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Yémen: des ONG s'inquiètent de la situation humanitaire

Le blocus imposé au Yémen par la coalition arabe que dirige l'Arabie saoudite "tue" des civils autant que la guerre qui y fait rage, a déploré jeudi le chef de Médecins sans frontières (MSF), en visite dans le pays.

En empêchant l'arrivée de l'aide aux populations affectées par la guerre au Yémen, le blocus "tue autant que le conflit" armé, a déclaré Joanne Liu, interrogée par l'AFP au téléphone à Sanaa.

Elle tire ainsi la sonnette d'alarme sur la situation humanitaire au Yémen, jugée "catastrophique" par des ONG, plus de quatre mois après le lancement le 26 mars par la coalition arabe d'une campagne aérienne contre les rebelles Houthis soutenus par l'Iran.

Depuis une offensive lancée en juillet 2014 à partir de leur fief de Saada (nord), les rebelles chiites se sont emparés de larges pans de territoire dont la capitale Sanaa.

Après quatre mois d'intenses combats, l'ONU avait demandé que l'Arabie saoudite allège le blocus naval qu'elle impose aux ports yéménites afin de laisser davantage de navires commerciaux ravitailler le pays.

Le Yémen dépend à 90% des importations pour son carburant et sa nourriture et à 100% pour ses les médicaments et les produits pharmaceutiques.

Le porte-parole de la coalition, Ahmed Assisri, a cependant rejeté les accusations de Mme Joanne Liu. Il a affirmé que la coalition appliquait, non "pas un blocus, mais un embargo" en vertu de la résolution 2216 de l'ONU imposant un embargo sur les armes aux rebelles.

"La coalition inspecte les moyens (de transport) maritimes pour s'assurer de leur conformité (avec la 2216) et elle n'impose pas de blocus naval" a-t-il ajouté sur la chaîne Al-Arabiya.

La semaine dernière, un premier bateau humanitaire affrété par l'ONU avait pu accoster au port d'Aden, la grande ville du sud, suivi de cargaisons d'aide dépêchées par des pays de la coalition, dont l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis.

Mais Mme Joanne Liu, qui a visité des régions du nord sous contrôle des rebelles et la région de Taëz dans le sud, théâtre de combats, a estimé qu'il faudrait faire plus pour venir en aide à la population.

"Nous devons mettre en place des moyens pour faire parvenir les approvisionnements d'une manière sûre, et pour que les gens puissent obtenir des médicaments et ne pas mourir", a déclaré Mme Liu, présidente internationale de MSF, basée en Suisse.

"Nous voyons des patients mourir car ils n'ont pas reçu leur traitement" pour des maladies ordinaires, s'est-elle alarmée.

Une trêve de cinq jours, initiée cette semaine par la coalition, s'est rapidement effondrée avec la reprise mardi des raids de la coalition et des combats entre les rebelles et les forces fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite.

Mme Joanne Liu "s'inquiète" pour les souffrances de la population, citant le cas d'une mère qui a marché pendant six heures pour arriver à un centre hospitalier avec son enfant souffrant de malnutrition, décédé quelques heures plus tard.

"C'est ce genre de situation auquel nous assistons fréquemment", a-t-elle regretté.

Elle a d'autre part souligné les conditions de travail difficiles pour ses employés (60 expatriés et 500 locaux) qui, dans certains cas, sont obligés de se terrer dans le sous-sol d'un immeuble "un jour sur deux" en raison des raids aériens. Il y a aussi le danger des snipers, selon elle.

Elle a accusé les rebelles et les forces pro-Hadi de viser de plus en plus les zones résidentielles. Les civils représentent la moitié des quelque 4.000 personnes en quatre mois de guerre.

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