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La bourgmestre de Molenbeek propose d'interdire la vente de protoxyde d'azote aux mineurs: "C'est un phénomène qui prend de l'ampleur en Belgique"

Le produit, principalement utilisé en chirurgie pour ses effets anesthésiants, tourne aussi dans les soirées. Inhalé à partir d'un ballon, il provoque un fou rire pendant quelques secondes ou dizaines de secondes. Mais consommé excessivement, il peut avoir des effets plus néfastes. Raison pour laquelle, la bourgmestre propose l'interdiction de la vente aux mineurs.

Plus connu sous le nom de "gaz hilarant", le protoxyde d’azote est surtout utilisé dans le milieu médical pour réaliser des anesthésies locales en urgence. Mais dans les soirées, les ballons de baudruche remplis de ce gaz servent à bien autre chose. Des cartouches de protoxyde d’azote sont disponibles en vente libre pour environ 2,50€. On transfère le gaz hilarant d'une telle cartouche un ballon. Il ne reste plus qu'à inhaler le gaz en une grande inspiration pour sentir aussitôt les effets euphorisant pendant quelques secondes, une minute tout au plus. Clémentine, 21 ans, en a déjà pris deux ou trois fois en soirée, quand des amis en ramenaient. "La montée est hyper rapide, tu as chaud, ça donne parfois le tournis, mais tu as surtout une envie de rire irrépressible !", décrit-elle.

Avantage notable par rapport aux autres drogues : "Il n'y a aucun effet négatif le lendemain" nous dit Clément (nom d'emprunt), qui en a pris régulièrement pendant une certaine période. "Avant on se faisait des soirées entières consacrées à ça, c'était 200 cartouches par personne, on en achetait 600 pour 150 euros sur internet. On faisait ça toutes les deux semaines", raconte le jeune homme de 23 ans, qui n'en consomme plus aujourd'hui.

En plus des rires, le gaz peut provoquer des hallucinations, des distorsions auditives et visuelles ou encore un "trouble de la perception de soi", peut-on lire sur Psychologies.com. Consommé régulièrement, le gaz peut provoquer une dépendance psychologique, une perte de conscience, des engelures nasales ainsi qu'une hypoxie voire une asphyxie. Dans les cas les plus graves il peut aussi entraîner la mort, par arrêt respiratoire.


Une drogue venue d'Angleterre

Cette utilisation détournée du produit nous vient de la Grande-Bretagne, où les jeunes en consomment depuis plusieurs années. Son usage récréatif s'est ensuite répandu en France à la fin des années nonante, avant de faire son entrée en Belgique. Entre 2006 et 2012, le gaz aurait tué 17 jeunes britanniques, selon des rapports de médecins légistes compilés par des chercheurs de l’Université de Londres St George’s. Selon The Independant, 500 000 jeunes consommaient fréquemment du protoxyde d’azote en Grande-Bretagne en 2014, le plus souvent en festivals. Le quotidien cite également une étude de Global Drugs Survey datée de 2013-2014 et menée sur plus de 18 pays occidentaux, dont la Belgique, et qui place le protoxyde d’azote à la 14ème place dans le classement des drogues les plus consommées.


Interdire la vente de protoxyde d'azote aux mineurs

Pour ces raisons, la députée fédérale et bourgmestre de Molenbeek Françoise Schepmans veut interdire sa vente aux mineurs. Une interdiction déjà en place en Grande-Bretagne par ailleurs. Dans les jours passés, elle a déposé une résolution proposant cette mesure au Parlement fédéral.

C'est suite à deux rapports de policiers et après avoir discuté avec des parents que la bourgmestre est informée, en février, du problème. "On trouve des capsules de protoxyde d'azote aux abords des infrastructures, sur des parcs ou des parkings", nous dit-elle. "Ça n'est pas un phénomène propre à Molenbeek, il y a d'autres communes qui sont touchées, comme Schaerbeek, entre autres. Je pense que c'est un phénomène qui prend de l'ampleur en Belgique, surtout en ville et dans certains quartiers" poursuit-elle.

D'ici à ce que sa disposition parlementaire soit traitée, Françoise Schepmans a demandé aux policiers de confisquer les capsules aux mineurs s'ils les trouvaient en possession du produit. "On ne va pas attendre que le phénomène prenne plus d'ampleur avant de s'activer", dit la bourgmestre.

La commune de Molenbeek possède déjà un "service de prévention contre les assuétudes", 'Le Pont", qui se chargera de sensibiliser les jeunes contre les dangers de cette drogue bon marché, après les vacances de Pâques. C'est sur demande des écoles secondaires ou associations, que le service, intégré à la Cellule de lutte contre l'exclusion sociale, se déplacera pour informer et prévenir des dangers du gaz.


Un impact sur l'environnement

Notons aussi qu’en plus des dangers qu'il présente lorsqu’il est inhalé, le protoxyde d’azote contribue à la destruction de la couche d’ozone et a un impact environnemental 298 fois plus important que celui du CO2, sur une période de 100 ans.

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