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Gregory pense que Jean-Luc est mort de froid après avoir été refoulé d'un centre de nuit à Namur: "On cache quelque chose" (vidéo)

Le Namurois qu'une de nos équipes a rencontré cet après-midi est formel: le soir qui a précédé la nuit du 6 au 7 mars, moment du décès d'un SDF refoulé d'un centre de nuit, il a bel et bien averti la police et les services sociaux namurois. Mais il semble que son attitude bienveillante n'a rien changé puisque le sans domicile fixe est mort de froid. Accusée de manque de réactivité, la ville se défend en affirmant qu'il s'agit d'un autre SDF.

Le vendredi 6 mars, vers 22 heures, Gregory sort d'un restaurant avec ses deux filles. Dans la rue, il rencontre un sans-abri. "Il était allongé avec une simple couverture, toute fine. Il faisait glacial", raconte-t-il à notre journaliste Sébastien Prophète. Gregory appelle alors la police, qui le renvoie vers le dispositif d'urgence sociale de la ville. "Je fais le numéro et là, ils me disent qu'ils sont au courant, mais que cet homme ne rentre plus dans les conditions pour rentrer, poursuit le témoin. On me dit qu'il a dépassé son quota et qu'il ne faisait pas assez froid. La dame, très gentille, s'est engagée à aller voir sur place".


Le lendemain, Gregory apprend la mort d'un SDF: pas de doute, "C'est lui", dit-il

Plus tard, Gregory apprend le décès d'un sans domicile fixe, à Namur. Lorsqu'il voit la photo de cet homme dans le journal, il le reconnait formellement. Gregory affirme que c'est celui qu'il a croisé la veille. L'homme qu'il a voulu secourir, était situé juste à côté de l'abri de nuit. Pour Gregory, c'est inacceptable. "Il y a une responsabilité politique et morale. Un homme est mort parce qu'on lui a refusé des soins, et de le mettre au chaud parce qu'il ne répondait plus à un quota", s'insurge-t-il.


La ville est formelle: il s'agit d'un autre sans-abri

Gregory fait part de sa colère dans une lettre adressée aux autorités communales. La ville réagit: elle confirme l'appel de Gregory aux services sociaux, mais pour, dit-elle, un autre sans-abri, pris en charge cette nuit-là. "Il n'est nullement question, dans ce cas-ci, de la personne décédée à l'hôpital. Il s'agit donc bien de deux personnes différentes et il ne peut dès lors être fait grief à la ville d'une non-réactivité à l'appel téléphonique de ce citoyen", écrit la ville de Namur, dans un communiqué.


Une enquête a été ouverte: Gregory pourrait être entendu

Mais le témoin n'est pas convaincu. "Il y a quelque chose qui n'est pas normal, considère Gregory. Ou bien on cache quelque chose, parce qu'il y a un malaise. Tout ce que je demande, ce sont des explications claires. Je fais confiance à l'enquête ouverte par le procureur du roi pour avoir les vraies réponses".


Des responsabilités peuvent être établies

En effet, la justice a décidé d'ouvrir une instruction pour non-assistance à personne en danger. L'objectif est de savoir si oui ou non, il y a eu des dysfonctionnements dans la prise en charge de ce sans domicile fixe. Ce citoyen pourrait être entendu dans le cadre de cette enquête. "En 2015, dans une société comme la nôtre, le fait qu'un homme meure de froid, (s'il est établi qu'il est bien mort de froid,) il serait anormal que la justice ne s'intéresse pas à cela", a expliqué Vincent Macq, procureur du roi de Namur, au micro de notre journaliste Christophe Clément.


La bourgmestre dit vouloir être prudent

La ville de Namur dit vouloir revoir son système de quotas, instauré, dit-elle, à la demande des travailleurs sociaux. Les services sociaux sont-ils responsables de la mort de cette personne vulnérable? Pour le bourgmestre, également ministre wallon de l'Action sociale, il faut se montrer prudent: "L'hospitalisation de ce SDF a eu lieu à une heure qui était antérieure à l'ouverture des portes de l'abri de nuit. Donc, faire un lien direct entre une application aveugle d'un règlement et le décès, c'est prématuré", a estimé Maxime Prévot (cdH).

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