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Nora se sent en insécurité dans le quartier Clémenceau à Anderlecht: "J’ai peur le soir en sortant du métro avec mon petit garçon"

Chaque soir, cette mère de famille appréhende de rentrer chez elle avec son fils qui fêtera bientôt ses trois ans. Selon la police, chiffres à l'appui, il s'agit davantage d'un sentiment plus que d'un réel problème d'insécurité. Le bourgmestre se dit conscient de certaines difficultés et assure tenter d’améliorer la situation.

C’est la première fois que Nora ressent un tel sentiment d’insécurité. Cette jeune femme de 27 ans est née et a grandi à Bruxelles. Depuis près de trois ans, elle habite avec son compagnon dans un quartier de la capitale qu’elle ne connaissait pas. Son domicile se trouve à proximité de la station de métro Clémenceau à Anderlecht. Et, selon elle, la situation tend à se détériorer. "Je passe tous les jours par là avec mon fils. Je n’ai jamais eu de problèmes. On ne m’a jamais manqué de respect. Mais, ce qui me choque, c'est que l’insécurité grandit dans mon quartier. La situation a fortement changé", déplore la jeune femme, qui nous a contactés via notre page Alertez-nous.


C’est une image qui m’a choquée

Employée comme réceptionniste, Nora quitte généralement son lieu de travail en début de soirée. Après avoir récupéré son petit garçon Hamza, elle prend ensuite le métro et sort vers 19h30 à la station Clémenceau. Et c’est surtout cette arrivée tardive qui ne la rassure pas. "J'ai peur qu'en sortant du métro avec mon fils une bagarre éclate et qu'un pavé tombe sur la poussette! J'ai déjà eu le coup, une bouteille avait frôlé la poussette et j'ai eu la peur de ma vie", assure la jeune maman.

Une appréhension qu’elle nourrit suite à deux événements dont elle a été témoin récemment. Des incidents provoqués, selon Nora, par des adolescents au comportement agressif qui traînent régulièrement dans la rue. "Quand je suis passée devant un snack près du métro, j’ai vu une bande de jeunes âgés de 15 à 18 ans qui étaient en train d’insulter deux messieurs. Et deux jours plus tard, une vingtaine de jeunes étaient en train de frapper un monsieur. Je l’ai vu courir avec le nez en sang. Des policiers sont justement passés à cet endroit-là, mais ils n’ont rien fait. Ils ne se sont même pas arrêtés. C’est une image qui m’a choquée", révèle la Bruxelloise, qui ne comprend pas cette inaction des services de police. Nora estime au contraire que les forces de l’ordre devraient effectuer plus de contrôles dans le quartier non seulement pour rassurer la population, mais aussi pour éviter un éventuel sentiment d’impunité chez les jeunes.


La police tempère: "Il n’y a rien de dramatique"

De son côté, la police locale relativise la dangerosité de cette partie d’Anderlecht. "Ce n’est peut-être pas le quartier le plus facile, mais il n’y a rien de dramatique. Je comprends que cette dame ne soit pas à son aise si ces faits se sont déroulés devant ses yeux, mais il s’agit d’un sentiment personnel d’insécurité. Pour nous, la situation ne se détériore pas et les chiffres ne démontrent pas de gros soucis dans ce quartier", assure Marie Verbeke, porte-parole de la zone de police Midi.


Police: le nombre de délits est en baisse

Effectivement, quand on observe les statistiques de criminalité pour la commune d’Anderlecht dans son intégralité, le nombre de délits est en baisse ces trois dernières années. Par exemple, en 2012, la police a enregistré 99 cas d’arrachage de sac à main contre 84 en 2013 et 48 en 2014. A priori, cette diminution semble donc attester la version positive des forces de l’ordre. Il faut toutefois y apporter des nuances. Non seulement, ces chiffres concernent la commune entière et certains délits ne figurent pas dans ces statistiques policières. "Les bagarres ne sont pas toujours signalées. On ne peut donc pas être au courant de tout", souligne la porte-parole de la zone Midi.


Le bourgmestre: "Des bandes locales détruisent l’éclairage public"

Le bourgmestre d’Anderlecht, lui, se montre en tout cas plus alarmiste. Eric Tomas pointe du doigt certains délits identifiés aux alentours de la station Clémenceau. Le socialiste assure que cet endroit est le théâtre de divers trafics, comme la vente de cigarettes volées. "La police est au courant de cette situation et surveille davantage cette zone, près du marché. Les contrôles y sont plus réguliers. Il y a aussi des policiers en civils qui patrouillent aux endroits critiques de la commune et les abords de cette station de métro en fait partie", assure-t-il.

Le bourgmestre révèle également un souci particulier avec de jeunes délinquants. "Il y a un problème d’insécurité depuis de nombreux mois à cause de bandes locales qui détruisent l’éclairage public. Leur objectif est de plonger le quartier dans le noir pour s’adonner à des trafics divers. Nous avons déjà eu des réunions à ce sujet avec Sibelga pour tenter d’améliorer la situation", soutient le bourgmestre, qui précise que certains auteurs ont d’ailleurs déjà été identifiés.

Par ailleurs, Eric Tomas affirme qu’il existe aussi des problèmes de propreté à cet endroit. Pour y remédier, les autorités communales ont augmenté la fréquence du ramassage des sacs et des dépôts clandestins.


Pourquoi pas un dispositif policier plus important ?

Enfin, le socialiste souligne la conception inappropriée de la station de métro. "Il existe un souci au niveau des débouchés sur la voie publique. Les voyageurs sont obligés d’aller vers la chaussée de Mons, où la circulation routière est assez dense. Ce qui génère une insécurité physique car cette situation favorise par exemple les vols de sac et l’intervention des pickpockets", affirme Eric Tomas. Pour tenter d’améliorer la sécurité, des discussions auraient d’ailleurs été menées avec la Stib, la société des transports intercommunaux de Bruxelles. "Nous avons régulièrement des réunions avec la police locale. Et quand on identifie une situation d’insécurité dans un quartier, nous réfléchissons aux changements éventuels pour assurer la protection des voyageurs", confirme Françoise Ledune, porte-parole de la Stib.

Par contre, Eric Tomas estime qu’il est difficile d’instaurer une présence policière plus importante dans le quartier. Et le manque de moyens n’est pas la seule raison invoquée. "D’une part, on ne peut pas mettre des policiers partout. Et d’autre part, on n’hésite à mettre en place un dispositif policier plus important car une présence policière peut aussi être mal perçue par des habitants qui se sentiraient observés et surveillés", craint le bourgmestre.

Nora, elle, hésite aussi à prendre une décision. La jeune femme pense à déménager. "Ce sentiment d’insécurité n’est pas la seule chose qui me motive à changer de quartier. Mais c’est vrai que depuis que j’ai mon fils, mon angoisse est grandissante. Je suis peut-être un peu parano. Mais lorsque l’on a un enfant, on est plus méfiant", estime la mère d’Hamza, qui prévoit déjà d’être plus vigilante quand elle choisira un nouveau lieu de vie.

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