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Pourquoi les attentats de Paris provoquent plus d’empathie que ceux de Beyrouth et d’ailleurs ?

Les attentats de Paris ont suscité une vive émotion dans le monde, relayée par les médias, mais aussi par les internautes, notamment via leur page Facebook. Au Liban, en Russie et ailleurs, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les différences de compassion suscitées par cette tragédie et les autres.

Facebook a été critiqué la semaine dernière pour avoir activé l’outil Safety Check après les attentats de Paris (129 morts) mais pas la veille au Liban après un attentat à la voiture piégée qui avait fait 44 morts. Les Parisiens ont eu la possibilité de rassurer leurs proches en cliquant sur ce bouton d'urgence, pas les Libanais. Une différence de traitement qui a agacé de nombreuses personnes au pays des cèdres.


"La mort de mes compatriotes à Beyrouth n'a pas autant d'importance que celle de mes autres compatriotes à Paris"

Le quotidien libanais L’Orient-Le jour rapporte l’indignation de nombreux blogueurs. "Il y a eu deux horribles nuits. La première a ôté la vie à plus de 40 personnes à Beyrouth, la deuxième à plus de 100 à Paris. Il me semble évident qu'aux yeux du monde, la mort de mes compatriotes à Beyrouth n'a pas autant d'importance que celle de mes autres compatriotes à Paris", écrit par exemple Joey Ayoub sur son blog, Hummus for thought, dans un post partagé plus de 10.000 fois sur Facebook.


"Les gens ont tendance à être plus empathiques quand les victimes leur ressemblent physiquement"

"Rarement des événements se font écho aussi clairement que les attaques contre Beyrouth et Paris. Alors pourquoi tant de différence dans l’empathie ?", interroge le magazine américain Slate. Selon David A. Graham, auteur de l’article, "les Américains sont beaucoup plus susceptibles d’avoir été à Paris qu’à Beyrouth, au Caire, à Nairobi ou dans d’autres villes ayant connu une attaque terroriste. S’ils n’ont pas visité Paris, du moins l’ont-ils vu dans un film ou à la télé. Tout comme une attaque dans votre ville vous sensibilise plus qu’une attaque dans la ville d’à côté, l’Américain moyen ressent davantage la violence à Paris qu’ailleurs. Il y a aussi un composant troublant à ce sentiment de familiarité : les gens ont tendance à être plus empathiques quand les victimes leur ressemblent physiquement et qu’ils se mettent facilement à leur place."


La regrettable "concurrence des victimes"

En Russie, alors que les services secrets ont confirmé que le crash du vol A321 dans le Sinaï égyptien, qui a fait 224 morts le 31 octobre, était un attentat, de nombreux Russes ont appliqué le filtre bleu- blanc-rouge à leur photo de profil Facebook. Un hommage qui a irrité certains autres, critiquant les premiers de ne pas avoir manifesté une telle solidarité au moment du crash. Le quotidien russe Gazeta.ru appelle néanmoins à éviter "la concurrence des victimes", rapporte le Courrier International. "La question des couleurs du profil est devenue plus importante que la tragédie elle-même", regrette le quotidien.

D’autres attaques terroristes refont parler d’elles sur les réseaux sociaux, avec des interrogations sur leur couverture médiatique. C’est le cas de celle contre l'université de Garissa, au Kenya, revendiquée par les shebabs somaliens. Pour rappel, le 2 avril 2015, quatre hommes armés de fusils mitrailleurs AK47 avaient pénétré sur le campus de l'université. Bilan : 147 morts. Mais sur les réseaux sociaux, pas le moindre soubresaut de solidarité, fustigent certains internautes.


Facebook corrige le tir

Suite aux critiques, le patron-fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a promis mardi 17 novembre d'activer plus souvent son bouton "je suis en sécurité". Mercredi 18, Le réseau social américain a pour la première fois activé son Safety Check au Nigeria à la suite d'un attentat à la bombe. Au moins 32 personnes ont été tuées mardi soir dans un attentat à la bombe sur un parking pour poids lourds à Yola, dans le nord-est du Nigeria.

"Qu'est-ce qui est le plus triste ? Les attaques de Paris ou le fait que les attaques de Beyrouth n'aient pas eu plus d'une fraction de l'attention que le monde a accordée à Paris aujourd'hui?" Oui, pourquoi pas nous ? Hey Zuckerberg, nous sommes un petit pays, à côté de la Palestine et de la Syrie.

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