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Fermeture des fitness Akinoa: les abonnés dénoncent une arnaque, les gérants déplorent "une catastrophe"

Les salles de sport Akinoa de Court-Saint-Etienne et Nivelles sont fermées depuis la semaine dernière. Les abonnés crient au scandale. Les gérants se défendent de toute tentative d’escroquerie et essayent de réorienter les membres vers d’autres salles de sport.

Jeudi 9 juillet, Jean (prénom d’emprunt) se rendait à la salle de sport Akinoa de Nivelles quand il a découvert une note manuscrite scotchée sur la porte d’entrée. "Suite à des problèmes de trésorerie et de gestion, nous sommes dans l’obligation de fermer nos salles de Court-Saint-Etienne et Nivelles (...) Nous vous sommes reconnaissables (sic) pour les années de confiance que vous nous avez apportées", indiquait le message. Une fermeture inattendue pour le jeune homme de 31 ans qui est donc rentré chez lui avec le sentiment amer de s’être fait arnaquer.

Car Jean n’a pas profité longtemps des facilités de ce centre de fitness. "J'ai pris un abonnement d'un an il y a deux mois, ma compagne a fait la même chose il y a trois semaines, raconte-t-il, J’ai parrainé ma compagne car il y avait une promotion." Des promotions sur lesquelles, avec le recul, le jeune homme porte un regard suspicieux. "Elles s’enchainent depuis le mois de février et, du jour au lendemain, ils ferment et ne proposent aucun remboursement", constate-t-il. "Est-ce normal que la direction prenne un maximum d'argent au client pour après fermer la salle sans aucune indemnisation?"


"Ils ont tiré un max de fric avant de mettre la clé sous la porte"

La révolte de Jean est partagée par de nombreux autres membres. Ils ont créé un groupe sur Facebook pour "prendre les devants et ne pas se retrouver sans salle de sport." JIMS à Louvain-La-Neuve, Fit for fun à Wavre, No Pain No Gain à Genval, le nouveau Basic Fit de Nivelles... ce ne sont pas les salles qui manquent.

Mais le groupe s'est surtout transformé en espace où s’exprime la rancœur de ceux qui se sentent floués. "Bande de voleurs", lance l’un. "Ils ont tiré un max de fric avant de mettre la clé sous la porte", écrit l’autre. On fustige notamment la brutalité de l’annonce de la fermeture — une maladresse que regrettent vivement les gérants.


Explications houleuses sur Facebook

"La communication a été en dessous de tout", regrette Alain Ptak, coadministrateur d’Akinoa, qui dit s’en prendre "plein les dents" sur le réseau social. Il a tenté depuis de rectifier le tir via un long texte publié sur la page Facebook de la salle. "Notre situation s’est très vite dégradée. Il était impossible de prévoir ceci à l'avance, explique-t-il aux affiliés, Nous avons déjà vécu des situations difficiles par le passé mais nous avions toujours pu trouver des ressources et des solutions, mais dans ce cas nous ne sommes plus à même d’assurer la continuité de nos activités. Nous allons devoir faire face à une faillite plus que vraisemblablement."

Mais Jean n’a pas été convaincu par le texte d’Alain. "Quand il y a une faillite, on la voit venir depuis plusieurs mois. J’ai déjà vécu une fermeture de salle, ça ne s’était pas passé comme ça...", nous raconte le jeune homme qui pratique le fitness depuis 14 ans. La dernière fois, il s’était fait rembourser. Et c’est ce qu’attendent de nombreux anciens membres, certains évoquant même des poursuites judiciaires. Le cas des abonnés les plus récents provoque l’indignation la plus forte, notamment celui d’une femme qui aurait versé 300 euros le lundi 6 juillet — soit 3 jours avant la fermeture — pour un abonnement d’un an.


"L'argent qui est rentré doit payer le personnel, l'électricité, les frais"

Alain, Manager de la salle Akinoa de Nivelles depuis 2005, comprend le mécontentement de ses clients, mais souligne que la fermeture est aussi "une catastrophe" pour lui. Car c’est un projet qui lui tenait à cœur, dans lequel il a investi son argent et son énergie. "C’est dix ans de ma vie que je viens de perdre, déplore-t-il,  Les gens se sentent floués pour 300 euros mais ils ne se rendent pas compte que moi j’en perds 60.000."

"Rembourser toutes les personnes sur ces 10 derniers mois, c'est impossible", déclare Alain. "Tout l'argent qui est rentré doit payer le personnel, l'électricité, les frais".

"Je ne pouvais pas dire à mes instructeurs, ‘maintenant on ne vend plus’. Sinon on ne pouvait plus les payer", précise Patrick Van Damme, son associé. "Les gens pensent qu'on s'est rempli les poches et qu'on est partis aux Baléares", ajoute Alain, encore sonné par ces événements qui l’empêchent de dormir.


Un courrier d’huissier a exigé la fermeture de la salle dans les 24 heures

D’après Patrick Van Damme, la fermeture presque immédiate d’Akinoa leur a été imposée de manière inattendue. "On était en jugement avec le proprio de la cour Saint Etienne, un premier jugement nous a été favorable, raconte-t-il, puis quinze jours après, on a reçu un courrier d’huissier pour nous dire de sortir de l’immeuble dans les 24 heures." Le propriétaire de la salle aurait d’autres pistes pour la location : "Il voulait absolument nous mettre dehors, cela urgeait pour lui". "On n’a pas su prévenir les membres à l’avance, on n’a pas eu le temps de se préparer nous-mêmes", ajoute-t-il.


Akinoa négocie des tarifs préférentiels avec d’autres centres

A défaut de pouvoir rembourser les abonnés, Alain essaye maintenant de les réorienter vers d’autres Club de fitness. "J'essaie de faire les choses le mieux possible, même si on a foiré (...) Je m’en sens l’obligation d’un point de vue moral", explique-t-il. "Je cherche actuellement des solutions pour essayer de valoriser les abonnements, du moins en partie, auprès d'autres clubs dans votre région", écrit-il à ses anciens clients sur Facebook. Des accords de principe ont déjà été trouvés avec plusieurs centres de la région. Plusieurs représentants de club de fitness essayent de récupérer les anciens membres en leur proposant des conditions spéciales : "Le No Pain No Gain Gym de Genval vous offre vos mois perdus à l'achat d'un nouvel abonnement annuel (250€)", peut-on lire sur le groupe Facebook. Pas sûr que cela suffise à apaiser les habitués d’Akinoa...

Pierre Fagniez

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