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Mort imminente de Photo Hall: la lettre d'un délégué syndical au ministre-président flamand

Nous avons largement couvert la fin annoncée de la chaîne de magasins Photo Hall (83 boutiques, 350 emplois) filiale en difficulté financière du groupe Spector, la semaine passée. La nouvelle de l'absence d'un repreneur global communiquée par les mandataires du tribunal du commerce de Bruxelles aux délégués syndicaux qui l'ont ensuite relayées aux travailleurs a coïncidé avec une autre nouvelle, celle de la fermeture de l'usine Ford à Genk à l'horizon 2014 qui concerne 10.000 emplois directs et indirects. Vendredi passé, le ministre-président flamand Kris Peeters a rendu visite aux travailleurs de l'usine automobile. Devant les portes de l'usine, M. Peeters avait promis un soutien maximal du gouvernement flamand dans les négociations avec la direction du constructeur automobile. Kurt Leen, le délégué syndical LBC-NCK (syndicat chrétien flamand pour les employés et cadres du secteur privé en Flandre et à Bruxelles) estime que Kris Peeters aurait pu aussi manifester son soutien aux travailleurs de Photo Hall.

La lettre du délégué syndical LBC-NCK Kurt Leen au ministre-président flamand Kris Peeters

"Cher Monsieur Peeters,

Début de semaine Ford a annoncé l’arrêt de ses activités à Genk, touchant 4300 emplois directs. 4 à 5000 personnes seront aussi touchées parmi les sous-traitants.

Je voudrais vous informer que cette semaine aussi, la société Photo Hall SA a annoncé sa faillite pour fin novembre. « Mes » 320 travailleurs perdent ainsi leur travail, et ils n’ont cependant pas reçu d’écho à leur action syndicale de la part du gouvernement. Les emplois d’une firme comme (Ford) Genk ont-ils plus de valeur que ceux de Photo Hall ?

Photo Hall est une firme « belge », qui a payé pendant 79 ans ses impôts en Belgique, qui a pendant toutes ces années assuré de l’emploi, payé la TVA et l’ONSS, et jamais reçu la moindre forme de subside.

Les travailleurs de Photo Hall n’auront pas de « prime de départ minimum de 77 000 euros ». Ils recevront à peine un mois de salaire durement acquis… Oui, UN mois de salaire.

Je lis et j’entends maintenant que les banques et le gouvernement Flamand recherchent ensemble une solution possible pour aider les travailleurs de Ford à rembourser leur crédit hypothécaire. Pouvez-vous me dire ce que moi je dois dire à mes travailleurs quand ils apprennent cela ? Pouvez-vous me dire comment eux ils peuvent prendre soin de leur famille et continuer à payer leur prêt ?

Photo Hall est une société qui existe depuis 79 ans et qui emploie donc aussi de nombreux « anciens ». Ces travailleurs peuvent partir en prépension à 58 ans. Comment dois-je leur dire que chez Ford les travailleurs peuvent partir en prépension à 50 ans ?  Dois-je comprendre que les travailleurs de Ford travaillaient vraiment et « mes » travailleurs non ?  Mes travailleurs ont travaillé toute leur vie chaque samedi donc sans avoir de week-end, et cela pour le barème minimum CP311.

Laissez-moi dire que je suis solidaire des travailleurs de Ford et que ce qui s’est produit est désagréable et scandaleux. Les travailleurs ont droit à tout ce qu’ils demandent jusqu’au dernier centime, et Ford doit payer cher pour cela. Ces gens n’ont pas non plus demandé à être renvoyés et sont seulement victimes d’une multinationale pour qui les gens ne comptent pas, pour qui seuls comptent les profits qu’il peut faire.

En résumé je vous pose donc les questions suivantes :

-    Comment dire à mes travailleurs qu’ils n’ont pas droit à une prime de licenciement ?
-    Que dire à mes travailleurs qui ne peuvent plus rembourser leur crédit hypothécaire ?
-    Comment dire à mes travailleurs qu’ils ne peuvent pas être prépensionnés à 50 ans mais qu’ils doivent travailler jusque 58 ans ?

Le personnel de Photo Hall perdra son emploi fin novembre 2012, et n’a donc pas de sécurité d’emploi jusque fin 2014 (comme chez Ford Genk).

J’espère que vous pourrez me donner une réponse à mes questions car je ne sais pas comment je dois expliquer tout cela.


Très sincèrement,


Kurt Leën
Délégué syndical
LBC-NCK"

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