pour la trentaine d'évacuations menées ces trois dernières années.

Du côté de la Ville, "on se réjouit que l'Etat assume enfin ses responsabilités en menant une opération de mise à l'abri" et qu'une "solution soit apportée aux migrants qui permettra de restaurer l'ordre public dans ce quartier".

Plusieurs campements grossissent depuis des mois dans le nord-est de Paris, notamment près du canal de Saint-Denis où quelque 1.600 personnes vivent dans des conditions alarmantes, dénoncées par les ONG, des responsables religieux et le HCR. Leurs inquiétudes ont été récemment aggravées par la noyade d'un migrant dans le canal Saint-Martin.

Mais la gestion de ces campements donne lieu à un bras de fer entre la ville et l'Intérieur, qui voulait une demande en bonne et due forme pour évacuer. Refus de la mairie, arguant que cela n'a jamais été nécessaire jusqu'ici. La maire PS a fini par en appeler à Édouard Philippe il y a deux semaines, et dans les couloirs de la mairie on attribue la décision d'évacuer à "l'intervention salutaire du Premier ministre".

- Six sites proposés -

Dans son communiqué, Gérard Collomb "prend note" et "regrette" le refus de la maire de saisir la justice, et il avertit: "Si les campements se reconstituent, cette 35e opération n'aura servi à rien" et la situation "se répétera indéfiniment" si la mairie ne prend pas "des mesures pour éviter que les campements ne se reconstituent".

"On ne va pas mettre des barrières dans tout Paris", réplique-t-on à la Ville de Paris, en soulignant le pouvoir d'attraction inhérent à une capitale se trouvant sur la route du nord de l'Europe. Et des campements se reconstitueront tant qu'une prise en charge satisfaisante ne sera pas proposée aux "dublinés", ces migrants déjà enregistrés ailleurs en Europe, explique-t-on en substance.

Autre point de discorde, l'effort en matière d'hébergement de la ville, qui ne compte selon l'Intérieur "que 2% des places d'hébergement pour demandeurs d'asile" pour "40% de la demande d'asile" en France. Lors des précédentes opérations, les migrants ont été évacués "vers la périphérie parisienne ou dans des départements qui accueillent déjà de nombreux demandeurs d’asile", ajoute le ministre.

Là aussi la ville se défend, en rappelant que la capitale compte 34% des places d'hébergement d'urgence de l'Ile-de-France et "en fait beaucoup, comme la Seine-Saint-Denis, pour les mineurs isolés étrangers".

Dans l'optique d'une opération de mise à l'abri, la maire a "proposé six sites permettant de créer mille places" d'hébergement pour migrants, notamment une aire viabilisée dans le bois de Boulogne, mais elle n'a pour le moment reçu "aucune réponse de l'Etat".

Pour Gérard Collomb, "il convient de penser le problème parisien dans une logique d'ensemble qui permette de faire respecter la loi". Et donc "pouvoir accueillir" les demandeurs d'asile mais aussi "éloigner ceux qui n'ont pas vocation à rester sur le territoire national" -- l'une des priorités fixées par Emmanuel Macron en matière d'immigration.

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