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Venezuela: "La Constituante ne vise pas à anéantir l'adversaire", assure la présidente de l'assemblée

Delcy Rodriguez, l'ancienne cheffe de la diplomatie vénézuélienne, élue vendredi présidente de la Constituante assure que cette assemblée ne va pas "anéantir" l'opposition, dans une interview à l'AFP réalisée le 29 juillet.

Cette avocate de 48 ans, appelée "la tigresse" par le président socialiste Nicolas Maduro pour sa défense passionnée du gouvernement, nie également le fait que le camp présidentiel songe à négocier un départ.

Q: A quoi va servir la Constituante?

R: "C'est la seule issue possible pour résoudre les problèmes entre Vénézuéliens, garantir la paix et vaincre la violence. Face aux balles et à la haine, (nous répondons par) les votes. La nouvelle Constitution sera soumise à un référendum, c'est de là qu'elle tirera sa légitimité".

Q: L'opposition affirme qu'elle conduira à l'instauration d'une dictature communiste. Que répondez-vous?

R: "Une Constituante ne peut pas revenir en arrière sur les droits qui figurent déjà dans notre Constitution. Bien au contraire, c'est pour une extension des droits".

Q: Y aura-t-il une chasse aux sorcières?

R: "Il ne s'agit pas de traquer des personnes, mais la délinquance. Une des propositions que je porterai à la Constituante c'est de transférer l'initiative de l'action pénale du Ministère public vers les victimes.

La droite a remplacé l'action politique par l'action criminelle. A aucun moment, elle n'a condamné les lynchages ou quand quelqu'un a été brûlé vif (...) parce qu'il était chaviste.

La plupart de ces dirigeants (de l'opposition) bénéficient d'une immunité parlementaire, mais ils ont pris ça comme un permis pour commettre des délits".

Q: Le Parlement sera-t-il dissout?

R: "Ce qui est envisagé, c'est la coexistence, il doit y avoir un processus de coexistence. Ce qui ne peut pas arriver c'est que les pouvoirs constitués méconnaissent les décisions de l'Assemblée constituante (...) Déjà en 1999, les deux (assemblées) avaient continuer à travailler dans le même bâtiment".

Q: Que va devenir le parquet?

R: "La justice a une dette avec les promesses d'égalité de la révolution, car elle doit être impartiale, et ne doit pas avoir de rôle politique. Cet équilibre a été rompu et c'est pourquoi nous allons construire un véritable état de droit".

Q: Certains pays ont prévenu qu'ils ne reconnaîtront pas la Constituante, cela lui enlève-t-il une certaine légitimité?

R: "C'est ridicule de voir ce type de prise de position. La position des Etats-Unis, c'est d'être agressif partout dans le monde. Le Venezuela a haussé le ton et c'est pourquoi son modèle est considéré comme une menace".

Q: Le chavisme (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013, dont Nicolas Maduro est l'héritier) est-il affaibli?

R: "Non, le chavisme est une force vive. Sinon, nous n'aurions pas pu résister aux sanctions, aux agressions médiatiques et économiques, ainsi qu'au blocus financier. Nous ne serions pas là. Le président Maduro n'a pas eu un seul jour de répit, mais sans le chavisme, le Venezuela serait dans une autre situation".

Q: Nicolas Maduro a fait état de discussions avec l'opposition, pourquoi n'ont-elles pas continué?

R: "Le principal problème du Venezuela est le manque de leadership unifié du côté de l'opposition pour parvenir à un quelconque accord, elle est profondément divisée.

Mais nous allons persister, le dialogue est la seule voie. La Constituante ne vise pas à anéantir l'adversaire, elle a pour but la reconnaissance (de l'opposition), la coexistence et le dialogue".

Q: Le dialogue servira-t-il à négocier une sortie pour le camp chaviste?

R: "Jamais. Nous n'allons jamais trahir nos projets historiques, jamais nous n'allons rendre les armes. Nous sommes disposés à nous entendre à travers le dialogue. Tout pour la paix, rien pour la guerre. Le chavisme n'affronte pas la droite vénézuélienne, mais les pouvoirs mondiaux, dont cette droite est l'instrument".

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