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Saint-Etienne-du-Rouvray en état de choc après l'assassinat d'un prêtre

"Ce petit homme si gentil, il ne méritait pas ça, ça m'inspire de la haine", s'écrie un habitant de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) après l'assassinat mardi à l'arme blanche, en pleine messe, de Jacques Hamel, 85 ans, prêtre très apprécié de la paroisse où il officiait depuis dix ans.

Dans cette ville ouvrière du sud de la métropole de Rouen, fief communiste depuis des lustres, c'est l'état de choc après l'annonce du drame de l'église Saint-Etienne, où deux individus se réclamant du groupe Etat islamique ont égorgé le prêtre, très grièvement blessé un fidèle et pris en otages plusieurs personnes, dont deux religieuses, avant d'être abattus par la police.

L'intervention pour neutraliser les jihadistes a donné lieu à de nombreux tirs de la part d'hommes de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) envoyés sur place après qu'une personne, présente dans l'église, selon diverses sources, ait pu sortir pour téléphoner à la police.

Entre véhicules des différents services de police, ceux des pompiers et les véhicules officiels, tout le centre-ville a été bouclé. Une équipe de démineurs a été envoyée dans l'église, de peur que les terroristes aient pu laisser des explosifs.

Les habitants ont été invités à rester cloîtrés chez eux. La presse a été tenue à l'écart, à une entrée de la ville, se retrouvant près d'un pont ferroviaire.

La ville porte le deuil du prêtre octogénaire.

"Je le voyais souvent de ma fenêtre, tout rabougri avec son petit porte-document. Il ne méritait pas cela. Faut vraiment être lâche pour s'en prendre à lui", fulmine "M. J.", un septuagénaire qui peine à contenir sa colère.

- Emotion 'considérable' -

Cet ancien salarié d'une grosse société de la région ne fréquentait pas beaucoup l'église de sa ville, à l'exception de quelques enterrements. Mais il résume le sentiment général: "Il était si gentil", dit-il.

"C'était un homme passionné par ce qu'il faisait, il étonnait tout le monde par son dynamisme, l'émotion va être considérable" déclare à la presse, face à la mairie, le porte-parole de l'archevêque, le vicaire Philippe Maheut, après l'intervention face aux caméras du président François Hollande.

Le prêtre auxiliaire, qui secondait le curé de la paroisse, apportait son aide à Saint-Etienne-du-Rouvray depuis dix ans, mais il exerçait son sacerdoce depuis une soixantaine d'années en Seine-Maritime.

Selon M. Maheut, les deux religieuses de la congrégation de Saint-Vincent de Paul qui assistaient à la messe matinale n'ont pas été blessées mais, très choquées, elles ont été prises en charge par une cellule psychologique.

"S'en prendre à un religieux, c'est s'en prendre à un homme de paix. Peut-être que cela va provoquer un électrochoc parmi nos frères musulmans avec lesquels les relations sont bonnes", a estimé le vicaire général.

Une salle de prière pour les musulmans a été installée sur les hauts de Saint-Etienne-du-Rouvray, sur un terrain appartenant à la paroisse et non loin de la deuxième église de la ville, Sainte-Thérèse du Madrillet.

"Il y a plutôt une bonne entente entre les deux communautés", estime Alexandre Joly, curé du Grand-Quevilly, autre ville populaire importante du sud de Rouen.

Mais d'autres voient dans ce lieu de culte un point de rendez-vous pour les salafistes. "Il y a beaucoup de barbus avec djellaba", affirme "M. J.".

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