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Venezuela: bras de fer en vue entre le pouvoir et une opposition déchirée

Un nouveau bras de fer s'engage mercredi au Venezuela: les gouverneurs doivent prêter serment devant la toute puissante Assemblée constituante, mais cette cérémonie, imposée par le président Maduro, devrait être boycottée par l'opposition, plus déchirée que jamais après sa défaite électorale dimanche.

La prestation de serment des gouverneurs, initialement prévue mardi à 19h00 GMT, a été reportée à mercredi 15h00 GMT, selon le compte Twitter de l'Assemblée constituante.

Problème: l'opposition, réunie au sein de la Table de l'unité démocratique (MUD), ne reconnaît pas cette Assemblée installée en août et composée uniquement de membres du pouvoir socialiste. Elle avait d'ailleurs annoncé que ses élus ne se soumettraient pas à cette chambre qu'elle considère comme illégitime.

Concrètement, personne ne savait mardi soir ce qu'il adviendra des cinq gouverneurs de l'opposition, sur les 23 au total élus dimanche, si ceux-ci refusent effectivement de prêter serment.

"La stratégie du gouvernement est de renforcer la légitimité nationale et internationale de la Constituante. Mais les leaders de l'opposition risquent de se déconnecter de leur électorat si (leurs gouverneurs) se présentent devant cette instance", a confirmé à l'AFP un analyste, Eugenio Martinez.

Une certitude: l'opposition vénézuélienne est plus déchirée que jamais et les tensions apparaissent au grand au grand jour après le résultat décevant pour la MUD du scrutin de dimanche.

- La MUD perd 3 millions de voix -

Divisée entre ceux qui rejetaient la participation à ces élections des gouverneurs, ceux qui prônaient l'abstention et ceux qui voulaient jouer le jeu électoral, la MUD n'a finalement remporté que cinq sièges de gouverneurs, contre 17 pour le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), au pouvoir, voire 18, le dernier poste étant en attente de validation officielle.

Au niveau national, le chavisme -du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro- a obtenu 54% des suffrages, contre 45% a ses adversaires.

Henry Ramos Allup, l'un des principaux dirigeants de la MUD, a mis en cause l'abstention: "Cela nous a terriblement touchés", a plaidé l'ex-président de l'Assemblée nationale, seule institution dirigée par l'opposition, depuis les législatives de décembre 2015, mais désormais privée de tout pouvoir par la nouvelle Constituante.

Il a ainsi souligné que la MUD avait drainé 4,8 millions de voix dimanche, "3 millions de moins qu'en 2015", quand le pouvoir est resté stable, avec 5,5 millions de voix contre 5,6 millions lors des législatives.

Liborio Guarulla, gouverneur sortant de l'Etat d'Amazonas, a, lui, mis la défaite sur le compte de la direction de la MUD, coupable d'avoir choisi des candidats "servant ses seuls intérêts".

Selon Luis Vicente Leon, analyste politique, le pouvoir du président Maduro s'est imposé car il était uni, face à une opposition "fracturée et démotivée": une telle victoire du régime aurait été impossible "avec une élection transparente et équilibrée", a-t-il cependant insisté auprès de l'AFP.

- 'Qu'ils aillent se faire foutre' -

L'opposition, annoncée victorieuse par les sondages dans 11 à 18 Etats, a dès lundi refusé de reconnaître les résultats du scrutin et écarté tout dialogue sans "une vérification internationale fiable".

Lors d'une conférence de presse mardi, Nicolas Maduro s'est, lui, félicité du "message fort" envoyé par le peuple vénézuélien "à l'impérialisme, à Trump, à ses alliés régionaux et à la droite locale".

Et durant trois heures, démonstration sur une machine électorale à la clé, il a martelé que le scrutin avait été "libre": au Venezuela, "il est impossible de frauder aux élections", a assuré le président Maduro.

Si la Chine, alliée de Caracas, avait salué dès lundi un processus électoral "en douceur", Raul Castro, le N.1 cubain, parlant d'une "leçon de paix et de démocratie", l'Union européenne a demandé mardi à l'autorité électorale vénézuélienne de "prouver que les élections ont été transparentes".

Après les critiques de Washington, selon qui ces élections n'ont été "ni libres ni justes", c'est le gouvernement du Canada qui a subi les foudres de M. Maduro mardi, pour avoir aussi mis en doute l'honnêteté du scrutin.

"Qu'est-ce que j'en ai à foutre que le stupide gouvernement du Canada ne reconnaisse pas les élections ? Ce gouvernement insolent", a déclaré le président vénézuélien lors d'une conférence de presse au palais présidentiel de Miraflores, à Caracas.

"Qu'ils aillent se faire foutre", a-t-il ajouté.

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