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"Il y a peut-être un président de trop" en Europe: Juncker lance un subtil message à Trump

Le président américain Donald Trump a été reçu jeudi à Bruxelles par les présidents du Conseil et de la Commission européens, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, pour sa première rencontre avec les dirigeants d'une UE qu'il a sévèrement critiquée. M. Trump a été accueilli par M. Tusk dans un bâtiment du Conseil, l'institution représentant les Etats membres de l'UE, où des drapeaux américains avaient été dressés aux côtés de la bannière bleue étoilée de l'Union et de celles de ses 28 membres.

Les deux hommes ont ensuite été rejoints par M. Juncker, puis une réunion élargie a eu lieu avec notamment le président du Parlement européen Antonio Tajani et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

Cette première rencontre entre le président américain et les principaux dirigeants de l'Union européenne a duré environ une heure et demie. Des thèmes comme le commerce international et le changement climatique pourraient faire l'objet d'échanges, avait indiqué un responsable européen avant la rencontre.


"Il y a un président de trop"

Sur une courte vidéo diffusée par les institutions européennes montrant le début de la rencontre de jeudi, on entend M. Tusk dire à M. Trump: "Vous savez monsieur le président que nous avons deux présidents dans l'UE?". "Oui, je le sais", répond M. Trump. "Il y en a un de trop", plaisante ensuite M. Juncker. "Une façon de plaisanter, mais aussi une façon de dire très clairement que les institutions européennes sont peut-être complexes, mais qu'elles fonctionnent et qu'elles sont surtout très unies. Car on sait que le dirigeant américain a fortement critiqué le système européen. Donald Tusk et Jean-Claude Juncker ont montré qu'ils étaient plus que jamais présents, et le président américain a un petit peu changé d'avis", a commenté notre journaliste Sébastien Rosenfeld, en direct dans le RTLinfo 13H.


"Je ne suis pas sûr à 100% que l'on puisse dire que nous avons une position commune sur la Russie"

Les divergences entre Bruxelles et Washington sur la Russie et la question du commerce international ont marqué cette rencontre. "Je ne suis pas sûr à 100% que l'on puisse dire aujourd'hui, Monsieur le Président et moi-même, que nous avons une position commune, une opinion commune au sujet de la Russie", a déclaré après la rencontre le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui représente les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 pays de l'UE.

"Nous avons discuté de politique étrangère, de climat et de relations commerciales", a expliqué M. Tusk. "Mon sentiment est que nous sommes d'accord sur de nombreux sujets, en premier lieu et surtout sur le contre-terrorisme", a-t-il dit. Mais "certaines questions restent ouvertes comme le climat et le commerce", a ensuite admis M. Tusk, avant d'aborder sans détour la question de l'absence de position commune sur la Russie, même si "quand il s'agit du conflit en Ukraine, il semble que nous soyons sur la même ligne". "La plus grande tâche aujourd'hui est la consolidation du monde libre tout entier autour de ces valeurs, et pas seulement autour d'intérêts", a plaidé le président du Conseil.


Plan d'action commun sur le commerce

"Cela a été une bonne discussion, cordiale et amicale", a indiqué de son côté une porte-parole de la Commission européenne après la rencontre, saluant "une première occasion de faire connaissance". Le président Juncker "a insisté sur l'intensification de la coopération commerciale qui est une situation gagnant-gagnant pour les deux parties", a ajouté la porte-parole.

Il a été "décidé de travailler sur un plan d'action commun sur le commerce", a-t-elle précisé, alors que le protectionnisme affiché par Donald Trump est un sujet de crispation pour les Européens, inquiets d'une remise en cause des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).


Une rencontre après les critiques de Trump

Cette première rencontre de M. Trump avec les dirigeants de l'UE est intervenue dans un contexte d'incertitudes sur la politique européenne du nouvel hôte de la Maison Blanche, qui a soufflé le chaud et le froid sur Bruxelles ces derniers mois. Quelques jours avant sa prise de fonction, il avait notamment prédit que "d'autres pays (allaient) quitter" l'UE en suivant l'exemple de Londres et du Brexit. Le président américain s'est plus tard ravisé en félicitant les Européens pour leur gestion du départ programmé du Royaume-Uni.

"J'aurais pensé, quand cela s'est produit, que d'autres (pays) suivraient, mais je pense vraiment que l'UE est en train de se ressaisir", a-t-il estimé début avril, tout en maintenant que le Brexit restait "une très excellente chose pour le Royaume-Uni et une très, très bonne chose aussi pour l'UE".

Parmi les autres sujets de friction entre l'UE et les Etats-Unis, le plus récent concerne l'interdiction envisagée par les Etats-Unis des ordinateurs portables et autres tablettes en cabine à bord des avions en provenance d'Europe.

Sur le plan commercial, le protectionnisme affiché par Donald Trump crispe les Européens, qui s'inquiètent de sa remise en cause des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

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