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Un faux facteur et son complice séquestrent et cambriolent Danielle, 72 ans, à Auderghem: "Il a mis sa main sur ma bouche pour m’empêcher de crier"

Les deux voleurs ont contraint la pensionnée à ouvrir un coffre qui se trouvait au grenier. "La seule chose qu’ils m’ont laissée c’est mon alliance et des petites boucles d’oreilles qu’ils n’ont pas vues", dit-elle. Au total, Danielle estime que ses bijoux volés valaient 150 000€, mais elle n’a pas encore terminé son inventaire.

Jeudi 9 février, à 10h, un facteur se présente à la porte de Danielle, qui vit dans un clos à Auderghem, dans Bruxelles. Il prétexte la livraison d'un recommandé. Dans sa caméra de surveillance, la dame, âgée de 72 ans, voit l’homme dans son costume de facteur et descend lui ouvrir, sans se douter de ce qui l’attend. A peine la porte ouverte, le facteur et l’homme qui l’accompagnait, un complice, entrent sans ménagement dans la maison et jettent la dame à l’intérieur. "Il a mis sa main sur ma bouche pour m’empêcher de crier et m’a dit directement dit ‘si vous ne bougez pas on ne vous fait rien, calmez-vous’. Il m’a mis des Colsons  (colliers d’attache en plastique) autour des chevilles et des poignets, et du scotch sur la bouche", raconte-t-elle.

Les voleurs, d’environ 30-40 ans selon Danielle, sont à visage découvert. Si elle est certaine de ne pas les connaître, ces derniers apparaissent déjà renseignés sur sa situation, puisqu’ils lui demandent si sa fille est absente. Révélant par la même occasion qu’ils sont au courant que leur victime est veuve. 

Emportant leur otage entravée avec eux, les deux hommes fouillent un à un les trois étages de la maison, à la recherche d’argent liquide ou d’objets de valeur. En montant les escaliers, l’homme déguisé en facteur sort un revolver et menace Danielle si elle ne coopère pas. A deux reprises, ils l’intimident avec une hache de cuisine, puis une paire de ciseaux. Passée la menace, le faux facteur la rassure, lui demande si elle va bien et remet ses lunettes en place sur son nez. Il lui demande également comment va son cœur et lui libère les chevilles de ses attaches. Ils n’auront aucun geste violent envers elle, nous affirme Danielle, pour qui le traumatisme psychologique est plus important.


150 000€ de bijoux, 1500€ en liquide

Arrivés dans la chambre à coucher, les voleurs mettent la main sur un portefeuille contenant 400€, ainsi que sur une montre Rolex. Mais le plus gros du butin sera volé quelques instants plus tard, au grenier. "Nous arrivons au troisième, là il y a un grenier, où j’entrepose deux coffres. La porte du grenier était fermée à clé, mais ils m’ont forcée à l’ouvrir. Dans un coffre, ils ont trouvé une enveloppe avec 1000€ à l’intérieur, et tous mes bijoux, ils ont tout pris. Le deuxième coffre était vide, il contenait les fusils de mon mari, dont je m’étais débarrassée à sa mort". Parmi les bijoux, des montres de valeur, mais surtout des objets à valeur sentimentale, qu’elle a pu accumuler tout au long de sa vie. "La seule chose qu’ils m’ont laissée c’est mon alliance et des petites boucles d’oreilles qu’ils n’ont pas vues". Au total, Danielle estime que ses bijoux volés valaient 150 000€, mais elle n’a pas encore terminé son inventaire. Une somme à laquelle il faut ajouter le vol de 1 500€ d'argent liquide.

Au bout d’une heure les voleurs repartent, en prenant soin d’enfermer la propriétaire des lieux dans le séjour. Malgré ses mains liées et son bâillon sur la bouche, Danielle parvient tout de même à appeler la police, qui arrivera sur les lieux quelques minutes plus tard.


"J’ai l’impression qu’on m’a pris ma vie"

Danielle, veuve depuis deux ans, est encore sous le choc de cette agression, mais elle est surtout peinée par le vol des souvenirs qui étaient rattachés à ses bijoux. "Je suis vraiment anéantie, triste et en colère, parce que j’ai travaillé de 18 ans jusqu’à 71 ans, et je me retrouve aujourd’hui sans un bijou auquel je tenais", déplore-t-elle. "Quand on vous vole des bijoux, que vous avez 20 ou 30 ans vous pouvez en racheter, mais à 72 ans, maintenant je suis pensionnée, je ne saurai jamais racheter tout ça. J’ai l’impression qu’on m’a pris ma vie". Aujourd’hui, elle dit avoir perdu ses souvenirs, et le sentiment de sécurité, elle qui habite cette maison depuis 28 ans.

Habituellement, elle fait attention à ne pas porter de bijoux trop voyants, avertie des risques de vols à l’arraché, notamment. Chez elle aussi, elle prend des précautions : "J’ai une alarme, un coffre, des vitres anti-effraction, mais si on vous agresse dans votre maison, vous ne savez rien faire". Pendant son agression, Danielle reste calme, ou du moins fait ce qu’elle peut pour le rester: "J’ai un caractère soupe au lait, mais ma fille m’avait toujours dit ‘maman si on t’agresse, ne te défends pas, donne leur ce qu’ils veulent, ça ne vaut pas la peine’... Et c’est ce que j’ai fait, j’ai mordu sur ma chique. J’avais envie de les insulter de tous les noms, mais je n’ai pas bronché". Quand elle leur dit qu’ils sont en train de faire quelque chose de terrible, un des voleurs lui rétorque qu’il a des enfants à nourrir.


Un mode opératoire inhabituel

La police, rapidement arrivée sur place après que les voleurs ont fui, se dit surprise par le mode opératoire. "On connait le modus operandi des faux policiers mais on n’avait pas encore eu les faux facteurs. C’est assez unique que les personnes se soient présentées armées et déguisées en facteur, probablement qu’ils étaient renseignés que la dame gardait des valeurs à la maison", nous dit le porte-parole de la zone de police qui couvre Auderghem. Définition d’un portrait-robot, analyse des images caméra, venue du laboratoire pour relever les traces, tout est mis en place pour mettre la main sur les voleurs. Une enquête a été ouverte, mais pour le moment les auteurs n’ont pas encore été interceptés.

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