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"Garde espoir": le message positif d’un groupe de rap montois à l'intention des jeunes au chômage (vidéo)

Laurent, 27 ans, et Charles, 33 ans, ont tous les deux grandi à Saint-Ghislain (Mons). A quelques kilomètres de distance, ils ont développé la même passion pour la musique, et le rap plus particulièrement. Les deux jeune hommes ont uni leur talent pour fonder "Paire d’as", un groupe de rap plein d’ambition dont le premier album sortira d’ici quelques mois.

Laurent nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour attirer notre attention sur la sortie du nouveau clip de son groupe, "Paire d’as", intitulé "Garde espoir". La vidéo (au bas de cet article) illustre les difficultés des jeunes dans leur recherche d’un emploi et livre un message encourageant à travers l’histoire d’un jeune homme qui "ne baisse pas les bras", dit la chanson, malgré les refus successifs des divers responsables des ressources humaines chargés du recrutement.

Le thème est familier aux deux chanteurs de "Paire d’as". Laurent, alias "L’rapace", et Charles, "Moz", nous ont raconté leur parcours, marqué par le même engouement pour le rap, mais aussi par l'expérience du chômage.


Rencontre lors d'un stage musical

Charles a grandi à Tertre , Laurent à Wasmuel, deux localités du Hainaut. Ils ont fréquenté les mêmes écoles et se sont passionnés pour le hip hop, chacun de leur côté, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent l’un contre l’autre (avec leur groupe respectif d’alors) dans la finale d’un concours de musique : "L’envol des cités". Ce projet de la Province de Hainaut leur a proposé un stage musical à Ostende. C’est dans ce cadre que "L’rapace" et "Moz" se sont rencontrés pour la première fois. C’était il y a environ dix ans.


"Ne pas avoir fini l’école était une erreur"

Si Charles est passionné par la musique, il n’a pas eu la même ferveur pour les études. A l’âge de 18 ans, il met un terme à son cursus secrétariat-tourisme, à peine entamé. "Ne pas avoir fini l’école était une erreur de ma part", admet-t-il. "Je souhaitais travailler directement et gagner de l’argent, raconte-t-il. Mais malheureusement les choses n’ont pas fonctionné comme je le souhaitais..." Laurent, de son côté, a suivi une formation de fleuriste dans une école d’apprentissage de Mons, trois ans d’études qui ne lui ont par permis tout de suite de trouver un travail, en dehors de quelques contrats intérim.


De longues années de chômage

"Je suis resté au chômage 6 ans et j’ai été radié", raconte Charles. "Je n’ai pas peur de le dire, poursuit-il. Je n’ai jamais eu de chance au niveau des entretiens d’embauche". En parallèle, Charles a créé un studio semi professionnel où il donne la possibilité aux artistes de venir enregistrer leur chanson. L’un d’eux est aussi agent immobilier. Il lui propose une formation gratuite dans son agence pour exercer le même métier que lui. "Et, c’est ce qui s’est passé", explique Charles, aujourd’hui employé dans cette même agence.

De son côté, Laurent a postulé dans divers endroits et fini par décrocher un CDI dans un magasin de bricolage, après quatre ans de chômage. En parallèle, il s'est lancé dans le domaine de la vidéo (reportage, mariage...) en tant qu’indépendant complémentaire.


La réunion de deux "leaders"

Avec ou sans emploi, "L’rapace" et "Moz" ont continué de rapper. En janvier 2014, ils ont décidé de fonder "Paire d’as". "On était les leaders respectifs de chacun de nos groupes. C’est deux leaders qui se réunissent", explique Charles. Leur ami Alex, alias "Dj Xel", les accompagne aux platines sur scène. Sur internet, ils font la connaissance d’un compositeur français, un certain Nino Brown, qui crée les "instrus", musiques sur lesquelles "L’rapace" et "Moz" rappent.


Un groupe entièrement autoproduit

"On fait tout de A à Z", se félicite Laurent. Sans label ni manager, le trio parvient à se développer avec "des petits concerts par-ci par-là", des collaborations en Belgique et en France, où ils ont d’ailleurs tourné deux clips : l’un à Bordeaux, l’autre à Marseille, pour des featuring avec des rappeurs locaux. Les contacts sont toujours noués sur les réseaux sociaux. Ils ont même organisé un casting pour le clip "Garde espoir" sur leur page Facebook. L’acteur qu’ils ont sélectionné est d’ailleurs devenu "beatmaker" pour le groupe — c’est lui qui créera désormais les musiques. "On est en train de vivre une expérience musicale assez riche. On va partir en Ecosse pour tourner un clip, le genre de choses qu’on n’avait jamais fait avant", s’enthousiasme Laurent.


"Changer son fusil d’épaule pour réussir"

Filmé par Laurent, monté par Charles, le clip de "Garde Espoir" a été publié le 28 février sur le compte YouTube de "Paire d’as". "Garde espoir, crois en tes rêves, qui que tu sois, choisis ta voie et surtout fait les bons choix", le message est résolument positif. "A l’heure actuelle c’est dur de trouver quelqu’un qui vous donne votre chance", explique Charles. Il regrette les CDD qui s’enchainent sans jamais déboucher sur un CDI. "On donne des plans pour aider les jeunes qui sont au chômage mais, à la fin du contrat, un autre prend sa place avec un nouveau plan", déplore-t-il."On a l’impression que les gens baissent vite les bras. Alors qu’il faut changer son fusil d’épaule pour réussir", explique Laurent. "Depuis 1999 je suis dans la musique et je garde espoir. On essaye de faire les choses autrement et on n’a pas abandonné."

Au-delà de ce clip, le groupe prépare actuellement un album. Une quinzaine de morceaux ont été enregistrés et sont actuellement à l’étape du mixage. La pochette est "quasi finie" et l’album devrait sortir "dans les prochains mois", nous a informé "Moz". A noter que "Paire d’as" sera en concert le 16 avril au centre culturel de Dour dans le cadre du festival WolfRock.

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