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Séisme au Pakistan et en Afghanistan: difficile progression des secours

La course contre la montre s'accélérait mercredi pour accéder aux survivants épuisés, deux jours après le séisme qui a fait plus de 370 morts aux confins du Pakistan et de l'Afghanistan, et coupé du monde des villages entiers.

La secousse de magnitude 7,5 a détruit des milliers d'habitations, coupé des routes et des réseaux de télécommunications dans cette zone montagneuse déjà difficile d'accès habituellement.

Des rescapés privés de toit réclamaient soins, vêtements et nourriture, avant que le temps glacial ne fasse de nouvelles victimes.

"Personne n'est venu nous aider. Nous sommes obligés de rester dehors. Il a plu hier et personne n'est venu nous aider", déplorait Jamil Khan, 24 ans, un habitant du district montagneux de Shangla, un des plus touchés par le séisme, dans la province pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa.

L'Unicef s'est dit "très inquiet sur le sort des enfants (...) qui sont à la merci des éléments alors que les températures plongent".

Les secouristes craignent aussi que la situation très instable sur le plan de la sécurité ne complique leur tâche, les talibans contrôlant certains secteurs sinistrés.

Rentré mardi d'une visite aux Etats-Unis, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a promis aux survivants "des compensations généreuses".

Bien que l'épicentre du séisme se situait en Afghanistan, c'est au Pakistan voisin que la majorité des victimes sont pour l'instant recensées: 255 morts, dont 208 dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Plus de 1.600 personnes ont été blessées et 9.000 maisons endommagées.

- 'Rien à manger' -

L'armée pakistanaise a pris la tête des opérations de secours, envoyant des tentes, des équipes médicales et des rations de survie dans les zones sinistrées, tandis que des hélicoptères évacuaient des blessés vers des hôpitaux urbains.

Mais dans les secteurs plus reculés, les habitants devaient se débrouiller seuls pour tenter de retrouver des survivants sous les décombres de bâtiments effondrés.

Dans le village de Gandao, la quasi totalité des 300 maisons ont ainsi été endommagées. Nombre d'habitants en ont été réduits à dormir dehors par des températures glaciales, de peur que leurs habitations ne s'effondrent.

"Nous sommes plus de 50 membres de la même famille, forcés d'attendre en plein air l'arrivée des secours", a protesté Hakim Khan, un habitant sexagénaire d'un village de Shangla.

Son neveu de 12 ans a péri dans le séisme, qui a détruit sa maison et celle de ses trois frères. "Nous n'avons rien à manger ni à porter avec ce froid, et nous avons peur que la neige arrive".

"Les principaux besoins seront sûrement des abris et produits d'hygiène étant donné qu'il neige déjà dans les zones les plus montagneuses," a souligné Shelagh Woods, de Médecins sans Frontières Pakistan.

En Afghanistan, on décomptait mercredi 115 morts, des centaines de blessés et 7.000 habitations détruites par le séisme, dont l'épicentre se trouvait dans les montagnes du Badakhshan (nord-est).

- 'Aide inconditionnelle' des talibans -

Une bonne partie de cette province, ainsi que d'autres zones touchées, sont aux mains des rebelles talibans, compliquant les opérations de secours.

"Les zones (sinistrées, ndlr) dans le Badakhshan ne sont pas sûres, mais nos équipes ont pu apporter de l'aide" à une centaine de familles, a indiqué le porte-parole du Croissant Rouge, Mehram Sadaqat. "Les équipes du Croissant rouge vont surtout là où les autres ne peuvent pas aller" pour des raisons de sécurité, a-t-il ajouté.

Le mouvement taliban a appelé mardi ses combattants à apporter leur "aide inconditionnelle" aux secours, mais les combats n'ont pas cessé pour autant. Les insurgés ont assuré mercredi avoir reconquis un district de la province de Takhar, signe de l'instabilité persistante dans cette zone frappée par le séisme.

Les Etats-Unis ont proposé une assistance humanitaire à l'Afghanistan et les médias publics chinois rapportent mercredi que Pékin a également offert son aide aux deux pays sinistrés. L'Inde, frère ennemi du Pakistan, s'était manifestée dès lundi. Le pape François a dit qu'il prierait pour toutes les victimes.

Pour nombre d'habitants de cette région, le séisme a ravivé le douloureux souvenir du terrible tremblement de terre de magnitude 7,6 qui avait fait plus de 75.000 morts le 8 octobre 2005.

Mais les éditorialistes insistaient mercredi sur le manque de prévention face aux séismes et catastrophes naturelles "qui ne manqueront pas d'arriver". "Nous sommes dans une zone sismique. Si nous n'agissons pas maintenant, il y aura de nouveaux morts dans l'avenir," insistait The News.

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