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Xi Jinping à Hong Kong pour l'anniversaire de la rétrocession

Le président chinois Xi Jinping est arrivé jeudi à Hong Kong pour le vingtième anniversaire de la rétrocession de la ville divisée, où des militants pro-démocratie ont été arrêtés alors que les autorités cherchent à éviter tout ce qui pourrait ternir cette visite.

Un énorme dispositif de sécurité comptant des milliers de policiers a été déployé pour tenir à bonne distance une frange de la population locale qui dénonce l'influence politique grandissante de Pékin sur les affaires de l'ex-colonie britannique.

L'enjeu pour Pékin est d'éviter tout ce qui pourrait entraver le bon déroulement de cette visite présidentielle à quelques mois d'un congrès du Parti communiste chinois censé conforter le pouvoir de M. Xi.

Une vingtaine de manifestants -parmi lesquels l'étudiant Joshua Wong et le jeune député Nathan Law, deux figures du mouvement pro-démocratie de 2014- demeuraient en garde à vue au lendemain de leur arrestation pour "trouble à l'ordre public", lors d'une action symbolique contre la venue du président.

Cette visite de trois jours est la première de Xi Jinping depuis son arrivée à la présidence en 2013. Elle survient près de trois ans après les manifestations monstre du "Mouvement des parapluies" qui avait paralysé des quartiers entiers de Hong Kong pendant plusieurs semaines.

M. Xi, accompagné de son épouse Peng Liyuan, a été accueilli à l'aéroport Chek Lap Kok par une fanfare, des enfants agitant des drapeaux, le chef de l'exécutif hongkongais Leung Chun-ying et son successeur Carrie Lam qui sera officiellement investie samedi en présence du président chinois.

-'Retrouver sa splendeur'-

"Je foule à nouveau neuf ans après le sol hongkongais", a dit le président lors d'une brève allocution sur le tarmac. "Je suis très heureux. Hong Kong a toujours eu une place dans mon coeur."

Il a ajouté que la Chine soutiendrait le développement de Hong Kong et améliorerait le niveau de vie de ses habitants "comme elle l'a toujours fait".

Mais il a laissé entendre que l'ex-colonie britannique pouvait faire mieux quand il a espéré "sincèrement que Hong Kong puisse retrouver sa splendeur".

Voilà 20 ans que l'Union Jack a été abaissé, sous les yeux du Prince Charles et de l'ex-Premier ministre Tony Blair, sur ce territoire qui était une colonie britannique depuis 1841.

Certains Hongkongais considèrent aujourd'hui que la Chine est en train de renforcer son emprise, reniant le fameux principe "Un pays, deux systèmes" qui avait présidé à la rétrocession. Celui-ci garantit à Hong Kong, en théorie jusque 2047, des libertés inconnues en Chine continentale.

M. Xi a assuré qu'il voulait que ce principe soit "sur un chemin stable et durable".

Puis, le président chinois a assisté à un opéra donné par des enfants et s'est entretenu avec M. Leung, saluant la "fermeté" avec laquelle il dirige Hong Kong face à ses "problèmes accumulés".

Le couple présidentiel et leur entourage occupent deux hôtels proches du Centre de convention, gigantesque édifice posé sur le front de mer de l'île de Hong Kong, où ont lieu certains événements du vingtième anniversaire.

Les rues aux abords de l'édifice sont bouclées et la police, qui dit avoir pris des mesures "de sécurité de contre-terrorisme", a érigé d'imposantes barrières remplies d'eau de manière à éviter qu'elles puissent être déplacées.

-Cette visite, 'un honneur'-

La ville du delta de la rivière des perles jouit sur le papier depuis 20 ans de privilèges uniques par rapport au continent, comme la liberté d'expression, un système judiciaire indépendant ou encore une dose de suffrage universel dans la désignation de son organe législatif.

Mais plusieurs incidents ont renforcé les craintes quant à l'attitude de la Chine, et notamment la "disparition" en 2015 de cinq libraires, connus pour publier des titres salaces sur les dirigeants chinois. Ils avaient ensuite refait surface sur le continent.

Une mouvance radicale favorable à l'autodétermination, voire à l'indépendance, est apparue dans la foulée de l'échec du "Mouvement des parapluies".

Mais si certains comptent profiter de la visite présidentielle pour manifester leur exaspération, d'autres, en revanche, s'en réjouissent.

"Cela devrait être un honneur de recevoir le numéro un chinois dans une petite ville", a déclaré un homme de 38 ans, qui se fait appeler M. Fan.

"Il consacre trois jours à Hong Kong. C'est un luxe", a-t-il poursuivi, en ajoutant que la vie des Hongkongais était aujourd'hui bien meilleure que sous les Britanniques.

Carrie Lam a promis d'oeuvrer à réconcilier la société hongkongaise. Mais avant même son investiture, elle passe pour une frange de la population comme le laquais de Pékin.

Elle a été désignée fin mars, comme ses prédécesseurs, par un comité électoral acquis à Pékin, battant l'ancien ministre des Finances John Tsang qui était pourtant en tête dans les sondages.

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