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Poutine est arrivé à Versailles: 10 ans après avoir "humilié" Sarkozy, va-t-il faire de même avec Macron?

Le président français Emmanuel Macron a accueilli en grande pompe lundi son homologue russe Vladimir Poutine au château de Versailles pour leur première rencontre qui portera sur une série de dossiers, au premier rang desquels la situation en Syrie et en Ukraine. Après une poignée de main chaleureuse sur le tapis rouge déroulé dans la fastueuse cour du château, les deux chefs d'Etat ont gagné un salon pour une réunion en petit comité, avant un déjeuner élargi et une conférence de presse.

Une rencontre qui rappelle celle entre Nicolas Sarkozy et le même Vladimir Poutine, en 2007, après laquelle l'attitude du président français avait choqué, laissant croire qu'il était ivre... ce qui n'était pas du tout le cas.

Après s'être mesuré à Donald Trump la semaine dernière, Emmanuel Macron reçoit donc ce lundi Vladimir Poutine au Château de Versailles, pour un dialogue "sans aucune concession" sur une série de dossiers brûlants, au premier rang desquels la Syrie et l'Ukraine. "On peut imaginer que la conversation va être franche et assez directe", Emmanuel Macron "ne s'interdira rien (..) y compris (sur) les questions qui ont trait aux libertés", a prévenu lundi matin la ministre des Affaires européennes, Marielle de Sarnez. "Donald Trump, le président turc (Recep Tayyip Erdogan) ou le président russe sont dans une logique de rapport de forces, ce qui ne me dérange pas", a lui-même observé le nouveau président français, qui a promis un "dialogue exigeant", "sans aucune concession".


Macron assure que les droits de l'Homme seront évoqués

S'il ne croit pas à "l'invective publique", Emmanuel Macron, 39 ans, assure qu'il ne compte "laisser rien passer" dans ses conversations avec ses homologues, et se faire "respecter".

Vladimir Poutine, qui a atterri vers 13H25 à Paris, l'avait appelé pour sa part à "surmonter la méfiance mutuelle" dans un message de félicitations au lendemain de son élection. Faut-il y voir un signe ? Leur conférence de presse commune se tiendra dans la Galerie des Batailles du Château de Versailles, célébrant les grands faits d'armes de l'histoire de France, de Clovis à Napoléon.

Rompant avec la discrétion observée par François Hollande sur la question des droits de l'Homme, l'Elysée a fait savoir que la cellule diplomatique de la présidence avait reçu plusieurs ONG pour évoquer la situation des homosexuels en Tchétchénie et la liberté d'association en Russie.

Amnesty International a appelé pour sa part le nouveau président français à "faire pression" sur le maître du Kremlin, dénonçant la persécution "en toute impunité" des homosexuels en Tchétchnie, "avec la bénédiction de autorité russes".


En 2007, Sarkozy avait aussi promis de parler des dossiers compliqués... avant d'être mis KO

Rappelez-vous, en 2007, durant un sommet du G8, Nicolas Sarkozy avait promis qu'il discuterait des dossiers difficiles avec Vladimir Poutine. Mais lors de la conférence de presse qui a suivi leur face à face, le comportement du président français avait laissé croire qu'il était ivre. En réalité, Nicolas Sarkozy était sorti littéralement KO de son entretien avec Vladimir Poutine.

D'après Nicolas Henin, journaliste au Point, et visiblement bien informé, la rencontre s'était révélée assez brutale. "Avec moi, on va parler des sujets qui fâchent", aurait lancé Nicolas Sarkozy, abordant ensuite les morts en Tchétchénie, le meurtre d'une journaliste russe... dans un long monologue. Après un silence, Vladimir Poutine aurait répliqué avec force. "C’est bon tu as fini là? Bon, je vais t’expliquer. Tu vois ton pays il est comme ça. Le mien, il est comme ça. Alors maintenant, de deux choses l’une, ou bien tu continues sur ce ton et je t’écrase, ou alors tu arrêtes de parler comme ça, et tu verras…", aurait rétorqué Poutine, remettant Sarkozy "à sa place". "Tu viens juste de devenir président de la France, mais je peux faire de toi le roi de l'Europe", aurait ajouté le président russe.

Le ton de Vladimir Poutine aurait été "ponctué d'insultes, humiliant, de façon à vraiment imposer sa volonté à Nicolas Sarkozy", a témoigné Nicolas Henin sur France 2. "Nicolas Sarkozy va être éberlué. Il n'en revient pas... En conférence de presse, il était KO debout, du fait de l'humiliation que venait de lui infliger Vladimir Poutine", a ajouté le journaliste.

Une première rencontre déterminante

Sur les relations entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, "beaucoup de choses vont dépendre de la première rencontre", a estimé l'ambassadeur russe en France, Alexandre Orlov, qui juge aussi "très important" de "commencer à dissiper" la "méfiance" réciproque.

Les deux dirigeants doivent se retrouver en tête-à-tête, déjeuner, entourés de leurs délégations, avant de tenir leur conférence de presse conjointe et d'inaugurer l'exposition qui sert de prétexte à cette rencontre. "Pierre le Grand, un tsar en France", ressuscite la mémoire de la visite à Versailles en mai et juin 1717 de Pierre Ier, figure chère à Vladimir Poutine, une visite marquée par l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Russie.


Poutine seul pour inaugurer le Centre spirituel orthodoxe

M. Poutine se rendra aussi, mais seul, au nouveau Centre spirituel et culturel orthodoxe russe, avec sa cathédrale à bulbes dorés au coeur de Paris. Son inauguration en sa présence était prévue en octobre 2016, mais l'escalade verbale entre Paris et Moscou, provoquée par la campagne militaire du régime syrien et de son allié russe contre la partie rebelle d'Alep (nord de la Syrie), l'avait conduit à annuler son déplacement.


Le dossier syrien

Pour Emmanuel Macron, il est nécessaire de "parler avec la Russie" de la crise syrienne afin de "changer le cadre de sortie de la crise militaire" et de "construire de manière beaucoup plus collective une solution politique inclusive".

Le président français estime que la mise à l'écart des Occidentaux sur ce dossier, au profit d'un processus de cessez-le feu parrainé par la Russie, l'Iran et la Turquie, signait leur "défaite".

De la même manière, il compte discuter pied à pied du dossier ukrainien. "La Russie a envahi l'Ukraine", a-t-il même lancé à l'issue du G7 qui a évoqué l'éventualité de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie, alors que Moscou dément toute implication dans le conflit.

Les deux chefs d'Etat tenteront aussi d'arrondir les angles après la campagne présidentielle française, marquée par l'accueil au Kremlin de la candidate d'extrême droite Marine Le Pen et les piratages informatiques visant le mouvement politique d'Emmanuel Macron, En Marche !, attribués à des hackers russes.

Marine Le Pen a souhaité de son côté que la rencontre permette de "normaliser les relations avec la Russie", au-delà des seuls "concours de biceps" pour répondre au gigantesque défi des relations internationales et "lutter contre le fondamentalisme islamique".

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