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Les auto-écoles Liman dans la tourmente: "Pas d'arnaque, pas de faillite", se défend la patronne

De nombreux élèves exaspérés par les cours non-donnés, les rendez-vous avortés, les bureaux fermés ou les téléphones muets ont porté plainte contre les auto-écoles Liman. Sa directrice explique qu'à l'origine des problèmes, il y a la confiscation de l'ordinateur central (avec l'ensemble des données des clients) par la justice en septembre. Le serveur a été restitué cette semaine. Le début d'un retour à une situation normale?

Les auto-écoles Liman ou la success-story de Selbi Liman, une ancienne monitrice qui, il y a dix ans, a fondé son propre business à Schaerbeek en région bruxelloise. La réussite a été au rendez-vous. Une deuxième auto-école a vu le jour à Anderlecht. Puis, l'expansion s'est poursuivie au nord, en Flandre: Asse (Brabant flamand), Gand, Anvers. Une ascension remarquable pour cette femme d'affaires, issue de l'immigration turque, qui est même devenue présidente d'un club local de football et a fait l'objet d'un portrait en pleine page d'un journal il y a un an.

Mais aujourd'hui, la directrice et sa SPRL (société à responsabilité limitée) se trouvent en pleine tourmente, affrontant la pire épreuve de leur histoire qui s'est soudainement assombrie.


Cours non donnés, moniteurs absents, bureaux fermés, téléphones muets: des clients en colère décident d'agir

Depuis plusieurs semaines, des dizaines de clients lésés manifestent leur colère. Après s'être fait entendre à plusieurs reprises auprès de l'auto-école, certains ont porté plainte auprès de la police pour escroquerie et se sont rassemblés au sein d'un groupe Facebook. Ils ont aussi contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous. La plupart réclame des cours jamais prodigués ou le remboursement de cautions qui atteignent généralement plusieurs centaines d'euros. Mais ils sont nombreux à déplorer des bureaux fermés et des numéros de téléphone où on ne décroche plus.

Nous avons essayé d'appeler chaque agence il y a une semaine. Effectivement, aucune n'a décroché. Nous sommes finalement parvenus à joindre madame Liman qui nous a fixé un rendez-vous à son siège de l'avenue Rogier, mercredi 4 janvier au soir, pour livrer des explications.


Bureaux fermés? À cause de l'agressivité de certains clients, affirme la directrice

Les bureaux sont étincelants, on ne voit qu'eux au début de cette longue artère bruxelloise populaire. Un volet blanc barre l'entrée. Sur une des grandes vitres, une affiche avec un numéro de téléphone et une inscription: "Les élèves dont les cours ont été annulés peuvent nous contacter". Signé "La Direction"... qui arrive justement au rendez-vous: Selbi Liman accompagnée d'un collaborateur. Avec sa télécommande, elle ouvre le volet. Elle s'installe derrière un bureau. Et confirme: toutes les agences sont actuellement fermées. Elle affirme avoir été contrainte de s'y résoudre à cause de l'agressivité et des menaces de plusieurs élèves échaudés de n'être pas remboursés.

Les auto-écoles Liman occupent sept employés administratifs pour l'accueil. La majorité s'est mise en arrêt maladie (5 sur les 7), à cause, là encore, des venues répétées de clients énervés, déclare Selbi Liman qui ajoute avoir encaissé difficilement le départ de ces secrétaires.

Mais que se passe-t-il donc, pourquoi les cours n'ont-ils plus été donnés, menant à cette situation à haute tension? La directrice nous raconte.


L'ordinateur central confisqué en septembre

Le point de départ est une plainte, non pas d'un élève, mais d'une auto-école concurrente, jalouse du succès des auto-écoles Liman introduite auprès de la justice, prétend la directrice. La plainte a entraîné des perquisitions dans les bureaux de ses auto-écoles dont le point d'orgue sera la confiscation au mois de septembre de l'ordinateur central où reposaient toutes les données concernant chaque élève: montant de la caution déjà payée, nombre d'heures de cours déjà suivis, planning des moniteurs, etc.

Depuis, les auto-écoles sont comme figées. Impossible de vérifier si ce que les clients réclament est exact ou pas, argumente la direction. Dès lors, elle demandait à chacun de ces clients d'apporter la preuve de ce qu'ils avaient déjà payé et des cours qu'ils avaient déjà suivi.


Pénurie de moniteurs?

Dans leurs discussions sur Facebook, les clients rapportent effectivement des "problèmes informatiques" avancés par l'auto-école. Cependant, ils se montrent sceptiques et certains exposent aussi qu'avant ce problème, ils avaient déjà eu la désagréable surprise de se présenter pour des cours et qu'il n'y avait personne, le moniteur étant absent. La direction rétorque qu'avant la confiscation du serveur informatique, un moniteur avait bel et bien été absent une semaine. Et, nous explique-t-on, l'absence d'un moniteur pendant une semaine, ce sont des dizaines d'élèves qui subissent l'annulation de leurs cours. N'y a-t-il pas des moniteurs de remplacement? Ce n'est pas si simple, objectent madame Liman et son collaborateur qui évoquent une pénurie de moniteurs dans notre pays.


L'ordinateur central vient d'être restitué

La direction appelait les clients lésés à la patience. Il fallait attendre la restitution par la justice du fameux serveur. Mais la justice n'avait communiqué aucune date. Nous écrivons à l'imparfait car ce mercredi 11 janvier, madame Liman nous appris que le serveur venait de lui être rendu et que, dès le lendemain, donc ce jeudi, il allait pouvoir être remis en marche permettant aux auto-écoles d'enfin pouvoir reprendre leur activité. Un soulagement pour Selbi Liman qui, lorsque nous l'avons rencontrée, appelait au calme. Si, disait-elle, les auto-écoles continuaient de rester fermées par crainte des clients agressifs, l'activité normale ne pourrait pas reprendre, il n'y aurait pas de nouveaux élèves et la société, qui perd déjà de l'argent, avec des frais mensuels fixes de 50.000 euros détaillait la direction, finirait par tomber en faillite dans quelques mois. Et dans ce cas, concluait Selbi Liman, tout le monde aurait perdu: l'entreprise mais aussi les élèves lésés qui ne récupéreront alors jamais les sommes avancées.


"Il faut nous laisser debout"

"Il y a toujours une solution", insistait Selbi Liman qui regrettait l'ampleur démesurée que prenait cette affaire et les "fausses informations" qui circulaient sur Facebook et qu'elle imputait largement à des concurrents qui selon elle veulent la voir tomber afin de récupérer sa clientèle. Parmi ces "fausses informations", la principale est celle d'une faillite que dément farouchement la directrice. "Je veux que ce soit clair: il n'y pas d'arnaque, pas de vol, pas de faillite. Il faut nous laisser debout. Liman doit rouvrir ses portes le plus tôt possible. Il faut soigner d'abord la société, alors on pourra soigner les élèves", suppliait Selbi Liman répétant à plusieurs reprises qu'il n'y avait "pas de vol, pas d'arnaque et pas de faillite" mais se montrant ferme aussi envers ses concurrents, lorsqu'elle nous a appelés ce mercredi: "Qu'ils arrêtent de mettre de l'huile sur le feu et restent à leur place".

De nombreux élèves, principalement ceux qui se sont regroupés au sein du groupe Facebook, ont cependant atteint le point de non-retour. Ils ne croyaient pas aux explications de la direction et privilégiaient désormais une voie judiciaire. Comme nous l'écrivions plus haut, ils sont plusieurs à avoir déposé une plainte auprès de la police. Une enquête du parquet suivra probablement, permettant de faire la lumière sur les responsabilités de la société Liman dans les ratés de ces derniers mois. Maintenant que le serveur a été remis par la justice, Selbi Liman assure pour sa part que les élèves qui n'ont pas pu bénéficier des cours pour lesquels ils avaient payé pourront suivre ceux-ci.

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