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Paul Ryan, l'homme fort du Congrès qu'il veut conserver, happé par la tempête Trump

Un oeil sur le candidat de son parti à la Maison Blanche et l'autre sur sa majorité parlementaire: l'homme fort du Congrès américain, Paul Ryan, est confronté au dilemme de soutenir --ou pas-- Donald Trump.

Président de la majorité républicaine de la Chambre des représentants, Paul Ryan est chargé à la fois de la discipline de son camp, notoirement divisé, et de porter ses propositions de lois jusqu'au bureau du président.

Mais il doit jouer les équilibristes, entre la candidature du bouillonnant Donald Trump, le contrôle du Congrès et ses possibles ambitions présidentielles en 2020.

Or, dans un geste sans précédent lundi, il a affirmé à des centaines d'élus républicains de la Chambre qu'il ne ferait plus campagne pour Trump, de peur de perdre non seulement la course à la Maison Blanche mais aussi le contrôle du Congrès, qui sera partiellement renouvelé le même jour que la présidentielle. Mais il n'a pas retiré son soutien.

Par cette décision spectaculaire, Ryan démontre que la candidature du magnat de l'immobilier peut nuire à l'élection de certains sénateurs ou représentants, surtout depuis la diffusion le 7 octobre d'une vidéo où Trump tient des propos dégradants contre les femmes.

- 'Je m'en fiche' -

Paul Ryan explique qu'il ne veut pas donner à la démocrate Hillary Clinton un "chèque en blanc avec un Congrès contrôlé par les démocrates".

Les experts y ont vu un coup porté aux chances --déjà réduites-- de Trump de vaincre la démocrate Hillary Clinton. Mais l'intéressé est resté combatif, rétorquant qu'il se réjouissait "qu'on lui ait enlevé les menottes".

"Je m'en fiche de son soutien", a renchéri Trump mardi sur Fox News, avant de dénoncer mercredi une "sinistre entente" des ténors du parti républicain.

Certains républicains ont exprimé leur désaccord avec la décision de Paul Ryan, à l'instar du représentant Steve King. "Quand Donald Trump fait mieux, tous ceux qui se présentent en Amérique font mieux", a fait valoir M. King sur CNN.

Mais ce n'est pas entièrement vrai, selon l'historien des élections présidentielles David Pietrusza.

"La situation semble trop volatile" car tout dépend de la circonscription des candidats, explique-t-il à l'AFP.

La décision de Ryan, un catholique très conservateur choqué par les propos de Trump, est davantage "une question de savoir exister par soi-même" qu'une question d'ambition présidentielle.

- Guerre intestine -

Paul Ryan, 46 ans, est considéré comme un jeune élu quand il entre au Congrès pour représenter le Wisconsin en 1999. Mordu de la politique, avec son physique de jeune premier et sa réserve du Midwest, il déborde de confiance et ne cache pas son ambition.

En 2012, il devient le candidat à la vice-présidence du républicain Mitt Romney et se fait connaître du grand public. Quand Romney perd face à Obama, beaucoup parlent de lui comme d'un nouvel espoir pour le parti.

Mais la première tâche de Ryan est d'abord de conserver la majorité républicaine au Congrès.

L'aile conservatrice du parti, connue sous le nom de Freedom Caucus, a souvent bataillé contre la direction du parti et certains de ses membres n'ont pas apprécié que Ryan rompe avec Trump, le candidat anti-establishment.

Le représentant Dana Rohrabacher l'a traité de "lâche".

Le colistier de Trump, Mike Pence, qui a failli s'étouffer quand il a vu la vidéo de 2005 de son mentor mais qui est resté auprès de lui, a exprimé sa déception à propos de Ryan.

"Paul Ryan est mon ami", a affirmé Mike Pence sur NBC lors d'un déplacement dans l'Iowa. "Mais oui, je suis poliment en désaccord avec sa vision de la campagne".

Que Ryan se lance à son tour dans la course à la Maison Blanche ou pas dans les prochaines années, il sera confronté à une guerre intestine, selon M. Pietrusza.

Trump a laissé entendre que s'il gagnait, Ryan perdrait son poste de président de la Chambre.

Mais si Trump perd, la bataille pour le contrôle du parti pourrait s'intensifier, les ultra-conservateurs exprimant leur frustration à l'égard d'une direction qui semble les ignorer.

Or, "Donald Trump a été la courroie de transmission de leur colère", note M. Pietrusza.

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