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Venezuela: les icônes de la protestation divisées sur les élections

Unis, ils ont manifesté contre le président Nicolas Maduro en jouant du violon, en lançant des pierres ou en grimpant nu sur un blindé. A présent, ces cinq Vénézuéliens, icônes des récentes protestations, sont divisés sur le fait de voter dimanche.

- 'Wonder Woman' -

Muscles saillants, casque de moto et lunettes de soleil modèle aviateur: quand Caterina Ciarcelluti lance, le 1er mai, une poignée de pierres vers les militaires, sur la principale autoroute de Caracas, un photographe AFP immortalise cette image. Elle devient virale et rapidement les Vénézuéliens la surnomment "Wonder Woman".

"Je suis partagée, je ressens de la frustration et un vide. Lutter autant et ne pas obtenir ce que nous voulions...Le gouvernement a eu ce qu'il voulait", regrette cette professeure de fitness de 44 ans.

"Mais en voyant ce panorama, je vais aller voter car c'est mon droit", lance-t-elle, assurant qu'elle redescendra dans la rue si nécessaire. "Je serai là pour mon pays, je ne recule devant rien".

- L'homme en flammes -

Devenu une torche humaine, Victor Salazar a couru désespérément après avoir été touché par l'explosion du réservoir d'une moto militaire qu'il avait incendiée, avec d'autres manifestants, le 3 mai à Caracas. Torse nu, il a crié à l'aide avant de se jeter sur le bitume, le corps brûlé à 70%, et subi depuis 42 greffes de peau.

"Son traitement a été très douloureux, très traumatisant, il criait et ne voulait plus vivre. Il cicatrise à présent", raconte à l'AFP sa soeur Carmen Salazar.

Cet étudiant en biologie de 28 ans ne veut pas s'exposer dans les médias, mais sa soeur assure qu'il veut aller voter. "On va voir comment on l'y emmène...Mais je crains qu'il ne puisse pas (voter), car il n'a plus d'empreinte digitale à cause des brulures". "Malgré ses souffrances, il voit les élections comme un nouvel espoir".

- Nu sur un blindé -

Sous une pluie de gaz lacrymogènes, il s'est dévêtu avant de grimper, bible en main, sur un véhicule blindé faisant barrage aux manifestants à Caracas. C'était le 20 avril et par ce geste insolite, Hans Wuerich, journaliste de 27 ans, voulait dire non à "la répression".

Aujourd'hui encore, il ressent de "l'impuissance car le pays est dans la même situation", et il juge les élections de dimanche "absurdes", même s'il n'appelle pas à l'abstention.

"Elles ne font que donner de l'oxygène au gouvernement, tandis que le peuple a faim. On réclamait des élections (présidentielles), pas ça", explique cet ancien électeur de Maduro repenti qui ne se retrouve pas non plus dans l'opposition. Il espère que les manifestations vont reprendre.

- Un violon pour la paix -

Au milieu du chaos, Wuilly Arteaga a pris son violon le 8 mai à Caracas, marchant vers les militaires afin de transmettre en musique un "message de paix".

Le jeune homme de 23 ans se trouve à New York, invité par une ONG de défense des droits de l'homme, et se demande s'il va rentrer dans son pays, car il craint pour sa vie.

S'il était au Venezuela, il n'irai pas voter, c'est certain. Pour tous ceux qui ont fait preuve de "courage" dans la rue, "ce fut un sacré coup" que l'opposition accepte ces élections.

Selon lui, son pays est une "dictature" et ce scrutin permet au gouvernement de faire semblant que "nous sommes dans un pays démocratique, alors que ce n'est pas le cas".

- Seule face aux militaires -

Dressée devant un véhicule blindé de l'armée et portant un drapeau vénézuélien, Maria José Castro, 54 ans, a bloqué pendant de longues minutes l'avancée des militaires, le 19 avril à Caracas.

Son geste courageux rappelle celui d'un manifestant chinois photographié en 1989, défiant une colonne de chars sur la place Tiananmen.

Cette femme d'origine portugaise explique que l'objectif était de "faire chuter le gouvernement", pas d'avoir des élections régionales, mais elle conseille malgré tout de voter.

"Le sang a coulé durant ces mois-là. C'est une autre lutte à présent (...) Il n'y a aucune raison d'offrir au gouvernement les Etats", lance-t-elle.

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