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Opération de nettoyage pour la statue de la République, lieu symbole des attentats

Fleurs et bougies retirées, graffitis passés au karcher: depuis lundi, la statue de la République, trônant au centre de la place parisienne du même nom et lieu symbolique des hommages aux victimes des attentats, fait l'objet d'une opération de grand nettoyage.

Au fil des mois, la statue de bronze et son énorme piédestal en pierre blanche étaient devenus le lieu spontané de commémorations où s'entassaient fleurs, bougies et dessins en hommage aux victimes des attentats en France et dans le monde. A l'origine de ce mouvement: l'attaque du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, qui avait donné lieu à une énorme manifestation de solidarité le 11 janvier au départ de cette place.

Mais la Ville de Paris a décidé de donner un coup de neuf à la statue parisienne après de "nombreuses demandes des riverains, des usagers de la place, des maires d'arrondissement", explique Bruno Julliard, premier adjoint de la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

Au-delà du caractère commémoratif de la place, l'élu rappelle qu'elle "doit demeurer un lieu de vie pour les Parisiens, de loisirs, de balades et de manifestations". Mais "ce n'est pas une décision de mettre un terme à ce caractère mémoriel de la place de la République", nuance-t-il.

Outre les hommages aux victimes des attentats terroristes, cette vaste place au coeur de Paris a aussi accueilli nombre de manifestations contre la loi travail et des jours et des nuits d'occupation de Nuit debout, avec pour conséquences de nouveaux tags, collages et autres graffitis, qui pour certains "agressent définitivement la pierre", précise Bruno Julliard.

Lundi, les archivistes de la Ville, chargés de conserver la mémoire de ces hommages, ont enlevé les derniers objets, photographiant ce qui ne pouvait être conservé. Les équipes de nettoyage ont alors pu commencer à s'attaquer aux graffitis par "hydrogommage". Cette opération d'envergure prendra fin le 11 août.

- "Il faut tourner la page +République+" -

Une fois le monument redevenu propre, "il sera très régulièrement surveillé par les personnels municipaux" pour éviter d'éventuels nouveaux tags, avertit M. Julliard.

Une initiative qui ne déplaît pas à Imed, chef de la réception dans un hôtel voisin de la place : "On ne peut pas garder ces souvenirs à vie. La statue de la République est faite pour embellir la place et les graffitis n'y ont pas leur place. En tant qu'hôteliers, nous avons beaucoup souffert des manifestations et de Nuit Debout", estime-t-il.

Derrière les grilles provisoires installées autour de la statue, la nostalgie monte néanmoins chez certains passants. Rainatou Méféré, Camerounaise habitant Paris, a la voix qui tremble : "Je suis toujours venue quand il y avait des attentats, c'est très douloureux. Mais ce sont des souvenirs qu'il faut laisser partir, il faut tourner la page +République+".

Les documents papiers régulièrement collectés par les Archives de Paris seront progressivement numérisés et mis à disposition du public. Quant aux objets ou documents les plus symboliques, ils seront exposés à terme au Musée Carnavalet.

Gaëtan, un sexagénaire barbu, parisien d'adoption, a déjà fait trois fois le tour de la statue, comme pour s'imprégner de souvenirs qu'il ne veut pas voir disparaître : "Ca fait mal de ne plus voir les fleurs et les bougies sur cette statue".

Sous le jet puissant du karcher, tags et graffitis se désagrègent progressivement, redonnant à la pierre sa teinte immaculée. Touristes et Parisiens sont nombreux à s'arrêter pour observer ce grand ménage, immortalisant le monument avant la fin de son "lifting"'.

En hommage aux victimes des attentats de janvier et novembre 2015, un arbre "du souvenir" a été planté le 10 janvier. "Un monument physique assez sobre (...) mais qui ne sera pas place de la République" devrait en outre être érigé en mémoire des victimes des attentats", précise à l'AFP M. Julliard.

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