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PANAMA PAPERS, l'énorme fuite de documents sur des sociétés offshore: Messi, Poutine et 732 Belges seraient concernés

Les bénéficiaires se trouvant derrière plus de 214.000 sociétés offshore situées dans 21 paradis fiscaux sont révélés dimanche soir par plusieurs médias belges en partenariat avec l'International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ). Douze chef d'Etat seraient en difficulté, et 732 Belges exposés.

Les informations émanent d'une énorme fuite de documents financiers 1.500 fois plus vaste que WikiLeaks en 2010. Cette vaste enquête réalisée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), au sein duquel Le Soir, De Tijd, Knack et MO* se sont chargés du volet belge, se base sur quelque 11,5 millions de documents, regroupés sous la dénomination "Panama papers", qui proviennent tous du cabinet d'avocats Mossack Fonseca. Il aurait créé des offshores depuis les années septante pour ses clients. Des révélations frapperaient notamment le Premier ministre d'Islande, qui a caché durant la crise financière qu'il possédait via une société offshore des obligations bancaires émises par les trois grandes banques qui ont mis l'Islande en difficulté en 2008.

"Cette fuite sera probablement le plus grand coup jamais porté aux paradis fiscaux à cause de l'étendue des documents" recueillis, estime Gérard Rylé, le directeur de l'ICIJ cité par la BBC. "Les documents montrent que les banques, les cabinets d'avocats et autres acteurs opérant dans les paradis fiscaux oublient souvent leur obligation légale de vérifier que leurs clients ne sont pas impliqués dans des entreprises criminelles", affirme l'ICIJ.


Des enquêtes pour blanchiment ouvertes en France et en Espagne

La justice française a ouvert lundi une enquête préliminaire pour "blanchiment de fraudes fiscales aggravées", à la suite des révélations dans la presse des "Panama Papers". Les systèmes d'évasion fiscale dévoilés dans cette vaste enquête journalistique internationale sont "susceptibles de concerner des résidents fiscaux français", justifie le parquet financier dans un communiqué. L'enquête est confiée à l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Le président François Hollande a assuré que ces révélations donneraient lieu en France à des "enquêtes" fiscales et des "procédures judiciaires".

Le parquet de l'Audience nationale, juridiction spécialisée notamment dans la grande délinquance économique et financière, "a ouvert une enquête pour blanchiment, visant le cabinet d'avocats" Mossac Fonseca, a déclaré un responsable du parquet à l'AFP. Ce responsable a précisé que l'enquête porterait sur les activités de blanchiment d'argent au profit de clients du cabinet panaméen résidant en Espagne.


Vladimir Poutine et bien d'autres présidents

Parmi les chefs d'Etat, Vladimir Poutine est éclaboussé. Parmi les personnalités mentionnées dans les millions de documents figurent effectivement des associés du président russe, qui auraient détourné jusqu'à 2 milliards de dollars avec l'aide de banques et de sociétés écran, selon l'ICIJ. "Des associés de Poutine ont falsifié des paiements, antidaté des documents et obtenu de l'influence occulte auprès des médias et de l'industrie automobile russes", le consortium sur son site internet.

Sont également épinglés: le Premier ministre du Pakistan Nawaz Sharif, le roi Salman d'Arabie saoudite, le président argentin Mauricio Macri, le président ukrainien Petro Porochenko, l'ancien Premier ministre irakien Ayad Allawi ou son homologue ukrainien Pavlo Lazarenko, etc.


732 Belges concernés

En Belgique, 732 Belges et quelques étrangers qui vivent dans le pays voient leurs constructions juridiques révélées. "Grandes fortunes, artistes, nobles et héritiers, médecins et pharmaciens, comptables et experts fiscaux, rois du textile, académiques et quelques hommes de médias, diamantaires et capitaines d'industrie et quelques repris de justice connus", précise Le Soir.

Ils sont principalement regroupés dans la région bruxelloise, Anvers, le Brabant flamand, puis la Flandre occidentale, le Brabant wallon, la Flandre orientale et le Hainaut. Il existerait des dossiers dans chaque province et des détenteurs de sociétés offshore dans pas moins de 207 des 589 communes du pays, dit encore Le Soir.



 
 

Franco Dragone, premier nom belge révélé

Le nom du metteur en scène belge Franco Dragone apparaît dans ces documents, rapporte Le Soir.

Le quotidien détaille les montages offshore construits, notamment via la société Lina International immatriculée aux îles Vierges britanniques, pour rémunérer certains prestataires de services du spectacle "The House of Dancing Water" à Macao.

En l'occurrence, le chorégraphe et directeur artistique du show, le franco-italien Giuliano Peparini, dont l'identité est dissimulée derrière une société panaméenne et dont les prête-noms sont des employés de Mossack Fonseca. Pour ce spectacle, M. Dragone est déjà soupçonné par la justice belge d'infractions fiscales internationales graves et organisées ainsi que de blanchiment d'argent. Le Louviérois n'a pas commenté les nouvelles révélations, rappelant que cette enquête belge en cours depuis trois ans n'était pas clôturée.


L'un des trois grands actionnaires d'AB InBev concerné

Le nom de famille de Spoel­berch, un des trois grands actionnaires familiaux du géant brassicole AB InBev et l'une des familles les plus riches de Belgique, ressort à son tour des "Panama Papers". Si le nom du metteur en scène louviérois Franco Dragone a été le premier cité, c'est maintenant au tour de membres de la famille de Spoelberch d'être associés à ce dossier d'évasion fiscale. Il s'agit de Rodolphe de Spoelberch (58 ans), Patrice (37 ans) et Alexis Bailo de Spoelberch (34 ans), selon plusieurs médias belges. Leurs sociétés sont dénommées Retro Marketing Corp., Rolph Marketing Corp., Greyberg Holdings et Artistissimo Corp.

Le service de presse d'AB InBev, contacté par Knack, a indiqué que les actionnaires familiaux du groupe ne souhaitaient pas réagir aux questions des médias. Dominique Lecocq, l'avocat suisse d'Alexis et Patrice Bailo de Spoelberch, précise pour sa part que Retro Marketing Corp "n'a jamais été utilisée" et aurait même été mise sur pied sans que ses clients en aient eu connaissance par leur ancienne avocate, à laquelle ils avaient confié la gestion de leur fortune.

Le Soir évoque quant à lui sur son site internet "un conflit sordide" entre Farida Chorfi, une ex-avocate spécialisée dans la gestion de patrimoine d'un côté, et la vicomtesse Amicie de Spoelberch, l'une des héritières du groupe brassicole belge Interbrew (aujourd'jui AB InBev), de l'autre, les deux fils adoptifs de cette dernière au milieu. Le conflit, porté devant les tribunaux, concerne sur l'héritage d'Amicie de Spoelberch et ses millions de titres au porteur. La famille de Spoel­berch avait déjà été citée dans le cadre des dossiers LuxLeaks et SwissLeaks.


Le monde du sport égratigné: Platini, Messi,...

Les documents du cabinet d'avocats font aussi apparaître les noms d'une vingtaine de joueurs de foot vedettes, évoluant notamment à Barcelone, au Real Madrid ou encore au Manchester United. Parmi eux le multiple ballon d'or Lionel Messi.Avec son père, ce dernier serait propriétaire d'une compagnie au Panama, dont la mention apparait pour la première fois dans les documents de Mossack Fonseca le 13 juin 2013, le lendemain de leur mise en examen pour fraude fiscale en Espagne, toujours selon l'ICIJ.

Michel Platini aurait lui eu recours aux services du même cabinet d'avocats en 2007, l'année où il été désigné président de l'UEFA, pour administrer une société au Panama. Dans un communiqué à l'AFP, il a renvoyé vers "l'administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007".

Le Français Jérôme Valcke, ex-secrétaire général de la Fifa, licencié mi-janvier après avoir été mis en cause dans une affaire de revente de billets du Mondial-2014, apparaît également dans les documents en tant que propriétaire d'une société basée aux Iles Vierges britanniques et créée en juillet 2013, apparemment pour acheter un yacht enregistré aux Iles Caïmans.

Outre le football, d'autres sports comme le hockey et le golf sont également concernés, ajoute l'ICIJ.

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