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Face à la tolérance zéro en matière de bruit, des compagnies aériennes menacent de quitter Bruxelles: "C'est du chantage"

La saga du survol de Bruxelles se poursuit: la région bruxelloise a décidé d'appliquer la tolérance zéro depuis minuit (nuit de lundi à ce mardi) pour les avions trop bruyants. Des procès-verbaux seront donc dressés pour les compagnies aériennes concernées... mais il n'y aura pas d'amende durant deux mois.

La Flandre a en effet déposé une procédure en conflit d'intérêt contre cette tolérance zéro, une procédure acceptée par le gouvernement fédéral, ce qui empêche les amendes.

Les compagnies aériennes spécialisées dans le transport de fret risquent des amendes "toute la journée" et pas seulement entre 6 et 7h du matin, a indiqué mercredi Geert Keirens, directeur de Air Cargo Belgium. Six d'entre elles envisagent un départ de Brussels Airport si la tolérance zéro est réellement appliquée par la Région bruxelloise concernant les normes de bruit dans le ciel de la capitale.


Six compagnies cargo menacent de quitter Brussels Airport

Les compagnies cargo risquent davantage d'être épinglées pour les nuisances sonores car leurs vols sont plus bruyants, explique le directeur du lobby des entreprises de fret aérien à Brussels Airport. Six compagnies volent actuellement avec des appareils Boeing 747, appelés Jumbo, qui ne peuvent satisfaire aux normes de bruit. Il s'agit de Kalitta Air, Singapore Airlines, Global Airlift et Asiana. Les compagies Saudia Cargo et Yangtze River Express (Chine) avaient annoncé la semaine dernière vouloir quitter Brussels Airport. "Le risque d'amende est si haut que c'est quasiment impossible pour elles de rester. Elles ont à nouveau deux mois de répit, mais si les amendes sont réclamées, c'est impossible", note M. Keirens. "La situation actuelle est une catastrophe pour les employés et les employeurs du secteur. Nous faisons tous les efforts possibles pour que les politiques trouvent une solution, c'est le seul moyen de garder les activités à l'aéroport". Selon Air Cargo Belgium, 3.500 emplois directs et indirects sont menacés.


"Qu'ils doivent atterrir à Bruxelles ou à Amsterdam, c'est la même chose pour eux"

Le problème des amendes, c'est l'impact qu'elles pourraient avoir sur les compagnies et donc sur l'emploi. Des syndicats, des associations professionnelles et des patrons se mobilisent. Ils estiment que pour certaines compagnies ce ne sera plus rentable de rester à Bruxelles. "Qu'ils doivent atterrir à Bruxelles ou à Schiphol (ndlr: aéroport d'Amsterdam) c'est la même chose pour eux. Parce que tout ce qu'ils apportent est aussi pour le marché belge, mais surtout pour le marché européen, donc peu importe qu'ils atterrissent à Schiphol ou à Bruxelles", explique le secrétaire général de l'association des représentants des compagnies aériennes en Belgique, interrogé par Céline Praile.

Ce sont surtout les compagnies de cargo qui seraient impactées. "Ce sont souvent des appareils plus vieux que les autres, mais qui sont toujours en ligne avec les normes internationales. Ils vont attraper ici des amendes", précise le secrétaire général de l'association.


"Il n'y aura pas de perte d'emploi, c'est du chantage"

Si l'ensemble de l'activité cargo quitte Bruxelles, environ 7.000 emplois directs et indirects sont menacés. Pour Didier Lebe, secrétaire permanent de la CNE en charge de l'aéroportuaire, c'est du vent, du bluff. "Evidemment que non, il n'y aura pas de perte d'emploi, c'est du chantage. Je ne crois pas que les grosses compagnies aériennes vont quitter l'aéroport de Bruxelles s'ils ne peuvent plus survoler la Grande-Place à 3h du matin", affirme-t-il.

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