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Jean-Luc, un sdf qui avait dépassé son quota de nuits, est refusé de l'abri de Namur et décède quelques jours plus tard

Un sans domicile fixe est décédé, voici une semaine, à Namur. Il a voulu passer la nuit dans un abri prévu à cet effet, il restait de la place mais l'homme avait déjà épuisé son quota de nuitées. L'accès lui a été refusé. Des passants ont découvert le malheureux agonisant en rue et il a été emmené à l'hôpital.

Jean-Luc, un sans domicile fixe, s’est présenté dans un abri de nuit de Namur la semaine dernière. Après plusieurs séjours à l’hôpital, le sdf est fortement affaibli. Pourtant, la structure refuse de l’accueillir pour la nuit. Ce soir-là, sur les 34 places disponibles, il n’y a pourtant que huit lits occupés. "S’il fait plus de -5°, on doit comptabiliser les nuits et donc monsieur avait malheureusement dépassé son quota. Donc c’est effectivement une situation qui choque", reconnaît Stéphanie Scailquin, échevine de la Cohésion sociale à Namur, au micro de Benjamin Brone pour RTL TVI.


"Ça fait un coup, j’en ai même pleuré d’ailleurs"

Ce dépassement de quotas a été fatal à ce quinquagénaire décédé quelques jours plus tard à l’hôpital. Alain, qui est lui aussi sans-abri, connaissait bien cette nouvelle victime de la rue, les deux hommes se croisaient d’ailleurs de temps en temps. "Souvent j’allais distribuer du café en ville avec 'le petit café au grand cœur' qui est place de l’ange le mardi et le vendredi matin, je prenais le thermo et on allait distribuer une tasse de café. Ça fait un coup, j’en ai même pleuré d’ailleurs", raconte-t-il.


Des règles plus sévères dès le mois de mars

"Inhumaines", "Scandaleuses", les règles d’accueil de l’abri de nuit sont plus sévères dès le mois de mars. Pourtant les températures sont encore souvent négatives une fois la nuit tombée. "Il va encore faire -4 cette nuit-ci. Donc ceux qui ont dépassé leur quota et qui consomment, peut-être qu’on va encore en retrouver", regrette Alain.


Non-assistance à personne en danger?

Cette situation des quotas est connue, mais elle choque. La plupart des associations sont aujourd’hui scandalisées et parlent de non-assistance à personne en danger. L'échevine souligne cependant que "l'abri de nuit n'est pas juste un dortoir". "C'est une volonté et une spécificité de Namur. Un maillage de travailleurs sociaux et de psychologues accompagne, écoute et aide les sans-abri à retrouver leurs droits", précise-t-elle. Soutenu à l'époque par la Ville et la Région wallonne, ce quota avait pour objectif de pousser les sans-abri à se réinsérer et de ne pas faire de l'abri de nuit un "hôtel social perpétuel", constate Maxime Prévot, bourgmestre de Namur et ex-échevin de la Cohésion sociale. "Il s'agit d'un règlement souhaité par les travailleurs sociaux eux-mêmes et que la Ville a validé parce qu'on a soutenu la demande des services. C'est une particularité namuroise qui a démontré ses limites", poursuit-il.

Pour le ministre wallon de l'Action sociale, la réflexion doit d'abord être menée au niveau de la Ville, avec le CPAS et le Relais social. Maxime Prévot demandera lundi un "topo" des différentes réglementations en Wallonie en la matière. Jusqu'à présent, les dispositions sont prises selon la situation locale.

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