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Procès Carlton: DSK doit enfin livrer sa version

Le jour est enfin venu pour Dominique Strauss-Kahn: poursuivi pour proxénétisme aggravé aux côtés de 13 autres prévenus alors qu'il a toujours nié tout fondement à cette accusation, il va devoir livrer sa version de l'affaire dite du Carlton au tribunal correctionnel de Lille.

Trois ans et demi après les premières fuites dans la presse sur son éventuelle implication dans cette affaire, l'ancien directeur du FMI, âgé de 65 ans, va avoir deux jours et demi pour se disculper à la barre. Il encourt 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende.

C'est le 16 octobre 2011 que DSK a demandé à être entendu par les juges pour faire cesser les "insinuations malveillantes" qui avaient commencé à circuler au sujet de son rôle dans un réseau de recrutement de prostituées pour animer des soirées chaudes.

DSK venant à peine cette année-là d'échapper aux griffes de la justice pénale américaine dans le scandale sexuel du Sofitel de New York, qui a brisé sa carrière politique, la nouvelle affaire - du viol on passait au proxénétisme - risquait de ruiner ce qu'il lui restait de réputation.

Il a été finalement mis en examen le 26 mars 2012.

Le parquet a requis ensuite le non-lieu concernant le renvoi en correctionnelle, estimant qu'il avait été bénéficiaire mais pas organisateur des festivités.

Depuis le début, il a laissé à ses avocats, le réputé Henri Leclerc en tête, le soin de dénoncer une interprétation abusive du droit.

"Motivation politique, idéologique, morale", voilà comment ses conseils avaient qualifié le renvoi de DSK devant le tribunal correctionnel.

Quoi qu'il lui en coûte, et aussi contesté par certains soit le fondement judiciaire de sa mise en examen, voici DSK obligé de s'expliquer une fois de plus sur une affaire de moeurs, sous les yeux d'une presse nombreuse et impatiente.

Lundi soir, l'avocat de Nafissatou Diallo, qui avait accusé Dominique Strauss-Kahn d'agression sexuelle au Sofitel, s'est dit "rassuré" que l'ancien directeur du FMI doive "rendre des comptes" devant la justice en France, contrairement à ce qui s'était passé aux Etats-Unis, où le dossier s'était clos par un accord financier amiable au civil.

DSK sera notamment confronté à ses accusatrices, au milieu peut-être d'allusions à ses goûts sexuels. A Jade, en particulier, dont les témoignages depuis le début du procès sur le monde de la prostitution ne manquent pas de glacer l'audience.

- 'Roi de la fête' ? -

Le 2 février à l'ouverture du procès, il avait assuré par avance le président du tribunal de sa bonne volonté.

"On en reparlera la semaine prochaine", lui avait dit Bernard Lemaire. "Bien sûr", avait alors répondu, affable, Dominique Strauss-Kahn.

Entre-temps, le président du tribunal a pris soin de compartimenter les débats - aucun sujet ne devait être abordé sans la présence du prévenu concerné.

Durant ces audiences, la question de savoir si DSK était au courant du fait que ses partenaires sexuelles d'un jour étaient des prostituées n'a ainsi pas été posée.

Son ombre a cependant plané en permanence sur les six premiers jours du procès qui devrait s'achever le 20 février.

Au fur et à mesure que le tribunal passait en revue les différents cercles de protagonistes du dossier, il se rapprochait de lui.

Une des ex-prostituées, Mounia, qui s'est portée partie civile, a affirmé lundi qu'elle avait été dûment prévenue par son recruteur de l'identité du grand homme, alors favori pour la présidentielle de 2012.

De l'accusation même, il ressort que DSK n'a probablement jamais payé une prostituée lors de ses sorties dans le nord, avec son cercle d'amis qui comptait un policier, Jean-Christophe Lagarde, deux entrepreneurs, Fabrice Paszkowski et David Roquet, et une spécialiste de l'événementiel, Virginie Dufour.

C'est à ce petit groupe d'amis du Nord que s'intéressera le tribunal de mardi à jeudi matin.

Ce que reproche la justice à cette fine équipe, c'est d'avoir amené des prostituées à des soirées organisées à Lille, Paris ou encore Washington, pour faire plaisir à Dominique Strauss-Kahn, "roi de la fête" qui, au minimum, ne pouvait être dupe du petit manège, selon l'accusation.

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