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"À 18 ans, je me suis prostituée": le témoignage poignant d'une jeune wallonne

Elle nous a écrit via la page Alertez-nous. Elle n'aurait jamais pensé le faire. Il lui aura fallu huit ans pour trouver la force de raconter en quelques lignes l'année de ses 18 ans, une année où, seule et sans argent, elle est tombée dans le piège tendu par un "soi-disant" ami. Elle en sortira un an plus tard, après une tentative de suicide dans le bar à prostituées où elle travaillait, acculée par son "mac".

La semaine passée, RTL info évoquait l'amplification du phénomène de prostitution "alimentaire" dans notre pays. Il s'agit d'une prostitution ponctuelle par laquelle choisissent de passer certaines femmes qui ont des difficultés financières. Le phénomène reste marginal mais il augmente. Avec le risque de basculer définitivement et se retrouver prise au piège. C'est le cas d'une jeune wallonne de 26 ans qui a tenu à témoigner, via notre bouton orange Alertez-nous, chose qu'elle n'avait jamais faite auparavant. "Je n'aurais jamais imaginé un jour parler de cela ainsi", reconnait la jeune femme dont nous tiendrons l'identité confidentielle. Captive pendant un an du milieu de la prostitution, elle s'en est arraché au prix d'une tentative de suicide qui a mené à elle une structure médicale, psychologique et sociale salvatrice, preuve qu'on a besoin d'aide pour s'en sortir.

Le nombre de prostituées en Belgique est difficile à estimer. Il se situe probablement entre 10.000 et 20.000. Il y a de nombreux types de prostitution: dans les bars, les clubs, les salons de massage, sur le trottoir, via petites annonces sur internet ou dans les journaux, via des agences. La prostitution n'est pas illégale dans notre pays. Par contre, le proxénétisme et le racolage le sont. Ceci n'empêche pas une certaine tolérance. Concernant le proxénétisme par exemple, les autorités tolèrent les bars à filles s'ils ne sont pas associés à des situations violentes.


Le témoignage d'une jeune femme de 26 ans: "Un soi-disant ami m'a dit que mes problèmes allaient s'arrêter"

"À l'âge de 18 ans, je me suis prostituée.

Je n'avais plus de cercle familial ni amical.

Étant en apprentissage en coiffure, ma patronne ne me payait jamais les fins de mois. J'avais une aide du CPAS mais l'organisme n'a pas voulu me donner la différence provoquée par l'absence du petit salaire que devait me verser mon employeur.

En quelques mois j'ai tout perdu: mon appartement, la confiance en moi et mon estime personnelle.

Je me suis retrouvée à Saint-Trond où un soi-disant ami m'a dit que mes problèmes allaient s'arrêter. Au contraire, ce soi-disant ami a pris mon argent pendant des mois. Il me payait les choses du quotidien avec l'argent que j'avais gagné la nuit.

En gros il était devenu mon mac.

Un jour je lui ai dit que tout était terminé et que je ne lui donnerais plus mon argent. C'est là que les ennuis ont réellement commencé. Il m'a menacée de me tabasser et encore d'autres choses.

J'avais vraiment peur.

Pour finir, après un an tout pile, il est venu accompagné d'autres hommes pas très fréquentables et il m'a dit que je devais lui payer un an de mon boulot dans la nuit. Donc, une grosse fortune.
Il m'a clairement dit: "Si tu ne payes pas, ta famille y passera".

J'étais vraiment au bout du rouleau. Dans le bar, je me suis enfermée dans une pièce, j'ai pris des médicaments et j'ai bu du détergent pour jacuzzi. Je ne sais toujours pas si je voulais en finir ou si c'était un appel à l'aide mais je me suis retrouvée aux urgences. Après plusieurs jours à l'hôpital, j'ai dû être sevrée de l'alcool et surtout de la cocaïne parce que dans le milieu de la prostitution on vous l'offre tous les jours.

J'ai dû apprendre à supporter les regards sur moi parce que les gens qui passaient dans la rue me reconnaissaient.
J'ai dû être suivie par un psychologue et apprendre à avoir confiance en moi.

Plusieurs années sont passées, j'ai aujourd'hui 26 ans, un boulot, une maison, un compagnon qui, lui aussi, a dû faire un énorme boulot sur lui-même pour vivre avec cela. Maintenant tout est loin derrière moi, j'ai un cercle familial, des amis et j'espère ne jamais revivre une telle année."

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