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Comme le PTB, la CNE veut une réduction du temps de travail: "Si on veut retrouver le plein emploi, c'est un minimum"

Diminuer le temps de travail pour lutter contre le chômage. La CNE (Centrale Nationale des Employés, affiliée au syndicat CSC) rejoint le PTB dans sa volonté cette semaine sur Bel RTL. Tout au long du XXe siècle, la durée du travail n'a cessé de baisser. "Il faut reprendre ce chemin-là", estime Tony Demonte, le secrétaire général adjoint.

"Ce n’est pas normal qu’on ait 15 à 20% des gens qui sont sans emploi et que d’un autre côté, on demande à ceux qui ont un emploi de travailler de plus en plus" a déclaré lundi matin Raoul Hedebauw, le porte-parole du PTB, sur Bel RTL, estimant dès lors qu’il fallait abaisser à 30 heures le temps de travail par semaine pour réduire le chômage. La Centrale Nationale des Employés (CNE, affiliée à la CSC) partage le même avis. "Si on veut retrouver le plein emploi, il est clair que diminuer le temps de travail, c’est un minimum", explique Tony Demonte, le secrétaire général adjoint de la CNE qui réagit à la proposition du PTB. "Globalement, on ne doit pas travailler moins longtemps. On doit travailler autant qu’aujourd’hui, mais simplement répartir ce temps sur un plus grand nombre de personnes. Dans la manière dont on est organisé professionnellement aujourd’hui, il n’y a plus assez de travail pour tout le monde. Ça nous parait être du bon sens mais certains pensent que c’est de la folie", dit-il encore.


Le temps de travail a régulièrement diminué au 20e siècle

Depuis 1945, et jusqu’au début des années 80, le temps de travail a progressivement diminué, passant de 48 heures à 38 heures par semaine. Voici un rappel de l'évolution au cours du XXe siècle:

Loi de 1921: 48 h/semaine, 8 h/jour, dans tous les secteurs industriels sans diminution du salaire.
Loi de 1936: une semaine de congés payés et réadaptation des salaires.
Accord patrons et syndicats en 1956: 45 h/semaine.
Loi de 1964: semaine des 45 heures généralisée à tous les secteurs.
Loi de 1976: 40 heures/semaine. Quatre semaines de congés payés pour tous les travailleurs.
Accord interprofessionnel en 1981: 38 h/semaine. La négociation sur le choix du système des 38 heures est autorisée.

"Quel serait aujourd’hui notre taux de chômage si on travaillait encore comme en 1950, dans le même régime de travail et les mêmes tranches d’âge ? Ce serait catastrophique. Si on ne continue pas, comme on l’a fait avant le début des années 80, à diminuer le temps de travail, le chômage va être de plus en plus important. C’est d’une logique absolument implacable. On a arrêté de le faire pendant 30 ans, on voit ce que ça donne en termes de chômage de masse... Donc il faut reprendre ce chemin-là!", réfléchit Tony Demonte.


Qualité de vie: le succès du travail à temps partiel

Outre la diminution du chômage, la CNE pointe d’autres points positifs à la réduction du temps de travail, notamment en termes de qualité de vie: "Regardez déjà comme les gens ont sauté sur les mesures de réduction individuelle du temps de travail : crédits-temps, congés thématiques, etc. Ce sont des formules qui ont un succès toujours croissant."

Le PTB avance un chiffre. Selon le parti, il faudrait à l’avenir diminuer le temps de travail à 30 heures par semaine. Raisonnable, mais peut-être encore trop important selon la CNE. "Si on voulait faire un ratio bête et méchant, entre le nombre d’emplois disponibles et le nombre de travailleurs disponibles, et que tout le monde ait un temps plein, 30 heures, ce serait sans doute déjà trop. Je ne suis pas en train de dire qu’il faut travailler 22 heures par semaines. On pourrait, par exemple, commencer par un palier de 32 heures par semaines en 4 jours... Mais pour le moment, dans la moyenne globale, avec les 4/5, les temps plein, les gens qui n’ont pas d’emploi, on est déjà en-dessous des 30 heures", calcule le secrétaire général adjoint du syndicat.


"C'est devenu un gros mot de parler de réduction de temps de travail"

La Centrale Nationale des Employés estime qu'une baisse du temps de travail constitue aussi la vision de la société qui doit changer. "Il faut accepter d’avoir une vision globale de la société et pas se dire que tout le monde travaille 38 heures par semaine et trouver cela normal qu’1,2 million de personnes soit chômeuses complètes ou travailleuses à temps partiel. Le problème, c’est que, dans le discours ambiant, on nous dit qu’il faut travailler plus pour gagner plus et en faisant croire que ceux qui ne travaillent pas, c’est de leur faute. C’est devenu un gros mot de parler de réduction de temps de travail."

Dans une logique de réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage, Tony Demonte pense que les dernières mesures du gouvernement en termes de prépension et de pension ne vont pas dans le bon sens. "On nous dit que travailler plus longtemps n’a pas d’incidence sur le chômage des gens. C’est tout à fait faux. Si on oblige les personnes âgées à travailler plus longtemps, ça fera du travail en moins pour les jeunes" est convaincu Tony Demonte.

Aujourd’hui, la CNE travaille donc à remettre cette réduction du temps de travail à l’agenda politique. "Et par exemple, le secteur du commerce a remis ça à l’agenda de ses discussions sectorielles. C’est pourtant un secteur en pointe dans ce domaine car, depuis longtemps déjà, le temps plein dans le commerce est de 35 heures par semaine."

Le PTB propose la semaine de 30 heures de travail pour créer de l'emploi. Êtes-vous favorable à une telle proposition?

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