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Turquie: reprise du procès d'un pasteur américain accusé de "terrorisme"

Le procès d'un pasteur américain accusé en Turquie d'activités "terroristes" et d'espionnage, une affaire qui a tendu les rapports entre Ankara et Washington, a repris lundi dans l'ouest du pays, a constaté l'AFP.

Arrêté en octobre 2016, Andrew Brunson, qui dirigeait alors une petite église protestante à Izmir, risque jusqu'à 35 ans de prison.

Les autorités turques l'accusent d'avoir agi pour le compte du réseau du prédicateur Fethullah Gülen à qui Ankara impute le putsch manqué de juillet 2016, mais aussi pour le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces deux organisations sont considérées comme terroristes par la Turquie.

L'audience a commencé avec la déposition par visioconférence d'un témoin anonyme dont le visage a été flouté. Il a notamment affirmé que la propagande du PKK était véhiculée pendant les offices religieux célébrés dans l'église.

"Il dit avoir vu des drapeaux du PKK. Je n'ai jamais vu de telles photos prises dans notre église", s'est défendu le pasteur. "Je n'ai jamais soutenu le discours le PKK."

Installé en Turquie depuis une vingtaine d'années, Brunson est aussi accusé d'espionnage à des fins politiques ou militaires.

Signe que l'affaire est suivie de près par Washington, le chargé d'affaires Philip Kosnett et la vice-présidente de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale Sandra Jolley étaient présents lundi au tribunal d'Aliaga, dans la province d'Izmir, selon une correspondante de l'AFP.

A l'ouverture de son procès, le mois dernier, le pasteur américain avait rejeté toutes les accusations portées contre lui, avant de fondre en larmes. "Je n'ai rien fait contre la Turquie. Au contraire, j'aime la Turquie, je prie pour elle depuis 25 ans", a-t-il dit.

Cette affaire a ravivé les tensions entre la Turquie et les Etats-Unis, deux alliés au sein de l'Otan dont les relations traversent des turbulences depuis deux ans en raison notamment de désaccords sur la Syrie.

Après la mise en détention du pasteur, Donald Trump s'était fendu d'un tweet dans lequel il avait déclaré qu'il n'y avait "aucune raison" que le pasteur soit poursuivi en justice.

Le ministre turc des Affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu a toutefois défendu dimanche la légitimité du procès.

"Ils disent que (notre) gouvernement devrait le relâcher. Mais est-ce de mon ressort ?", a déclaré M. Cavusoglu lors d'une interview sur la chaîne d'information CNN-Türk. "C'est une décision qui appartient à la justice", a-t-il ajouté.

En septembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait évoqué l'idée d'échanger le pasteur Brunson contre le prédicateur Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis. Une hypothèse balayée par Washington.

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