Accueil Actu

Syrie: retour triomphal de bombardiers en Russie, Kerry à Moscou dans une semaine

De nouveaux avions militaires russes ont quitté mercredi matin la Syrie, conformément à l'annonce de Vladimir Poutine, pour la Russie, où le secrétaire d'Etat américain John Kerry se rendra dans une semaine pour rencontrer le président russe.

Des avions de combats SU-25 et des avions de transport IL-76 ont quitté la base aérienne de Hmeimim (nord-ouest de la Syrie), a annoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Ces appareils militaires suivent un premier groupe déjà parti mardi, qui a atterri à Voronej, dans le sud-ouest de la Russie, sous les vivats de la foule.

Washington a estimé mardi soir que Moscou tenait à ce stade sa promesse de retirer le gros de son contingent militaire présent en Syrie, décision prise par Vladimir Poutine la veille.

"Je vais me rendre à Moscou la semaine prochaine pour rencontrer le président Poutine et le ministre des Affaires étrangères Sergeï Lavrov pour parler de la manière de faire avancer efficacement le processus politique, et de profiter de ce moment", a déclaré M. Kerry.

Paris a de son côté estimé que "tout ce qui contribue à la désescalade doit être encouragé": le conflit syrien entre dans sa sixième année, a rappelé le Quai d'Orsay.

Le repli de l'armée russe intervient alors que la question de l'avenir du président Bachar al-Assad demeure entière, Damas restant sourd aux exigences des opposants syriens avec qui un nouveau cycle de négociations a commencé lundi à Genève.

Pour de nombreux experts, en retirant des troupes, la Russie cherche aussi à accentuer la pression sur Assad à l'amorce des négociations de paix, mais le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a cependant affirmé mardi que ce retrait n'était en "aucun cas" une mesure de rétorsion contre Damas.

En dépit de ce retrait, Moscou poursuivra ses frappes contre des "objectifs terroristes", a toutefois prévenu l'armée russe. Son aviation a ainsi frappé mardi Palmyre (centre), tenue par le groupe État Islamique (EI), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, a de son côté promis mardi une offensive dans les 48 heures et parlé d'une "défaite" russe.

- Place au "processus politique" -

Lundi soir, Vladimir Poutine a annoncé, à la surprise générale, que la tâche de ses forces armées en Syrie avait été "globalement accomplie".

"J'ordonne donc au ministère de la Défense d'entamer à partir de demain (mardi), le retrait de la majeure partie de notre contingent", a-t-il déclaré à la télévision russe, précisant avoir appelé au préalable M. Assad.

La Russie gardera sur place "un site de logistique aérienne" pour surveiller le respect du cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 février, a précisé le Kremlin, ajoutant qu'elle maintiendra également ses systèmes de défense antiaérienne "les plus modernes", a priori les S-400.

Pour la presse russe, ce retrait permet de présenter son intervention comme une victoire politique en évitant l'enlisement craint par l'opinion.

Au fur et à mesure que les Etats-Unis se désengageaient du dossier syrien, M. Poutine est progressivement monté en puissance en Syrie. Son intervention aérienne, commencée le 30 septembre sur demande de Damas, lui a permis de poser fermement le pied dans ce pays au coeur de toutes les dynamiques régionales, et de sortir de l'isolement international provoqué par la crise ukrainienne.

- "Impact positif" sur les négociations -

Si l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura a estimé que le retrait russe pourrait avoir un "impact positif", l'opposition syrienne a dit redouter une "ruse" du Kremlin. L'annonce russe a eu lieu quelques heures à peine après le début de nouvelles négociations intersyriennes à Genève.

L'opposition syrienne et la délégation du régime de Damas ont par ailleurs transmis à l'ONU des "documents" pour un règlement politique du conflit, a annoncé mardi soir Staffan de Mistura, qui doit rencontrer mercredi la délégation représentant le gouvernement syrien.

Sur les marchés des changes à Damas, la nouvelle du retrait russe a créé la panique, d'après l'hebdomadaire économique en ligne The Syria Report: la livre syrienne (LS) a plongé mardi à 458 LS pour un dollar contre 443 LS deux jours plus tôt.

"Les analystes ont interprété ce retrait surprise comme une réprimande contre le régime syrien, un signe rare de tension entre les deux alliés", note l'hebdomadaire.

La guerre en Syrie, qui a débuté en mars 2011, a fait plus de 270.000 morts. La moitié de la population a été déplacée: plus de quatre millions ont fui le pays et plus de six millions ont été déplacés en Syrie.

Le nouveau haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, Filippo Grandi, a demandé mardi à la communauté internationale d'accueillir 400.000 réfugiés syriens supplémentaires.

À la une

Sélectionné pour vous