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"Leo" dépité par la saleté des rues bruxelloises: il vous invite à une séance de ramassage sur le Boulevard du midi

Un jeune étudiant belge a créé un personnage original pour dénoncer la malpropreté des rues de la capitale. "LeoNotHappy" pose à côté des déchets et vous convie à de grandes séances de ramassage.

Françoise nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour attirer notre attention sur l’initiative originale "Leo Not Happy". Ces événements lancés sur Facebook proposent des séances collectives de "ramassage de déchets". Françoise s’est rendue à l’une d’elles, le 22 octobre dernier à Forest. La vingtaine de participants présents ont ramassé 780 Kg de déchets en trois heures. C’était le 3e rendez-vous du genre organisé cette année. Le premier a eu lieu le 23 avril place de la monnaie, où 100 personnes s’étaient rassemblées dans le cadre de la journée propreté, le deuxième le 16 juillet à Laeken (26 personnes). "C’est un acte citoyen", clame Françoise. "A Bruxelles, c’est la cata ! Les gens déversent leurs ordures partout", accuse-t-elle. "Il faut montrer le bon exemple", poursuit cette femme de 63 ans qui lance un appel à tous ceux qui veulent bien se mobiliser pour rendre les rues bruxelloises plus propres. Nous avons contacté l’organisateur de ces événements pour qu’il nous explique son projet.


A l'origine de "Leo", une prise de conscience et la volonté d'agir

Adel, 26 ans, étudiant en master communication digitale, apprend à élaborer des stratégies de communication numériques. En parallèle, il travaille chez "Farm store", un magasin bio qui propose une "alimentation durable, saine et de qualité", peut-on lire sur leur site internet. La création de "Leo Not Happy" est d’abord passée par une prise de conscience écologique : "Je voyais qu’il y avait énormément de problèmes. Je me suis demandé ‘qu’est-ce que je peux faire, moi, en tant qu’individu ?’", raconte-t-il. "Chaque achat a un impact. Acheter un produit à une multinationale, c’est contribuer aux injustices commises par cette multinationale", martèle-t-il. Adel a, dans une premier temps, cherché à consommer différemment, ce qui n’était pas chose facile...


Les produits industriels jonchent le pavé bruxellois

"On est habitué à ce système où tout est rapide et facile d’accès : night shop, snack, fastfood...", remarque Adel. Le jeune homme s’est mis à chercher des alternatives à la grande distribution et aux produits alimentaires industriels. "Cela fait trois ans que je n’ai plus mis les pieds dans un Carrefour ou un Delhaize", se félicite-t-il. Adel fait désormais toutes ses courses dans des magasins bio, citant notamment le marché des tanneurs, dans le quartier des Marolles de Bruxelles. Le rapport entre les produits bio et le ramassage de déchets ? Pour Adel, il est évident. "Quand on analyse les déchets, on ramasse des paquets de chewing-gum, de chips, des soda... Ce que je ramasse ce ne sont pas des trognons de pomme ou des peaux de banane", constate-t-il.


Un clin d'oeil à Leonardo DiCaprio

En mars 2016, Adel décide de lancer une page dédiée à la problématique des déchets, combinant ainsi sa sensibilité écologique à son intérêt pour les réseaux sociaux. Il souhaite dénoncer la saleté des rues bruxelloises de manière ludique : "Je ne voulais pas de commentaires du genre ‘les gens sont vraiment des porcs’ en postant juste des photos de déchets." Alors comment faire passer son message sérieux sur un ton léger ? Adel a "une sorte de déclic" après la victoire de Leonardo DiCaprio aux oscars : il décide de créer un personnage, une petite boîte en carton à l’air dépité, qui porte le prénom de l’acteur, connu pour être un fervent défenseur de la cause écologiste. A côté de déchets repérés dans les rues de la capitale, il installe Leo "pas content", prend une photo et publie les clichés via la page Facebook "Leo Not Happy". "Après j'enlève la boîte", précise-t-il.


Adel veut "conscientiser les gens" à la problématique des déchets

Avec "Leo Not Happy", Adel espère faire évoluer les mentalités et ouvrir les yeux de ses concitoyens. "Les déchets sont devenus invisibles", déplore-t-il. "J’ai dû créer une page Facebook pour conscientiser les gens, via le smartphone, à un problème réel. Je montre à la population ‘ah ben regarde, il y a un déchet à côté de toi’", explique-t-il. Outre les photos de Leo, le jeune homme partage régulièrement des articles ou des vidéos relatifs aux déchets et à l’environnement. Il cite notamment un documentaire intitulé "Trashed", qui retrace l’histoire du déchet, ou encore une étude de la fondation Ellen McArthur, selon laquelle les océans compteront plus de plastique que de poisson en 2050.


"Leo" recrute

Aujourd’hui, Adel n’est plus seul à œuvrer pour Leo Not Happy. Robin et Laura l’ont rejoint au mois de mai. L’un s'occupe de l'aspect stratégique et financier, l’autre sensibilise les jeunes à l’idée de produire le moins de déchet possible. "Leo Not Happy est une initiative citoyenne, pas une association. Nous bossons en gros avec 0€", souligne Adel. Si d’autres personnes veulent rejoindre le projet, elles sont bienvenues, "surtout les créatifs, community manager et passionnés des médias sociaux", précise-t-il.


Une séance de ramassage de déchets sur le Boulevard du midi ce dimanche 4 décembre

Comment redonner le sourire à Leo ? En participant au ramassage, explique Adel. "Pour certaines personnes, ça a l’air rabaissant, mais ça ne l’est pas du tout", jure-t-il. "Le fait de ramasser un déchet qui n’est pas le sien procure une espèce d’euphorie", s’amuse-t-il. Avec le soutien de la Ville de Bruxelles, Leo convie les citoyens, le dimanche 4 décembre,  à une nouvelle séance de ramassage de déchets sur le Boulevard du midi qui, "pour certains, est devenu un dépotoir", écrit-il sur la page de l'événement Facebook. Les participants sont invités à se rassembler à 13h30 à la station de métro Lemonnier. La séance de ramassage est prévue jusqu’à 16h30.

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