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Sondages de l'Elysée: Buisson mis en examen, Giacometti toujours entendu

Patrick Buisson a été mis en examen mercredi dans l'enquête sur les sondages de l'Élysée, épinglés par la Cour des comptes lors du dernier quinquennat, tandis que Pierre Giacometti, autre ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, était toujours entendu par la police.

Pierre Giacometti a été placé en garde à vue dans la matinée dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) à Paris. "Cette garde à vue va se poursuivre mercredi soir et sera très probablement prolongée jeudi", a appris l'AFP de source proche du dossier. Sollicité, son avocat Patrick Maisonneuve n'a pas fait de commentaire à ce stade.

A l'issue de cette garde à vue, qui peut durer 48 heures, l'ex-directeur général d'Ipsos France, qui conseille toujours Nicolas Sarkozy, peut être relâché ou présenté à un magistrat instructeur en vue d'une éventuelle mise en examen.

Auditionné par un juge au pôle financier, Patrick Buisson, avec lequel l'ex-président a coupé les ponts, a de son côté été mis en examen pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics par un particulier, selon une source judiciaire.

"Il s'exprimera plus tard sur le fond du dossier, mais il reste parfaitement serein", a déclaré à l'AFP son avocat, Gilles-William Goldnadel.

L'instruction porte sur la régularité des contrats conclus sous le quinquennat Sarkozy entre l'Élysée et neuf instituts de sondage, notamment la société Publifact de Patrick Buisson et celle de Pierre Giacometti, Giacometti-Peron.

Six anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy, dont Claude Guéant et Xavier Musca qui s'étaient succédés au poste de secrétaire général de la présidence de la République, ainsi qu'Emmanuelle Mignon, ex-directrice de cabinet, avaient été entendus début juin. A l'issue de leurs interrogatoires, ils avaient été relâchés sans être déférés devant la justice.

- Sondages étrangers à la fonction présidentielle -

Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy est protégé par son immunité présidentielle puisqu'il était en poste à l'Élysée.

La polémique avait débuté en 2009, après la publication d'un rapport de la Cour des comptes qui épinglait sévèrement une convention signée en juin 2007 entre l'Élysée et le cabinet de Patrick Buisson "pour un coût avoisinant 1,5 million d'euros".

"Aucune des possibilités offertes par le code des marchés publics" n'a été appliquée, jugeait la Cour, déplorant "le caractère non seulement très succinct de la convention (une seule page) mais également exorbitant au regard des règles de l'exécution de la dépense publique". Signée par Emmanuelle Mignon, cette convention donnait à Publifact "une totale liberté d'appréciation" sur les dépenses à engager, s'inquiétait la Cour.

L'association de lutte contre la corruption Anticor avait porté plainte en février 2010. Elle n'a obtenu que fin 2012 que le juge Serge Tournaire puisse enquêter sur des faits présumés de favoritisme dans l'attribution des contrats et détournement de fonds publics.

Les investigations ont ensuite été étendues à l'ensemble des contrats de conseil ou sondages commandés durant le quinquennat Sarkozy, chiffrés à plus de 9 millions d'euros dans une plainte ultérieure d'Anticor.

Dans un rapport de contrôle en 2010, la Cour des comptes avait noté "un sérieux effort de rationalisation et d'économies" de la part de l'Élysée, en relevant que la convention avec Publifact n'avait "plus donné lieu à commandes de nouvelles études" après septembre 2009.

Selon la plainte d'Anticor, certains sondages étaient "étrangers" à la fonction de chef de l'État. L'association citait ainsi un sondage sur la perception par les Français de la liaison entre Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ou encore sur des adversaires potentiels du président, comme Marine Le Pen et Dominique Strauss-Kahn.

Des perquisitions avaient été menées en avril 2013 chez Patrick Buisson.

Ce dernier, venu de l'extrême droite - il avait dirigé le journal Minute - et réputé très influent auprès de Nicolas Sarkozy durant son quinquennat et la présidentielle perdue de 2012, a refait parler de lui avec les fameux enregistrements clandestins qu'il réalisait à l'Élysée. En juillet 2014, la cour d'appel de Paris a confirmé sa condamnation à verser des dommages et intérêts à l'ex-président.

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