Grève dans les services publics: le point sur les perturbations

La grève de ce mercredi, lancée à l'appel du syndicat socialiste CGSP contre les mesures du gouvernement (saut d'index, économies dans les services publics, réforme des pensions), concerne l'ensemble des services publics. La CSC, le syndicat chrétien ne s'associe pas au mouvement.

Se déplacer dans le pays avec les transports en commun relève du parcours du combattant. Le mouvement de grève a débuté à la SNCB hier soir à 22h. Ce matin, cinq trains ont tenté de prendre le départ. Sans succès. Ils ont vite été arrêtés ou plutôt empêchés de démarrer, notamment par l'intervention de représentants CGSP qui se sont placés sur les voies, a rapporté Nathalie Pierard, notre journaliste présente à la gare de Charleroi sud.

En Wallonie, la situation sur le réseau des TEC varie fortement d'une province à l'autre. Alors qu'il n'y avait aucun bus à Liège, 59% des services étaient assurés en province de Namur, et 70% en province de Luxembourg.

En région bruxelloise, le réseau de transports en commun bruxellois Stib est fortement perturbé. Malgré tout, une petite dizaine de lignes de bus, tram et métro sont exploitées. Sur ces lignes qui ne sont pas à l'arrêt, au minimum la moitié des véhicules circulent par rapport à un jour normal (voir détails plus bas).

En plus des transport, la grève a aussi un impact sur les administrations communales et régionales. Le courrier n'est pas distribué. Les parc à conteneurs sont fermés. Et puis, les professeurs de l'enseignement officiel affilliés à la CGSP se croiseront les bras.


Situation normalisée pour rejoindre Bruxelles en voiture

Sur les routes bruxelloises, le trafic s'est apaisé et la plupart des embouteillages, plus importants que durant une heure de pointe habituelle selon Bruxelles Mobilité, se sont quelque peu résorbés.


SNCB: 95% des trains sont à l'arrêt - Trains internationaux

Le trafic ferroviaire est extrêmement perturbé ce mercredi en raison de la grève des services publics lancée par le syndicat socialiste CGSP. Cinq pourcent des trains circulent, a indiqué un porte-parole de la SNCB.

À la gare de Charleroi où se trouvait notre journaliste Nathalie Pierard, la salle des pas perdus était inaccessible, le gros volet métallique étant resté fermé, de quoi dissuader les quelques navetteurs qui avaient tout de même tenté de prendre un train ce matin.

Sur le rail, plus aucun train ne circule en Wallonie à l'exception de quelques convois sur la ligne entre Ottignies et Louvain. Les grandes villes ne sont pas accessibles par voie ferroviaire et les quelques trains qui font de la résistance sont surtout de petits trains locaux, concentrés en Flandre, indique Thierry Ney, de la SNCB. Seule exception: les trains qui partent d'Anvers et traversent la frontière vers les Pays-Bas.

Les trains internationaux, comme annoncé mardi soir, sont pour ainsi dire à l'arrêt sur le sol belge: un service réduit d'Eurostar va jusqu'à Lille Europe, sans jamais poursuivre jusqu'à Bruxelles-Midi. Les trains de Londres St Pancras 9114, 9136, 9148 et de Lille Europe 9113, 9141, 9149, 9157 ont été annulés, les passagers étant automatiquement replacés sur un train suivant. Le Thalys est complètement à l'arrêt mercredi.


STIB: certaines lignes ne sont pas à l'arrêt

Parmi les lignes de métro, la 1 (Gare de l'Ouest - Stockel) et la 5 (Erasme - Hermann-Debroux) sont exploitées. Environ la moitié des rames habituellement en circulation sont de sortie. Une poignée de bus et de trams circulent également. Vu la fréquence fortement diminuée, les voyageurs doivent tout de même tenir compte de temps d'attente plus importants que d'habitude. A noter que la situation évolue constamment et que la Stib tient à jour l'annonce des lignes exploitées sur son site internet et via Twitter. A 07h15, les lignes annoncées comme fonctionnelles s'étaient multipliées. Des trams 3, 4, 82 et 92 circulent, ainsi que des bus des lignes 12, 13, 21, 29, 34, 66, 95, 71, 78, 87 et 95.


TEC: grande disparité de suivi de la grève dans les différentes provinces

Namur-Luxembourg
Mercredi matin, 59% des services étaient assurés en province de Namur, et 70% en province de Luxembourg, a indiqué Nora Sli, du TEC Namur-Luxembourg.

Les deux "Maisons du TEC", points de vente principaux situés à Namur et Libramont, sont fermés, et la centrale téléphonique est inaccessible. La grève est donc relativement peu suivie au TEC Namur-Luxembourg.

Brabant Wallon
En Brabant Wallon, 93% des bus sont restés au dépôt, "les autres circulant avec des retards très importants", y indique-t-on vers 07h00. Aucun bus n'est sorti des dépôts de Jodoigne et Chastre, et 7% des véhicules du dépôt de Baulers sont en circulation. Les bus des "loueurs", gérés par des sociétés privées, circulent normalement. Cela concerne 40-45% des lignes, selon le dispatching de Wavre ("les lignes 115, 114, 116, 47, 49, 339, 610, 58, 366, Conforto, Conforto bis, une partie de Rapido 3, ligne E").

Liège-Verviers
Le réseau du TEC Liège-Verviers est quant à lui "actuellement à l'arrêt". "Sous réserve de blocage, seuls les autobus du dépôt de Stembert et des sociétés privées circulent. Toutefois, en région liégeoise, les lignes privées sont limitées à la périphérie", est-il précisé. Le personnel de l'Infotec n'a pu accéder à ses bureaux, et les "Espaces TEC" de Robermont, Jemeppe, Liège (Saint-Lambert et Guillemins) et Verviers sont inaccessibles.

Charleroi
Aucun bus n'est sorti des dépôts Genson, de Nalinnes et d'Anderlues, et seuls dix bus sont sortis du dépôt de Jumet. Au total, selon la porte-parole du TEC Charleroi, treize services ont été assurés sur les 255 prévus. Sur les lignes de métro vers Gilly et Gosselies, un métro fonctionnait de manière très irrégulière. L'aéroport de Charleroi n'a par contre pas été affecté par le mouvement: les navettes de bus ont fonctionné, et tous les services ont été assurés, y compris les services de sécurité, indique le porte-parole régional du syndicat socialiste.

Une vingtaine de piquets de grève ont installés devant les administrations communales, provinciales et régionales, ainsi qu'au siège de l'intercommunale de télédistribution Brutélé à Farciennes, et à l'Agence Wallonne pour l'Intégration des Personnes handicapées (AWIPH). Seules cinq à six maisons communales de la région étaient encore accessibles mercredi matin, mais peu d'agents s'y sont présentés, indique Philippe Barbion, secrétaire permanent du secteur. On n'a signalé aucun incident.

Hainaut
Le TEC Charleroi n'a vu que six bus quitter le dépôt de Jumet. Les autres dépôts, dont le principal dépôt stratégique Genson de Montignies-sur-Sambre, sont à l'arrêt. Il semble toutefois que quelques métros circulaient vers 07h45 sur les lignes M3 et M4. Seules les navettes de bus vers l'aéroport circulent. A Tournai et Mouscron, seuls les bus privés roulent, tandis que dans la région d'Ath, il y a très peu de perturbations. 


Services postaux et écoles touchés

Ce mercredi, le courrier ne devrait pas être distribué. La livraison des journaux devrait également être perturbée. "Mais tout dépendra du suivi du mouvement, centre de tri par centre de tri", a indiqué mardi le porte-parole de bpost. Un piquet de grève est d'ailleurs prévu au centre de tri postal de Bruxelles X.

Les enseignants affiliés au syndicat socialiste ne devraient pas donner cours. Le syndicat chrétien a indiqué mardi que les enseignants membres de la CSC qui souhaitaient se joindre au mouvement seraient couverts, renforçant le risque de voir les cours annulés. Aucun appel au piquet de grève n'a été lancé pour le secteur. Des écoles devraient dès lors se retrouver avec un nombre de professeurs restreint.


Administrations, CPAS, piscines, biblothèques... renseignez-vous

Certaines administrations communales, des CPAS et des parcs à conteneurs pourraient être fermés tout comme certaines piscines, bibliothèques et crèches communales. La collecte des immondices ne sera pas assurée dans plusieurs villes. Les bureaux de la Direction pour l'Immatriculation des Véhicules (DIV) seront fermés à Bruxelles mais ouverts partout ailleurs.

Des piquets de grève, il y en aura par contre à l'entrée des prisons, signale Michel Jacobs, de la CGSP Justice. "Ce seront des piquets filtrants qui auront comme objectif de sensibiliser les collègues affiliés aux autres syndicats." Certains policiers et pompiers seront également en grève.

A BRUXELLES, un piquet est déployé place de la Monnaie pour la culture. A Molenbeek-Saint-Jean, la mobilisation est particulièrement forte avec des piquets à l'administration communale, dans les écoles et les garderies. Des piquets sont aussi en place devant la tour des finances, devant l'hôpital Brugmann à Laeken, devant l'administration communale de Forest et, depuis mardi soir, devant le centre de tri de bpost Bruxelles X. Les cheminots sont pour leur part rassemblés près de la gare du Midi, rue de France.

Au niveau des écoles publiques, le mouvement est relativement bien suivi. A l'ULB (Université libre de Bruxelles), un piquet filtrant est soutenu par l'USE (Union syndicale étudiante) et le BEA (Bureau des étudiants administrateurs) organise une journée de réflexion sur la politique sociale du gouvernement avec des rencontres prévues, notamment avec le mouvement Tout autre chose.

La grève est très bien suivie dans les prisons avec un arrêt total à St-Gilles et Forest et des policiers mobilisés pour remplacer les gardiens. Une délégation de policiers et une de pompiers rejoindront l'action de 10h30 au carrefour Arts-Loi/Ducale. La police mènera une action séparée vendredi.

En province de LIÈGE, la mobilisation est importante. Des piquets sont installés devant bon nombre d'administrations et d'écoles, selon la CGSP. Les hôpitaux fonctionnent en service minimum, le courrier n'est pas distribué, la CILE (compagnie intercommunale liégeoise des eaux) est également perturbée. Un barrage filtrant a été mis en place à hauteur de la maison communale de Chaudfontaine, commune du ministre des Pensions Daniel Bacquelaine, "pour embêter d'abord ceux qui nous embêtent le plus", selon Joël Thone, secrétaire régional intersectoriel de la CGSP Liège.

Toutefois, aucun rassemblement particulier n'est prévu, et l'aéroport de Liège ne semble pas perturbé par les arrêts de travail dans les transports en commun. Par ailleurs, une quinzaine de membres de la FGTB, qui a décidé de marquer son soutien à l'initiative de la CGSP, sont présents depuis 06H00 au pied du site de la centrale nucléaire de Tihange, a constaté l'agence Belga sur place. "Suite à une concertation préalable, les manifestants ont laissé rentrer sur le site les équipes travaillant sur l'unité pour diriger la centrale en toute sécurité, ainsi que les membres de la direction", a indiqué Serge Dauby, le porte-parole du site tihangeois, contacté par l'agence Belga.

A NAMUR, c'est le ministre-président wallon Paul Magnette qui sera sollicité par la CGSP, avec un rassemblement d'environ 200 personnes devant l'Elysette à 11h00. Une délégation sera reçue par le socialiste. "C'est symbolique. L'objectif principal reste la grève", a précisé Joseph Thonon, de la CGSP Namur. Un rassemblement aura également lieu devant l'hôtel de ville de Namur, rue de Fer, avec barrage filtrant.

A CHARLEROI, un piquet de grève est mis en place devant l'Hôtel de ville et devant au moins trois des maisons communales annexes de l'entité, à Marcinelle, Marchienne-au-Pont et Gilly. Selon les nécessités, un piquet de grève se déplacera également devant les hôtels de ville de la périphérie. Un piquet de grève est également installé devant le centre de tri postal de Fleurus. Le seul cortège de la journée aura lieu à Mons où les militants se rassembleront à 10h45 chaussée de Binche pour rejoindre la Grand Place. Le syndicat socialiste dénonce notamment les économies menées dans les services publics par le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux avec, pour conséquences, une hausse de la charge de travail et un manque d'investissements. Il déplore aussi les attaques contre les statuts et pensions des fonctionnaires.

La CSC Services publics a pour sa part indiqué qu'elle ne participerait pas à la grève générale. Elle annonce vouloir donner "toutes ses chances à la concertation sociale", mais prévient qu'elle continuera à exercer un pression importante sur le gouvernement fédéral dans les prochaines semaines. Des exceptions sont toutefois prévues pour les membres qui souhaitent rejoindre le mouvement dans l'enseignement, à la SNCB et chez bpost.