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Peine de mort, euthanasie, contraception: le juge nommé par Trump à la Cour suprême va faire le bonheur des conservateurs

Le président américain Donald Trump a annoncé mardi sa décision de nommer le juge Neil Gorsuch au 9ème siège, vacant, de la Cour suprême des Etats-Unis, ancrant ainsi dans le conservatisme l'institution qui tranche les grands débats de la société américaine.

"Le juge Gorsuch a des capacités juridiques extraordinaires, un esprit brillant, une discipline remarquable", a déclaré M. Trump au terme d'un suspense savamment orchestré par la Maison Blanche qui, jusqu'au bout, a laissé planer le doute entre deux candidats présentés comme finalistes.

Le discours du milliardaire, et son annonce du choix final, était retransmis en direct sur sa page Facebook. Neil Gorsuch, âgé de 49 ans, deviendra en cas de feu vert du Sénat à sa nomination le plus jeune juge à entrer à la Cour suprême depuis 25 ans. Il y remplacera Antonin Scalia, décédé il y a près d'un an. Son siège est resté vacant depuis son décès, à la mi-février 2016.

Nommé à vie, "un juge de la Cour suprême peut être actif durant 50 ans et ses décisions peuvent avoir un effet durant un siècle voire davantage", a souligné Trump dans son discours.

Neil Gorsuch est actuellement juge à la Cour d'appel pour le 10e circuit, juridiction compétente pour 6 Etats de l'ouest américain (Oklahoma, Kansas, Nouveau-Mexique, Colorado, Wyoming, et Utah).




PORTRAIT

Magistrat brillant à l'ascension rapide, Neil Gorsuch incarne des thèmes chers à l'Amérique conservatrice en matière de famille, de religion et d'interprétation littérale de la Constitution. Encore tout récemment largement inconnu, ce natif du Colorado est apparu ému mardi, aux côtés de Donald Trump à la Maison Blanche. Il a résumé en quatre mots le cadre de sa nouvelle mission: "Impartialité et indépendance, collégialité et courage".

Doté d'une politesse indéfectible -parfois qualifiée d'obséquiosité- le juge Gorsuch est également réputé pour ses talents de diplomate et sa rigueur intellectuelle. Ses jugements à la rédaction ciselée l'ont amené à être comparé à Antonin Scalia, le pilier conservateur de la Cour suprême dont il occupera le siège.

Comme le juge Scalia, Neil Gorsuch est favorable à la peine de mort. Et, comme son mentor, il appartient à l'école de jurisprudence américaine originaliste, qui soutient que la Constitution doit être interprétée conformément à son sens originel à l'époque de son adoption.

Comme les autres sages de la colline du Capitole, Neil Gorsuch est issu de l'"Ivy League", ce groupe de 8 universités prestigieuses du nord-est des États-Unis. Il est passé par Columbia et la Harvard Law School -peu après un certain Barack Obama- avant de traverser l'Atlantique pour peaufiner son CV à Oxford. Le juriste a ensuite arpenté en 1993/1994 l'imposant édifice en marbre de la Cour suprême, étant l'assistant d'Anthony Kennedy qui, à 80 ans, fait toujours partie de la vénérable institution.

M. Gorsuch a ensuite travaillé 10 ans comme avocat d'affaires dans un cabinet privé, avant de rejoindre les services du ministère de la Justice sous la présidence de George W. Bush. C'est d'ailleurs M. Bush qui l'a nommé à la cour d'appel de Denver, le magistrat obtenant facilement sa confirmation par le Sénat en 2006.

Les opinions de Neil Gorsuch sont principalement connues par ses écrits et jugements. Il a rédigé un livre développant des arguments contre l'euthanasie et a soutenu des entreprises qui refusaient de fournir une couverture santé incluant une contraception à leurs employées. Il a également remis en cause l'idée que les tribunaux s'en remettent aux agences fédérales pour interpréter une question de droit, une thèse prisée par les conservateurs. Neil Gorsuch présente enfin l'atout de ne jamais avoir proféré de déclaration fracassante susceptible d'entraver sa confirmation, en particulier sur l'avortement.



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