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A Abou Dhabi, des appels à l'action pour préserver le patrimoine en péril

Des appels à "l'unité" et à "l'action" ont été lancés vendredi par la France, les Émirats arabes unis et l'Unesco à l'ouverture à Abou Dhabi d'une conférence internationale sur la protection du patrimoine en péril.

Les représentants de 40 pays ont discuté d'un fonds spécial de 100 millions de dollars et d'un réseau international de refuges pour mettre à l'abri des biens menacés par les conflits.

L'objectif de la conférence est de mettre en place de nouveaux outils destinés à empêcher la répétition des destructions au bulldozer et au marteau-piqueur commises par des jihadistes sur des sites appartenant au patrimoine de l'humanité.

Cinquante-cinq sites sur 1.052 biens dans le monde figurent actuellement sur la liste du patrimoine mondial "en péril" de l'Unesco.

C'est "le temps de la mobilisation internationale: acteurs privés et publics réunis au service de la protection du patrimoine menacé par les guerres, la barbarie et le terrorisme", a déclaré le Français Jack Lang en souhaitant que la réunion soit "tournée vers l'action".

"Nous travaillons ensemble pour lancer une initiative mondiale", a dit pour sa part Mohammed Khalifa al-Moubarak, président de l'Autorité du tourisme et de la culture d'Abou Dhabi.

A la veille de la conférence, cinq prix Nobel, dont la Birmane Aung San Suu Kyi, avaient demandé aux participants de prendre "leurs responsabilités" face à un défi "historique", rappelant qu'à Bamiyan (Afghanistan), Mossoul (Irak), Palmyre (Syrie) et Tombouctou (Mali), "le fanatisme" avait cherché à saper "notre espérance dans l'avenir".

- "Inséparable" -

Les promoteurs de la réunion veulent constituer une alliance entre des États, des institutions publiques, des groupes privés, des spécialistes et de grandes ONG capables de se mobiliser pour des actions de prévention, d'intervention d'urgence et de réhabilitation post-conflit pour des monuments endommagés ou détruits.

Il s'agit aussi de lutter contre le trafic illicite d'oeuvres d'art qui alimente les caisses de groupes armés.

C'est "le pendant culturel de la lutte menée contre le terrorisme sur les plans militaire et politique", souligne-t-on côté français.

"La protection du patrimoine est inséparable de la protection des vies humaines", a estimé vendredi la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, en qualifiant de "crime de guerre" et de "nettoyage culturel" les saccages commis au nom d'un prétendu combat contre l’idolâtrie.

- Zones refuges -

Le président-directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, a dit que des destructions de biens culturels avaient ponctué l'histoire de l'humanité mais que "la médiatisation" de ces saccages constituait une nouveauté et un défi.

Selon M. Lang, Paris contribuera à hauteur de 30 millions de dollars au fonds spécial.

Ce fonds serait constitué sous la forme d'une "entité juridique indépendante", selon un document préparatoire qui évoque une "fondation de droit suisse" susceptible d'être établie à Genève dès 2017.

La justice suisse a par ailleurs annoncé vendredi avoir ordonné la mise sous séquestre d'objets archéologiques en provenance de Palmyre (Syrie), du Yémen et de Libye, qui étaient entreposés dans les ports francs de Genève.

Le fonds proposé pourrait bénéficier d'incitations fiscales et s'inspirer des statuts du "Global Fund", le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, fondation à but non lucratif basée aussi à Genève, selon une source française.

L'autre objectif est de discuter de la création d'un "réseau international de zones refuges" pour répondre aux demandes d’États souhaitant mettre à l'abri leurs trésors en péril. Un "refuge" serait prioritairement établi dans le pays théâtre du conflit, souligne un des promoteurs du projet.

La conférence prévoit l'adoption d'une déclaration politique qui demandera au Conseil de sécurité de l'ONU d'appuyer les objectifs fixés, selon un projet de texte.

Elle sera clôturée samedi par le président français François Hollande et l'homme fort des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.

La conférence se déroule en marge des travaux d'achèvement du Louvre d'Abou Dhabi, voulu comme "le premier musée universel dans le monde arabe".

M. Hollande, qui vient d'annoncer qu'il renonçait à un second mandat, doit visiter samedi le site du musée, qui sera inauguré en 2017.

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