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Rennes sous haute surveillance après les dégradations de vendredi soir

Les forces de l'ordre ont empêché samedi quelque 700 manifestants de défiler dans le centre de Rennes pour protester contre "les violences policières" et la ville était samedi soir sous haute surveillance au lendemain d'une soirée de dégradations commises par environ 300 casseurs.

"L’État est totalement mobilisé" et les forces de l'ordre resteront "mobilisées ce (samedi)soir dans les rues de Rennes" comme elles l'ont été samedi après-midi pour empêcher un "rassemblement interdit", a assuré le nouveau préfet de région Christophe Mirmand lors d'un point presse.

"La mobilité des unités de police est essentielle" pour prévenir de nouveaux risques de violence, a ajouté le représentant de l'Etat, arrivé quelques heures plus tôt d'Ajaccio où il était précédemment en poste.

Les forces de l'ordre, qui avaient reçu des renforts depuis les dégradations de la veille, ont empêché samedi après-midi quelque 700 manifestants de défiler dans le centre-ville pour protester contre "les violences policières" en les contenant sur leur point de rassemblement, proche de la gare. Elles ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lanceurs de balles de défense pour empêcher les manifestants qui s'étaient rassemblés vers 13H00 de partir en cortège dans la ville.

"Les choses étaient très claires: pas question de défiler", a expliqué à l'AFP Patrick Dallennes, préfet par intérim d'Ille-et-Vilaine et préfet délégué pour la zone de défense et de sécurité ouest.

"La police mutile, la police assassine", ont crié les manifestants. L'un d'entre eux a montré à l'AFP une marque à la cuisse causée selon lui par une balle de défense. "Ils ne cherchent pas à nous faire peur mais à nous faire mal", a-t-il déclaré.

Les forces de l'ordre, appuyées par deux hélicoptères, n'ont pas eu à faire usage des quatre canons à eau qui avaient été prépositionnés.

Depuis le Nigeria où il se trouve en visite, le président François Hollande a dénoncé les dégradations commises vendredi soir à Rennes, estimant qu'"aucune violence ne doit être acceptée".

- "Guerilla urbaine" -

Un groupe de casseurs avait sévi dans le centre historique jusqu'à 23 heures, cassant les vitrines de plusieurs agences bancaires, de commerces et de bâtiments publics. Le siège du Parti socialiste a également été pris pour cible.

Les forces de l'ordre, qui empêchaient les manifestants d'approcher d'une salle municipale d'où ils avaient été délogés le matin même par les gendarmes mobiles, n'ont pu empêcher la dégradation de nombreux commerces.

"Ils se sont servis, ils ont tendu le bras pour attraper les vêtements qui étaient juste derrière", a déclaré samedi matin Frédéric Bonnechère, propriétaire d'un magasin de vêtements, en découvrant son établissement vandalisé.

"On essaie de créer une clientèle et, là, ça fait un mois et demi qu'il n'y a plus de clients dans Rennes", s'est désolé le commerçant.

Les dégâts au centre-ville n'ont pu encore être chiffrés, a déclaré la députée-maire de Rennes, Nathalie Appéré, lors du point-presse avec le préfet Mirmand. "J'ai eu l'assurance que ces moyens (policiers) seront maintenus sur les prochains jours" et que "s'exprimera une solidarité nationale par rapport au préjudice subi", a-t-elle affirmé.

Pour le préfet Dallennes, les manifestants avaient mis au point "une tactique de guérilla urbaine", avec des petits groupes très mobiles s'en prenant en peu de temps à différentes cibles avant de disparaître dans la nature après s'être changés.

Depuis deux mois, Rennes a été le théâtre de manifestations parfois violentes contre la loi travail, un jeune manifestant ayant perdu l'usage d'un œil le 28 avril à la suite d'un jet de projectile. Certains manifestants ont imputé sa blessure à un tir de Lanceur de balles de défense (LBD40) de la police.

Une enquête, ouverte par le parquet et confiée à l'IGPN (inspection générale de la police nationale) est en cours pour déterminer la provenance précise du projectile.

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