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Syrie: la situation à Alep très floue après l'annonce de l'ouverture de couloirs humanitaires

Des médias du régime syrien ont affirmé samedi que des dizaines de familles étaient sorties des quartiers rebelles d'Alep par un de ses couloirs "humanitaires" mais des habitants et des insurgés ont démenti et dénoncé des "mensonges".

Le régime, qui soumet ces quartiers à un siège total et à des bombardements meurtriers, et son allié russe ont mis en place une opération "humanitaire" pour permettre aux civils et combattants de quitter les secteurs insurgés -où vivent quelque 250.000 personnes- et passer ainsi en zone loyaliste.

Selon l'agence officielle Sana, "des dizaines de familles sont sorties des quartiers est d'Alep à travers les couloirs (...)" et ont été prises en charge par des soldats et "transportées en bus vers des abris temporaires". Un groupe "de femmes de plus de 40 ans est également sorti par le passage de Salaheddine", d'après Sana, qui a aussi parlé de combattants ayant déposé les armes.

Dans un communiqué, l'armée russe a elle affirmé que 169 civils et 69 rebelles ayant rendu les armes avaient emprunté depuis vendredi l'un des trois couloirs "humanitaires". Elle a aussi annoncé l'ouverture de quatre autres corridors de ce type dans la deuxième ville de Syrie (nord), divisée depuis 2012 entre quartiers loyalistes à l'ouest et rebelles à l'est et devenue un enjeu majeur de la guerre.

L'agence Sana a aussi publié des photos de femmes habillées en noir accompagnées d'enfants près de soldats ou prenant le bus. La chaîne officielle Al-Ikhbariya a elle diffusé des images de quelques femmes et d'enfants traversant une rue bordée d'immeubles en ruines.

De son côté, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué qu'environ 20 civils avaient emprunté le corridor du quartier de Salaheddine.

Mais des habitants d'Alep-est et un correspondant de l'AFP sur place ont assuré qu'il n'y avait eu aucun signe de tels déplacements et que des obstacles étaient toujours en travers du point de passage du quartier de Salaheddine.

"Le régime dit avoir ouvert une voie à travers Salaheddine mais ce ne sont que des rumeurs et des mensonges", a indiqué Iyat Abou Mohamed, un commandant du groupe rebelle Noureddine al-Zinki.

"Nous sommes au passage (du quartier) de Boustan al-Qasr. Le régime ment", a dit au correspondant de l'AFP un autre commandant rebelle, Yasser Flis. "Ils n'ont rien ouvert, (...) Au contraire, ils ont augmenté leurs bombardements et leurs raids aériens sur le point de passage."

Le régime assiège totalement Alep-est depuis le 17 juillet et ses habitants souffrent de graves pénuries. Depuis le 7 juillet, aucune aide ne leur est parvenue.

L'objectif du régime est de reprendre la totalité d'Alep, ce qui représenterait un tournant dans une guerre qui a fait plus de 280.000 morts depuis 2011 et poussé des millions de personnes à la fuite.

La perte d'Alep pourrait aussi sonner le glas de la rébellion syrienne, déjà affaiblie par la montée en puissance des groupes terroristes.

Si l'ONU s'est dite favorable à ces corridors "humanitaires" et a proposé d'en prendre le contrôle, l'initiative a été accueillie fraîchement par les Etats-Unis, qui cherchent à travailler avec Moscou -principal soutien de Bachar al-Assad- pour trouver une issue au conflit syrien.

L'opposition a également mis en doute les intentions du régime et de son allié russe: un membre de la Coalition de l'opposition en exil, Ahmad Ramadan, a même parlé de "couloirs de la mort".

Et des habitants disent avoir peur d'emprunter ces passages. "Je veux sortir mais pas vers les zones du régime. J'ai très peur qu'ils prennent mon fils de 17 ans pour l'obliger à faire son service militaire ou l'envoyer au front", dit Abou Mohammad, 50 ans et père de quatre enfants. "La situation humanitaire est de plus en plus désespérée et on arrive difficilement à trouver de la nourriture", ajoute-t-il.

Pour renforcer le siège des quartiers rebelles, l'aviation syrienne bombarde intensément depuis vendredi la zone industrielle de Chqif et la banlieue de Dahret Abd Rabbo, situées respectivement au nord et au nord-ouest d'Alep, selon l'OSDH.

Le régime cherche ainsi à empêcher toute tentative des insurgés d'envoyer des renforts ou de lancer des contre-attaques pour briser le siège.

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