Accueil Actu

Déchets Fleurus: Best Medical Belgium, une société irradiée de problèmes

La découverte de déchets radioactifs abandonnés dans les locaux de l'entreprise Best Medical Belgium (BMB) à Fleurus a remis la société spécialisée dans la médecine nucléaire sous les projecteurs.

Le groupe américain Best Medical International (BMI) s'est implantée en Belgique au printemps 2011 afin de reprendre les activités de la filiale belge du groupe canadien Nordion, spécialisé dans le domaine de la médecine nucléaire. L'entreprise belge de Nordion rencontrait, à l'époque, de graves problèmes financiers qui ont entraîné la mise en place de la procédure Renault. BMI avait décidé de reprendre le site en y maintenant des activités pourtant jugées non rentables par les syndicats.

Assistance du gouvernement wallon

Avant de reprendre la filiale du groupe canadien, les dirigeants de BMI ont rencontré des représentants du gouvernement wallon qui leur ont apporté une assistance pour établir leur filiale à Fleurus. Lors de la présentation de leur business plan aux édiles wallonnes, les dirigeants de BMI ont garanti le maintien de l'emploi ainsi que l'investissement, sur une période de 5 ans, de 12 à 15 millions d'euros.

L'objectif pour Best Medical Belgium (BMB) était de développer un commerce avec les Etats-Unis. Ce marché aurait dû rapporter à BMB des revenus à hauteur de 10 millions d'euros par an dans un secteur qui génère entre 60 et 80 millions d'euros de chiffre d'affaires, selon le président du groupe.

Augmenter les ventes du strontium 90: "seul moyen de survivre"

Ce projet, soutenu par l'IRE, le gouvernement wallon, les syndicats et le personnel de l'entreprise, ambitionnait également de faire de BMB un centre d'excellence pour la production et la recherche sur les produits radiopharmaceutiques et radiochimiques. Dans ce but, les dirigeants belges de l'entreprise ont rencontré, en 2011, plusieurs hôpitaux et universités pour collaborer dans leurs recherches. Dans une lettre adressée au personnel de BMB à la fin de l'année 2011, le président de BMI annonçait vouloir continuer l'expansion de la vente des produits fabriqués en Belgique, tels que le strontium 90 retrouvé dans les locaux de BMB, et d'en ajouter d'autres, car c'était, écrivait-il, "le seul moyen pour BMB de survivre, d'avoir du succès et de s'étendre".

Crainte des syndicats: tomber en faillite pour échapper aux obligations sociales 

Pourtant, en octobre 2011, la direction de BMB a présenté aux syndicats un plan de restructuration. Celui-ci n'était pas crédible, selon les représentants des travailleurs, car il s'appuyait sur des rentrées financières fantaisistes. Dans le même temps, la direction de l'entreprise a déposé une requête devant le tribunal de commerce de Charleroi pour bénéficier de la loi sur la continuité des entreprises, ce qui a été accepté. Au vu des ces éléments, les syndicats craignaient que le groupe mette tout en oeuvre pour tomber en faillite et, donc en conséquent, échapper à ses obligations sociales et environnementales. Les syndicats se sont aussi interrogés sur la destination de quelque 13 millions d'euros que Nordion aurait versé à BMI au moment du transfert des activités.

2012: les problèmes se multiplient

Au mois de janvier 2012, la direction de BMB a décidé de licencier plusieurs employés. Toujours durant ce premier mois de l'année, le tribunal de commerce de Charleroi a nommé deux mandataires judiciaires et a décidé de placer la filiale belge sous administration provisoire. La direction de BMB a, par la suite, présenté plusieurs plans de relance aux mandataires, mais aucun d'entre eux n'a convaincu, car les sommes avancées par le groupe étaient, semble-t-il, insuffisantes. Les problèmes de l'entreprise se sont multipliés. BMB a dû ensuite faire face, en février 2012, à un rejet de Xénon 133, un produit radioactif utilisé pour les radiographies médicales, en dehors de l'entreprise. Une trop forte exposition à ce Xénon 133 peut provoquer le développement de maladies telles que le cancer, mais l'Agence fédérale de contrôle nucléaire avait alors qualifié ce rejet de faible.

Générique de fin

Face à l'absence de réaction du propriétaire de l'entreprise américaine, le tribunal de commerce a décidé de placer, en mars 2012, BMB sous l'autorité de la justice. Le tribunal a désigné un mandataire judiciaire chargé de recueillir les offres de reprise et de les soumettre au tribunal. Aucun des quatre candidats potentiels pour une reprise partielle ou totale des installations n'a concrétisé son projet de reprise. Selon un syndicaliste, l'ancien propriétaire des lieux aurait emporté les preuves des brevets de BMB, privant les candidats acquéreurs de garanties suffisantes.

La faillite de BMB, devenue inéluctable, a été prononcée le 14 mai dernier. La société, placée sous curatelle, n'a conservé qu'une douzaine de ses 84 emplois. Depuis lors, la société sud-américaine, NTP a manifesté son intérêt pour une éventuelle reprise. Elle pourrait réengager une quinzaine de personnes.

À la une

Sélectionné pour vous