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Naufrages en Méditerranée: les migrants partent de Libye parce qu’avant, "on finançait Kadhafi pour qu’il les garde chez lui"

En Libye, des centaines de milliers de migrants attendent leur chance. Celle de trouver un passeur pour les emmener en Europe. Entreprise périlleuse puisqu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un bateau surchargé ne fasse naufrage, tuant des milliers de personnes chaque année entre les côtes africaines et européennes. Mais ils n’ont pas d’autre choix. Quitte à mourir dans leur pays d’origine, autant risquer sa vie pour tenter d’en avoir une meilleure ici. "J’étais étudiant. Je vivais et étudiais en Somalie. Mais mon pays est en guerre et je ne peux plus y vivre. J’ai donc choisi de rejoindre l’Europe, et que Dieu me bénisse", expliquait dans le RTLINFO 19H un de ces migrants, bloqué en Libye.


Kadhafi avait de nombreux centres de détention réutilisés aujourd'hui

Car beaucoup sont interceptés avant leur embarcation. Ils sont alors enfermés dans un centre de détention comme celui de Misrata, sur la côte. Des centres qui existaient déjà à l’époque du dictateur Kadhafi... et en partie financés par l’Europe. "A l’époque, l’Union européenne, et notamment l’Italie depuis 2003, avait passé des accords. C’est-à-dire qu’on finançait Kadhafi pour qu’il les garde chez lui, en gros ! Y compris dans des camps de détention où la sécurité était atroce", expliquait Philippe Hensmans, le directeur d’Amnesty International Belgique, au micro de Nathanaël Pauly.


Mais plus personne ne veut rester dans une Libye en guerre, seulement tenter d'y passer incognito

Si les réfugiés vivent aujourd’hui dans ces camps dans des conditions de précarité extrême, sous Kadhafi, "on y violait et torturait", assure M. Hensmans. "Et ça continue encore aujourd’hui dans le sud de la Libye"... Pourtant, à l’époque, "un grand nombre de migrants arrêtés décidaient de rester en Libye". Mais aujourd’hui, ils n’y trouvent aucun espoir pour leur avenir. "Aujourd’hui la Libye est en guerre et personne ne voudrait y rester." Cet état de guerre fragilise le contrôle des frontières et l’application des lois. Résultat, la Libye est devenue le principal point de convergence des candidats à l’Europe. La proximité de l’île italienne de Lampedusa n’y étant pas non plus étrangère.


Certains passeurs coulent volontairement les bateaux au large des côtes européennes

Ces migrants confient donc leur vie à des passeurs sans foi ni loi, pour la plupart issus de mafias locales. "Ils utilisent parfois des bateaux qu’ils vont faire couler lorsqu’ils arrivent en face des côtes italiennes ; ou bien qu’ils vont essayer de récupérer par la suite et revenir au pays", expliquait encore M. Hensmans. Pourtant, tous ne sont pas aussi cruels. "Il y a une énorme variété de passeurs sur la Méditerranée. Il n’y a pas que des cohortes de bandits organisés. Il y a aussi de petits pêcheurs qui essaient de mieux gagner leur vie."


Des centaines de milliers de migrants chaque année: qui sont-ils?

En 2014, 3000 migrants ont perdu la vie en tentant de traverser la méditerranée, et on compte déjà 1800 décès depuis le début de cette année. Plus globalement, près de 230.000 migrants ont été interceptés aux portes de l'Europe l'an dernier. La principale porte d'entrée étant le sud de l'Italie, avec 170.000 d'entre-eux. Des hommes, mais surtout des femmes et des enfants qui fuient des pays en guerre, comme la Somalie ou l'Erythrée, le Nigéria et le Mali, ou désormais la Syrie et l'Irak. Point commun de la plupart de ces pays: la présence de milices islamistes violentes comme les Shebabs, Boko Haram ou bien entendu l'Etat islamique.

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