Accueil Actu

Quelques journalistes ont pu visiter le nouveau siège de l'Otan: un mastodonte d'acier, de béton et de verre

Un mastodonte futuriste d'acier, de béton et de verre, haut de huit étages et d'une superficie équivalente à 25 terrains de football. Le tout, pour héberger 4.500 personnes à la périphérie de Bruxelles, avec un coût total sous la barre de 1,1 milliard d'euros: le nouveau siège a été remis jeudi après-midi au secrétaire général de l'Alliance atlantique par la Belgique, qui a joué un "rôle primordial" dans sa construction, selon l'expression du Premier ministre Charles Michel.


Opérationnel "après l'été"

Ce bâtiment hautement sécurisé aux formes audacieuses (elles représentent huit doigts croisés) a accueilli ce jeudi les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 (et bientôt 29, avec le Monténégro) pays membres de l'Otan, dont le président américain Donald Trump et le roi Philippe. Il ne sera toutefois pleinement opérationnel qu'"après l'été" en raison de (nouveaux) retards liés aux systèmes informatiques, ont confié des responsables de l'Otan lors d'une visite exclusive organisée lundi pour un petit groupe de journalistes, dont un de l'agence Belga.


Un projet né en 1999

Ce projet pharaonique trouve son origine dans une décision remontant à un sommet atlantique en... 1999 de doter l'Alliance d'un nouveau siège pour remplacer l'actuel, construit en toute hâte en 1967 pour accueillir quinze pays membres. La Belgique avait alors accepté d'accueillir sur son sol l'Alliance, qui venait d'être expulsée de France par le président Charles de Gaulle.

Les installations actuelles sont aujourd'hui saturées et près d'un bureau sur cinq (17%) est installé dans un module provisoire. De plus, l'ancien bâtiment nécessite une maintenance constante et coûteuse, contrairement au nouveau, qualifié de "bâtiment vert" ("green building"). La construction du nouveau siège (en jargon NHQ pour "New Headquarters") de l'autre côté du boulevard Léopold III reliant Bruxelles à son aéroport, a débuté en décembre 2010 avec la cérémonie de pose de la première pierre.


La Belgique aux commandes

C'est la Belgique qui a assuré depuis 2004, par le biais de son "Project Management Team" (PMT, équipe de gestion du projet dépendant du ministère de la Défense et dirigée par le colonel Lieven Vanheste) qui a assuré l'essentiel du pilotage de la construction du nouveau siège, à l'exception de la finition des délégations (ambassades) de quatre pays (les Etats-Unis, le Canada, la France et la Grande-Bretagne).

La construction a pris des années de retard, notamment en raison des mesures de sécurité draconiennes imposées par l'Otan sur les entrepreneurs, les fournisseurs et le personnel du chantier (600 personnes en moyenne, avec des pointes à 1.200) employés de 1.500 firmes.


Quel budget?

Le coût total, avec un plafond initial fixé à 1,2 milliard d'euros, a été contenu, grâce à une adjudication du gros oeuvre à l'association momentanée belgo-néerlandaise BAM Alliance pour 457,6 millions d'euros, un prix d'environ 10% inférieur à celui proposé par les autres soumissionnaires et bien inférieur à l'estimation initiale du coût des travaux, mais ensuite revu à la hausse d'une centaine de millions. Il s'est stabilisé à 1,1 milliard d'euros.


Plus de 15 minutes pour parcourir deux points opposés du bâtiment

Le NHQ a été conçu, à l'issue d'un concours international d'architecture, par un consortium multinational basé à Londres, SOM+Assar-Skidmore, Owings&Merril, Inc, avec un associé belge, Assar. Ses concepteurs ont opté pour un immense bâtiment, construit sur le site de l'ancien aérodrome d'Evere bombardé durant les deux Guerres mondiales (600 engins non explosés ont été découverts durant les travaux, selon le sécrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg) comprenant huit grandes ailes (représentant des doigts entrecroisés) et quatre plus petites ailes, plus hautes au centre qu'aux extrémités.

Au centre du bâtiment se trouve un immense hall, l'Agora, large de 50 mètres et haut de 32, la limite légale en raison de la proximité de l'aéroport de Bruxelles-National, qui est un "lieu de passage obligé" afin de "favoriser les consultations", selon un responsable du projet. Un trajet entre deux points opposés du bâtiment peut ainsi prendre de quinze à vingt minutes. Il compte à son point le plus haut huit étages (mais moins aux extrémités) destinés à accueillir les délégations nationales, l'état-major international et son équivalent militaire et les agences de l'Otan basées en Belgique, soit 4.500 personnes.


Sous haute sécurité

La sécurité est à l'Otan une obsession "même si ce n'est pas le quartier général militaire". La bâtiment est protégé contre les explosions - sans doute un peu moins contre le crash d'un avion décollant de l'aéroport. Plus d'un millier de caméras, contrôlées par "de multiples salles" de contrôle, surveillent le moindre recoin du NHQ et la double clôture extérieure est bardée de senseurs. "Il n'a y pas de bunker souterrain", assure l'Otan, sans confirmer l'existence d'une "safe room" pour abriter les principaux responsables en cas d'incident.

La protection cybernétique est aussi une préoccupation constante pour l'Alliance, victime l'an dernier de centaines de cyberattaques. Quelque 300 personnes travaillent déjà dans les nouvelles installations et le déménagement de 4.200 autres prendra douze semaines lorsque le feu vert sera donné après la résolution des problèmes liés à la sécurité informatique. L'Otan devra ainsi transférer "de l'autre côté de la rue" 42 kilomètres d'archives. L'ancien site sera ensuite restitué à la Belgique, qui n'a encore pris aucune décision sur son affectation.

À la une

Sélectionné pour vous