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Une nouvelle police "d'incorruptibles" prête serment en Ukraine: résistera-t-elle à l'argent?

A Kiev, 2.000 Ukrainiens, jeunes et sportifs, prêtent serment la main sur le cœur: la nouvelle police de la route et urbaine, formée par les Etats-Unis, se veut incorruptible et "symbole des réformes" que le gouvernement promet depuis le soulèvement de Maïdan.

Uniforme noir, insigne flambant neuf brillant au soleil, les nouveaux policiers, dont 20% de femmes, entonnent l'hymne national sur la place Sainte-Sophie, dans le centre de Kiev, en présence du président Petro Porochenko, du Premier ministre Arseni Iatseniouk, du maire de Kiev Vitali Klitschko et de l'ambassadeur américain Geoffrey Pyatt.


"Votre tâche ne sera pas plus facile que celle des soldats"

"Croyez-moi, votre tâche ne sera pas plus facile que celle des soldats dans le Donbass", leur lance M. Porochenko. C'est dans le Donbass que les troupes ukrainiennes pro-occidentales combattent depuis avril 2014 les séparatistes prorusses dans un conflit qui a fait plus de 6.500 morts.

La prestation de serment survient alors que le gouvernement ukrainien est fortement critiqué. En ligne de mire, l'absence quasi-totale des réformes promises après le renversement du régime prorusse corrompu de Viktor Ianoukovitch, en février 2014.

La réforme de la police, à laquelle seuls 2% des Ukrainiens font entièrement confiance, fait partie des chantiers prioritaires pour convaincre les Ukrainiens de la bonne volonté du pouvoir.


"Chacun de vous est devenu le symbole des réformes ukrainiennes"

"La principale zone à risque n'est pas celle où sifflent les balles, mais là où bruissent les billets", poursuit Petro Porochenko, faisant allusion aux pratiques de la police de la route connue pour extorquer des pots-de-vin.

Le commandant Olexandre Fatsevitch, 28 ans, qui a combattu dans l'Est a pris la tête de cette nouvelle structure. "Chacun de vous est devenu le symbole des réformes ukrainiennes", souligne M. Porochenko.


Les meilleurs des meilleurs pour remplacer une police corrompue

Les nouveaux policiers, qui ont dû passer des tests sévères pour prouver leur forme physique avant d'être recrutés, contrastent avec les policiers ventrus qu'ils vont remplacer. La trentenaire Valeria Volochtchouk a abandonné sa carrière de juriste et d'hôtesse de l'air pour se reconvertir en policière. "Je voudrais que l'attitude des gens envers les forces de l'ordre change, il faut qu'on nous fasse confiance. Nous sommes les premiers, c'est difficile, mais nous assumons la responsabilité", explique la jeune femme, chignon blond sous la casquette.

"Les relations entre les gens et la police sont aujourd'hui inacceptables", renchérit Olexandre Okhrimenko, 31 ans, qui lui a abandonné son poste au ministère de la Culture. "Ici, ce sont les meilleurs des meilleurs. Nous voulons que notre pays change", assure Artem Tovstenko, 24 ans, ex-employé d'une compagnie de transport.


Entraînés par les Américains

Sélectionnés sur plus de 33.000 candidats, les 2.000 policiers ont été entraînés depuis mars par des policiers américains. La secrétaire d'Etat adjointe Victoria Nuland avait assisté à l'un des entraînements lors de sa visite à Kiev à la mi-mai.

Les Etats-Unis ont déboursé 15 millions de dollars pour cette réforme et d'autres pays comme le Japon, l'Australie ou le Canada y ont également contribué.


La police comme "base" du système étatique

Des unités similaires seront déployées à Odessa (sud), Kharkiv (est) et Lviv (ouest). Cette réforme est supervisée par la vice-ministre de l'Intérieur Eka Zgouladzé, une Géorgienne naturalisée Ukrainienne, convaincue que les policiers sont "la base" du système étatique.

Elle avait été en charge d'une réforme similaire menée avec succès dans la Géorgie du président réformateur prooccidental Mikheïl Saakachvili, lui-même nommé récemment gouverneur de la région ukrainienne d'Odessa.

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