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RDC : au moins 24 morts dans une attaque de rebelles ougandais dans l'Est

Vingt-quatre personnes au moins, dont douze assaillants, ont été tuées entre dimanche et lundi dans une nouvelle attaque attribuée aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) et les combats qui ont suivi dans l'est de la République démocratique du Congo.

"Nous avons perdu un Casque bleu (...) quatre soldats (congolais) ont été tués (...) 12 ADF tués et 7 civils tués à la machette à l'hôpital d'Eringeti", dans le nord de la province du Nord-Kivu, a déclaré à l'AFP le colonel Félix-Prosper Basse, porte-parole de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco).

Joint par téléphone de Goma, la capitale du Nord-Kivu, un notable d'Eringeti a affirmé pour sa part, sous le couvert de l'anonymat, avoir "vu quatre civils tués par balles [...] et sept malades et une infirmière découpés à la machette à l'hôpital".

Le Centre d'études pour la promotion de la paix, la démocratie et les droits de l'Homme (Cepadho, ONG basée à Beni, chef lieu du territoire dont dépend Eringeti) avance un bilan de 30 morts: 14 ADF, sept civils, huit militaires congolais et un Casque bleu.

Selon l'ONU, ce dernier appartenait au contingent malawite de la brigade d'intervention de la Monusco.

Il avait été envoyé avec un détachement onusien pour prêter main-forte à l'armée congolaise contre les assaillants. Un autre soldat malawite et quatre soldats congolais ont été blessés, selon le colonel Basse.

Interrogé par l'AFP, le lieutenant Mak Hazukay, porte-parole de l'armée congolaise dans la région, n'a pas donné de bilan des combats. "Les ADF ont attaqué nos positions à Eringeti et nous les avons repoussés toute la nuit", a-t-il affirmé.

Située à une cinquantaine de kilomètres au nord de Beni, place commerciale importante, la ville d'Eringeti a déjà été endeuillée par plusieurs attaques attribuées aux ADF.

Ces rebelles musulmans opposés au président ougandais Yoweri Museveni sont accusés d'être responsables d'une succession de massacres et d'attaques dans le territoire de Beni et aux confins de l'Ituri ayant coûté la vie à plus de 500 civils depuis octobre 2014, selon l'ONU.

- Jihadistes ? -

Selon le Cepadho et la Monusco, l'attaque des ADF a commencé dimanche vers 15h00 (13h00 GMT). D'après la Mission onusienne, les ADF ont pris d'assaut simultanément une position de l'armée congolaise au sud-ouest d'Eringeti, la base de la Monusco, l'hôpital de la ville ainsi qu'un poste de police.

Toujours selon le Cepadho, 43 maisons ont été incendiées par les miliciens. Le notable d'Eringeti confirme avoir vu plusieurs dizaines d'habitations dévastées par des flammes.

"Depuis ce matin, ce sont des opérations de ratissage et de bouclage qui se font", a déclaré le colonel Basse, ajoutant que les Forces armées de la RDC (FARDC) avaient repris le contrôle de la ville, ce que confirme le Cepadho.

A New York, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné l'attaque des ADF.

M. Ban "plaide pour une action rapide afin de traduire en justice" ceux qui l'ont perpétrée, a affirmé son porte-parole.

Depuis le début de la vague d'attaques attribuées aux ADF en 2014, la population de Beni et de ses environs accuse les autorités congolaises jusqu'au plus haut niveau de faillir à leur devoir de protéger les habitants.

Une offensive commune de la Monusco et des FARDC contre les ADF en décembre 2014 avait été suivie d'une accalmie.

Les violences ont cependant repris à la suite d'une suspension des opérations communes FARDC-Monusco, après une brouille entre les autorités congolaises et l'ONU, et elles se sont intensifiées depuis septembre le long de la RN4 qui relie Beni à Eringeti.

Le Cepadho accuse les ADF d'être des "jihadistes" renforcés par des éléments étrangers venus de la Corne de l'Afrique ou d’Afrique de l'Est - thèse que jusqu'ici l'ONU n'a pas endossée - et exhorte le président congolais Joseph Kabila à "relancer formellement la coopération FARDC-Monusco pour une traque conjointe de ces terroristes".

Le Nord-Kivu, comme l'ensemble de l'Est congolais, est déchiré depuis plus de vingt ans par des conflits armés alimentés par des différends ethniques et fonciers, la concurrence pour le contrôle des riches ressources minières de la région et des rivalités entre puissances régionales.

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