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La Ville d'Ath a transformé une partie de son centre-ville pour créer une "zone de rencontre", un endroit où c'est l'automobiliste qui s'adapte aux piétons et cyclistes, et non l'inverse. Dans cet espace où se trouvent plusieurs écoles, 7 passages pour piétons ont été supprimés. Un danger pour les enfants qui prendront de mauvaises habitudes, estime Nicolas, père de deux jeunes élèves. Le bourgmestre défend, lui, son projet.
Nicolas, 45 ans et père des deux enfants en maternelle et primaire à l'Athénée Royal d'Ath, est inquiet: "La ville d'Ath a supprimé les passages piétons autour de l'Athénée car ils créent une zone de circulation 'douce' où on peut traverser n'importe où car les voitures rouleront à 20", nous a-t-il informés via le bouton orange Alertez-nous. Ce papa estime que le signal envoyé par cette mesure aux enfants est dangereux. "C'est aberrant, lance-t-il, ils ne tiennent pas compte de la pédagogie et de la sécurité au nom de ce projet test. À quand la suppression des trottoirs et des pistes cyclables?"
"Les enfants vont prendre de mauvaises habitudes"
En réalité, le but de cette zone de rencontre, décidée par les autorités communales, est d'ouvrir un espace où "les piétons et les cyclistes sont rois, et les voitures amenées à se déplacer à 20 km/heure maximum", explique Marc Duvivier, le bourgmestre de la ville.
"Ce n'est pas très opportun", juge le père de famille qui craint que cela n'amène de la confusion dans la tête des enfants. "Si on supprime les passages pour piétons devant l'école, les enfants vont prendre de mauvaises habitudes, ils n'auront plus le réflexe de traverser sur passage pour piétons", pense-t-il.
Selon lui, parents d'élèves et direction de l'école ont été mis devant le fait accompli.
Du côté de l'Athénée Royal d'Ath, on n'a pas voulu s'exprimer mais la tendance serait plutôt au scepticisme face à la disparition des passages pour piétons. L'aménagement d'une zone de rencontre n'est pas mise en cause mais bien la sécurité routière.
C'est quoi une zone de rencontre?
"C'est entre le piétonnier et la zone 30", explique Benoit Godart, le porte-parole de l'Institut belge pour la sécurité routière (IBSR). Les piétons peuvent utiliser toute la largeur de la voie publique et les jeux sont autorisés. Les conducteurs ne peuvent quant à eux ni mettre les piétons en danger, ni les gêner. Ils doivent redoubler de prudence en présence d'enfants et, au besoin, s'arrêter. Leur vitesse est limitée à 20 km/heure.
Dans une zone de rencontre, il n'y a pas d'imposition stricte en matière d'aménagement de l'espace routier, seulement des conseils. L'entrée de la zone spécifique doit être indiquée: il ne s'agit pas seulement de limitation de vitesse mais de faire comprendre à l'automobiliste qu'il doit donner la priorité aux piétons. Le plain-pied est préconisé, de même que l'installation de mobilier urbain, d'espaces de jeu et de détente.
Dans cet espace où la voiture devient en quelque sorte usager faible, le passage pour piéton n'a plus lieu d'être.
"Rendre la ville plus agréable"
Le bourgmestre de Ath défend son projet : "C'est une ville très estudiantine, très étendue et toutes les activités de service sont concentrées sur un rayon de 350 mètres", argumente-t-il. "Près de 5.000 élèves fréquentent cette zone, 6.000 navetteurs également… C'est pour ça qu'on voulait cette zone de rencontre", dit-il.
Pas moins de 6 écoles se dressent dans le périmètre. C'est dire l'importance accordée à l'avis des directions. "Dans un 1er temps, ça peut prêter à confusion, reconnait Marc Duvivier, mais les directions d'école ont été rencontrées et c'est leur rôle d'expliquer pourquoi ces modifications interviennent. Le but est de rendre la ville plus agréable."
Des passages suggérés remplacent les passages pour piétons traditionnels
D'après l'élu local, les enfants vont apprendre à apprivoiser ce nouveau territoire, différent de celui qu'on a l'habitude de voir mais, poursuit-il, "ça ne peut pas se faire sans un minimum de pédagogie. C'est pourquoi on a créé des passages suggérés."
Comme les géants symbolisent la ville d'Ath, des grandes traces de pas ont été choisies pour indiquer aux enfants où ils peuvent traverser, même si a priori, ils peuvent utiliser toute la largeur de la rue.
Période d'essai
La zone de rencontre existe depuis la mi-mai et va se prolonger jusqu'à la fin du mois de septembre. À ce moment-là, le test sera évalué avec commerçants et riverains. Des adaptations seront envisagées si nécessaires mais pour l'instant, selon le bourgmestre, "tout le monde est naturellement satisfait". Marc Duvivier entend tout faire pour promouvoir "les modes de déplacement doux". Nicolas qui doute encore de cet aménagement a encore quelques semaines pour s'y faire… ou pour contester lors de la consultation que sera organisée à l'automne prochain.
